À quelques jours des qualifications pour les 500 Miles d'Indianapolis 2020, Simon Pagenaud s'est prêté au jeu des questions pour les médias francophones. L'occasion pour lui de rappeler ses ambitions concernant l'édition 2020.
"Je n’ai jamais été aussi bien physiquement de toute ma carrière. [...] Il n’y a pas d’autre objectif que de retenter de gagner, c’est certain." Simon Pagenaud est sur-motivé, et il n'hésite pas à le clamer haut et fort. Le natif de Montmorillon se présentera le dimanche 23 août prochain sur l'Indianapolis Motor Speedway pour tenter de remporter une deuxième victoire aux 500 Miles d'Indianapolis. Malgré un calendrier 2020 écourté et des tribunes vides, la course promet, puisqu'elle accueillera sur son circuit 33 pilotes chauffés à bloc, avec parmi eux huit anciens vainqueurs de la mythique course, et un double champion du monde de Formule 1, Fernando Alonso.
Le Team Penske en force
Si les premiers essais viennent à peine de commencer, Pagenaud l'assure : lui et son équipe sont prêts à en découdre : "On a l’équipement, on a le team, j’ai des coéquipiers très expérimentés qui seront assurément de grands adversaires." Le Team Penske aligne en effet cette année quatre grands pilotes : Simon Pagenaud bien entendu, mais également Josef Newgarden (double champion d'IndyCar 2017 et 2019), Will Power (champion IndyCar 2014 et vainqueur de l'édition 2018 de l'Indy 500) et un certain Hélio Castroneves, triple vainqueur sur le Brickyard.
Un plateau qui entretien l'esprit de la gagne, selon Pagenaud : "On a accès par ordinateur à toutes les notes que l’on prend pendant les essais : le vent, les chronomètres, le nombre de tours sur les pneumatiques, le comportement de la voiture etc. On est vraiment à livre ouvert, et c’est ensuite à nous de faire nos choix selon ce qui a été essayé. Dans tous les cas, on s'assure que tout le monde connaît les réglages des uns et des autres afin de s’en servir si besoin."
Une édition 2020 inédite
L'année 2020 rime avec Covid-19, et l'Indy 500 n'échappera pas à la dure réalité du virus : cette année, la course se fera sans spectateurs. Un détail qui ne passera pas inaperçu devant les caméras, et encore moins aux yeux de Pagenaud, qui apprécie la ferveur du public américain : "Cela va être une ambiance complètement différente, l’énergie dans le circuit sera vraiment faible, ça c’est clair. On va avoir l’impression d’être à une séance d’essai hivernale, alors que c’est la plus grande course du monde. [...] C’est malheureux, mais c’est comme ça. Ce sont des précautions pour la santé des gens. Il faut bien vivre avec et rester positif. L’avantage c’est que l’on va pouvoir faire notre sport malgré tout, tout en donnant du plaisir aux gens en faisant de la compétition."
Un virus qui n'aura cependant pas enrayé la préparation du Team Penske, comme l'assure son champion : "La voiture est en préparation depuis la fin de l’année dernière. On est très content du montage et des alignements des carrosseries, des contrôles que l’on a fait sur les ailerons. [...] Penske est un team qui connaît l’art de la vitesse : comprendre comment faire aller une voiture vite, avec le moins de frictions possibles." Pas d'inquiétude donc pour Pagenaud, qui n'hésite pas à afficher sa satisfaction : "Nous sommes très bien préparés, et l’examen ne nous fait pas peur."
Confiance et sérénité
Quoi qu'il en soit, le pilote français l'assume : l'Indy 500, c'est son objectif, il est là pour la gagner : "Personnellement, je suis prêt. Physiquement, je suis au top. Mentalement, cette course est ma priorité numéro une. [...] J'ai un poids en moins, c’est certain. Quand on arrive aux 500 Miles d’Indianapolis, il y a toujours cette question dans une carrière de pilote : « est-ce que je la gagnerai un jour ? ».
C’est un sentiment désagréable, qui met beaucoup de pression sur soi-même. Et les 500 Miles, c’est un peu comme les 24 Heures du Mans : c’est une fois par an. Il n’y qu’une petite chance d’y participer et de gagner. [...] Donc ça, c’est fait. Il faut maintenant se concentrer sur l’essentiel, qui est de performer au maximum, et de tout donner pour gagner encore une fois."
Sa victoire l'an dernier, la première d'un tricolore depuis Gaston Chevrolet en 1920, l'a propulsé sur une autre planète : "C’est très différent, et je le constate aujourd'hui. Je suis obligé d’optimiser mon temps, de façon à pouvoir aussi me concentrer sur la compétition. Je suis dans une très bonne dynamique : j’ai hâte d’y être, j'ai hâte de pouvoir m’amuser au volant de ma voiture, car j’apprécie énormément le circuit. Je suis convaincu que quand on s’amuse, on fait bien. Je suis donc serein et prêt à l’attaque."
Et quoi de mieux que d'affirmer sa confiance lorsque l'on doit faire face à des adversaires chevronnés ? Quand on lui parle de Fernando Alonso, Pagenaud balaye gentiment tout sentiment d'intimidation : "Je suis heureux qu’il vienne, qu’il retente l’aventure. C’est un grand nom du sport automobile, un grand champion. Mais personnellement, je suis concentré sur ma propre performance. J’espère qu’il sera aux avant-postes et que je pourrai me battre avec lui.", avant d'ajouter, avec une touche d'humour (ou pas) : "J’espère qu’ils (ndlr : les pilotes) me craignent. J’ai gagné l’année dernière, j’ai gagné un championnat. Je pense qu’à Iowa, en partant dernier et en gagnant la course, on a vraiment marqué le coup. La voiture jaune marque bien les esprits. On y va certes avec de grandes prétentions, une grande confiance, mais on ne sait pas de quoi demain est fait. Il y a encore beaucoup de travail à faire cette semaine, il va falloir être très concentré sur chaque décision."
Simon Pagenaud sera donc au rendez-vous, du 11 au 23 août, pour tenter de décrocher une deuxième étoile. Avec un autre "coup du dragon" ? Peut-être : "Il va falloir sortir quelque chose d’autre, mais si besoin, la méthode a déjà fonctionné. D'autres pilotes le feront, et il faudra un autre coup de poker à la fin. [...] Je suis plutôt dans de bonnes conditions, il va falloir évidemment voir ce que donne la voiture aux premiers essais, mais j’ai hâte d’y être." Et nous donc.