Simon Pagenaud a terminé sa saison 2020 en IndyCar Series à la 8e place au classement final. Le pilote du Team Penske a fait le bilan avec nous après la dernière course de St Petersburg.
C'est sur une bonne note dans les rues de St Petersburg que Simon Pagenaud a conclu sa saison 2020 qui fut entachée par la situation sanitaire mondiale. On a fait le point ensemble sur ce qui avait été le plus dur à gérer sur cette année peu habituelle, où le français a inscrit une victoire, 4 Top 5 et 7 Top 10.
Pagenaud : "une bonne base pour 2021"
Quel est votre état d'esprit en mars dernier quand la course inaugurale fut annulée ? Pensez-vous que vous auriez droit à une saison de 14 courses ?
"A cette époque-là de l'année, j'ai de suite eu peur que l'Indy 500 soit annulé, j'avais vraiment peur que la course n'ait pas lieu. Il a fallu faire selon la situation sanitaire, mais nous, les pilotes, on sait s'adapter aux changements.
On ne pouvait rien faire d'autre qu'être patient et attendre. La situation a été très bien gérée de la part de l'IndyCar Series afin de nous permettre d'avoir du spectacle et une saison complète, c'était une saison très rapide, avec un nouveau format pour les weekends, moins d'essais et parfois même tout le meeting condensé sur la même journée."
Quel a été le plus gros handicap sur cette saison raccourcie ?
"Au début de l'année, nous avons eu des restrictions pour l'équipe avec un nombre limité d'ingénieurs. La plus grosse différence pour moi était de ne pas pouvoir avoir du présentiel avec mon ingénieur avec qui je travaille depuis 2009, Ben Bretzman. Je n'ai pas pu aller dans les ateliers de l'écurie également.
On a fait une préparation différente, en dehors des ateliers, la communication a été difficile, et puis moi je fonctionne à l'humain, avec le contact. Donc, ça m'a manqué, le travail n'était pas le même, j'ai perdu ce contact et c'était compliqué de s'adapter à ce manque d'échange. Et ça peut aussi expliquer une partie des performances."
Quel impact a eu le manque d'essais cette saison ?
"Pour moi c'était difficile, car je préfère avoir beaucoup de séance d'essais, j'aime bien me préparer, même très bien me préparer. J'aime qu'on étudie tous les scénarios possibles, et là ça n'a pas été possible. J'aime tester tous les réglages, les affiner et choisir ce qui marche le mieux. Cette année, c'était compliqué de pouvoir travailler correctement, donc au final c'est une addition de choses qui nous ont compliqué la tâche."
Avez-vous identifié ce qui pouvait être amélioré pour 2021 ?
"Oui, complètement, à partir de la course de Gateway, nous nous sommes concentrés sur 2021 et on a pris plus de risques sur certains changements. On a accepté que les résultats soient moins bons à l'arrivée des courses, mais on a travaillé dans l'optique de l'année prochaine.
On a opté pour ce choix-là dans le dernier quart de la saison et pour la finale à St.Pete, j'étais vraiment très content de la voiture (NDLR : qu'il a terminé en 6e position), et sur la seconde course du Grand Prix à Indianapolis, on avait bien progressé également.
Déjà pour l'an prochain, on a une base désormais, nous ne l'avions pas en débutant 2020 (NDLR : à cause de l'intégration de l'Aeroscreen), donc je suis plus confiant à présent."
L'Aeroscreen a-t-il eu une influence sur vos réglages, avez-vous été perturbés dans votre pilotage ?
"Ça a changé beaucoup plus le comportement de la voiture que je ne m'imaginais. C'est vraiment la base de la confiance dans la voiture, et ça fait partie des soucis que j'ai rencontré en 2020, cela a alourdi le train avant, donc on a eu une balance différente.
C'est la priorité du travail que l'on a eu, celui d'adapter ce surpoids à l'avant de la voiture. Ensuite, concernant l'aération du cockpit, c'était effectivement une autre contrainte. Dans les rues de St Petersburg, le surplus de chaleur était un défi.
L'effort musculaire est identique, le cardiaque également, mais la déshydratation était plus importante. C'est beaucoup plus compliqué à gérer dans les circuits en ville. Cette contrainte ne m'a pas coûté en termes de résultats mais c'est un aspect sur lequel on devra travailler pour le futur, surtout lorsqu'il fera 40°C en extérieur."
