Commentateur du MotoGP sur Canal+ entre 2019 et 2021, le journaliste David Dumain revient sur la saison 2022 des pilotes français Fabio Quartararo et Johann Zarco.
Fabio Quartararo
Fabio Quartararo, qui se battait pour conserver son titre de Champion du Monde MotoGP, a été battu par Francesco Bagnaia. Le pilote Yamaha semblait être le seul à dompter une M1 qui avait quelques défauts, notamment du côté de la vitesse de pointe.
« Le moteur n’a pas évolué durant l’intersaison l’an passé. On a su que les ingénieurs Yamaha avaient préparé un moteur pour Fabio Quartararo avec plus de puissance sur le papier. Après, sur la piste, une fois le moteur monté, la puissance n’était pas manifeste. Or, pour gagner plus de puissance, le moteur a été élargi et remonté dans le cadre, ce qui engendrait une différence de comportement que Fabio Quartararo n’a pas voulu risquer. Il n’a pas voulu prendre l’option du moteur plus puissant.
Pour moi, ça a été une clé de cet échec à reconduire son titre de Champion du Monde. Je pense qu’il aurait dû tenter le coup avec ce moteur. La première partie de saison aurait été plus difficile mais la seconde partie aurait peut-être permis de donner sa chance au produit qu’avait imaginé et conçu Yamaha », indique-t-il à France Racing.
Malgré tout, le pilote français s’est imposé à trois reprises et est monté sur le podium huit fois.
« Fabio Quartararo s’est montré très solide, très mature au cours de cette saison. Il a fait des erreurs, comme a pu en faire Francesco Bagnaia. Il a fait le travail cette saison mais c’est l’hiver dernier qui lui a coûté cher », ajoute David Dumain.
Fabio Quartararo, seul au monde chez Yamaha ?
Le pilote français a été le meilleur pilote du constructeur, battant son coéquipier Franco Morbidelli ainsi que les pilotes de l’équipe RNF, qui a choisi de quitter Yamaha à la fin de la saison 2022.
« C’est plus un souci de management. Yamaha par exemple a validé le choix de RNF de prendre Darryn Binder venu directement du Moto3, comme si la marque pouvait prendre le temps de le former, alors qu’on savait que Franco Morbidelli ne serait pas d’un grand soutien pour aider son coéquipier à reconduire son titre mondial. Morbidelli joue perso, on le sait, mais il était étrangement absent cette saison. Dovizioso aurait pu aider au développement, mais il n’a pas réussi à se remettre dans le coup. Seul Crutchlow, lui aussi sorti de sa retraite pour faire des piges, a donné l’impression de pouvoir l’aider en fin de saison.
Fabio Quartararo était donc seul, sans aiguillon, et sans la perspective d’un programme de développement très poussé. Et on sait que parfois, Fabio Quartararo peut vite s’agacer quand il rencontre des problèmes de développement. Heureusement, il arrive à puiser dans ses ressources pour montrer une vraie détermination et une vraie endurance », déclare David Dumain.
Johann Zarco
Johann Zarco a connu une saison solide, avec quatre podiums. Le pilote de l’équipe Pramac Ducati court toujours après sa première victoire dans la catégorie reine.
« Johann Zarco semble avoir un léger manque de confiance en lui qui suffit à lui faire manquer ses départs, et l’empêche d’apporter la dernière pierre à son édifice. Ce qu’il fait, c’est formidable, il ne faut pas l’oublier, au plus haut niveau du sport moto. Il affronte des pilotes incroyables mais le fait qu’il n’ait pas encore gagné en MotoGP, quand on est soumis à une telle pression à ce niveau-là, ça peut devenir bloquant.
Je pense qu’il cherche la solution, il cherche à saisir sa chance. Celle qui peut se présenter à divers moment de la carrière d’un pilote, comme pour Aleix Espargaró cette année, ou pour Ben Spies il y a quelques années. Certains pilotes qui n’ont gagné qu’une victoire ont su saisir leur chance. Johann Zarco a bien failli gagner très vite, au tout début de sa carrière MotoGP. Plusieurs fois, dans sa première saison, il a eu des opportunités, mais c’est à croire que le plateau se relaie pour l’empêcher de gagner.
Il y a toujours quelqu’un qui se met en travers de ses roues. Comme à Valencia, quand il s’est fait souffler la victoire par Dani Pedrosa, qui n’était pas dans une bonne phase mais qui a retrouvé des ailes juste le temps de piquer la première place à Johann. De manière plus prosaïque, c’est un manque de chance selon moi. Quant aux blocages psychologiques, je pense qu’il n’y en a quasiment pas quand on roule à ce niveau », souligne-t-il.