On ouvre le chapitre Indy 500. Avez-vous compris pourquoi ça n'avait pas marché cette saison ?
"La position de départ était déjà problématique, pour les 4 voitures de l'équipe Team Penske d'ailleurs, cela a été compliqué de bien nous préparer, il faudra corriger ça pour 2021. Il faudra retrouver les avant-postes, cela ne nous a pas aidé. Avec l'Aeroscreen, on a vu que ce n'était pas évident pour doubler.
Dans les années précédentes, on pouvait partir de loin et remonter, mais cette année, ce n'était pas le cas, donc la position sur la grille est primordiale. On avait un niveau de performance convenable en course, mais c'était trop tard à cause de notre position de départ."
A la régulière, à quel tour saviez-vous que ce n'était plus possible de remporter l'Indy 500 ?
"Nous étions remontés dans le Top 10 aux alentours du 130e tour. Ensuite au restart, on se touche avec Hunter-Reay, avant cela j'avais encore l'espoir que c'était possible tout en sachant que Dixon et Sato étaient très à l'aise. C'est Indianapolis, tout peut arriver, nous avions une bonne stratégie, l'usure des pneus était bien, on pouvait jouer la victoire. Mais dès que j'ai cassé l'aileron avant, je savais que c'était fini (NDLR : Simon Pagenaud a terminé l'Indy 500 en 22e place)."
Vous l'avez souvent évoqué mais vous gardez comme objectif l'Indy 500, plus que le championnat ?
"Oui, c'est vrai que ce n'est pas évident de se concentrer sur plusieurs objectifs, très honnêtement. Donc, mon objectif premier c'est vraiment l'Indy 500 et ensuite on avise pour le championnat. Sur une saison complète, on a le temps de pouvoir se reconcentrer sur un autre objectif, mais pour moi le plus important ça reste les 500 Miles d'Indianapolis, c'est comme les 24 Heures du Mans, c'est un grand défi, c'est la course qu'il faut gagner."
Est-il possible, selon vous, de remporter l'Indy 500 si on ne fait qu'une saison partielle, uniquement sur ovales ?
"Je pense que ça reste quand même compliqué, parce que vous évoluez au sein d'une équipe avec les mécaniciens, votre ingénieur de piste, il y a beaucoup de personnes autour de vous. Il y a beaucoup à préparer pour cette course, il faut affiner les stratégies et à mon avis, même avec le plus grand des talents, cette course est si particulière qu'il faut que tout soit réuni pour réussir le Jour J.
Et une course à préparer comme celle-ci, sans rien d'autre dans la saison, ça reste aléatoire. Maintenant, si vous avez l'expérience d'une saison complète, on peut être plus serein quand on arrive à l'Indy 500."
Quel circuit vous a le plus manqué sur cette saison 2020 ?
"Long Beach, j'adore ce circuit, c'est un tracé en ville, en général c'est ceux que j'aime. Toronto, aussi, ce sont des circuits que j'apprécie et qui me conviennent bien habituellement. Ce sont les circuits urbains qui m'ont vraiment manqué cette année."
En Endurance, les règlementations évoluent, de bon augure pour revenir au Mans ?
"Ce n'est pas un mystère que je veux revenir aux 24 Heures du Mans, je n'ai jamais gardé le secret, j'ai vraiment envie de gagner cette course. Ce n'est pas prétentieux de le dire, mais je veux revenir dans les meilleures conditions possibles pour me battre pour la victoire, c'est un rêve. Enfant, c'est l'une des premières courses que j'ai vues, j'ai eu la chance de la disputer pour Peugeot, donc j'espère que j'aurai à nouveau cette opportunité un jour."
Vous pilotez pour le Team Penske, l'envie existe d'aller au Mans pour cette équipe, ça fait partie de vos plan ?
"Oui, il y a une volonté évidente pour Roger Penske d'y participer, c'est un grand passionné, il y a même couru aux 24 Heures du Mans. Il souhaite y revenir, et moi de mon côté, si toutes les planètes sont alignées, alors pourquoi pas, mais je ne peux pas lire dans le futur. Mais en effet, ce serait magique, il faut rester l'esprit ouvert pour voir quelle sera la meilleure option, nous verrons bien de quoi demain sera fait."