Davide Brivio, qui a été chez Yamaha et Suzuki en MotoGP avant de rejoindre Alpine en F1, explique les différentes mentalités dans la catégorie reine et les différences entre les constructeurs japonais et européens.
La saison 2022 a été la saison des constructeurs européens, avec les cinq titres (pilotes, équipes, constructeurs, rookie et pilote indépendant) acquis par Ducati en MotoGP. Aprilia a réussi à remporter sa première victoire dans la catégorie reine, là où Honda n'a pas remporté le moindre succès et où Yamaha n'a pu compter que sur Fabio Quartararo. De son côté, Suzuki a décidé de tirer le rideau et de quitter le MotoGP.
Selon Davide Brivio, les constructeurs japonais n'ont pas évolué dans leur mentalité, alors que les constructeurs européens ont amené plus d'agressivité.
"Le problème avec les constructeurs japonais, c'est qu'ils n'ont pas bien compris que ce MotoGP n'a rien à voir avec celui d'il y a vingt ans. Tant que les Grands Prix étaient une affaire entre eux, c'est-à-dire entre les entreprises japonaises, le développement des motos se faisait selon les règles des entreprises japonaises", déclare-t-il à Slick Magazine. "Je parlerais donc des constructeurs européens, pas seulement italiens : ils ont toujours été très agressifs, mais certaines années, ils ont aussi foutu le bordel à mon avis, dans le sens où parfois il y avait trop d'innovations qui n'étaient pas essayées de manière adéquate."
Le pilote n'a plus la même importance en MotoGP
Selon Davide Brivio, "les Japonais ont toujours eu une approche conservatrice", tandis que "les constructeurs européens ont un lien direct et constant entre la piste et l'usine".
Cependant, l'ancien manager de Yamaha et Suzuki explique que le pilote n'a plus le même rôle qu'auparavant en MotoGP, dont le ressenti avait son importance.
"Le pilote a son importance, car c'est lui qui pilote, mais son jugement, sa sensation, doivent être étayés par des données scientifiques plus précises", indique-t-il. "Le MotoGP est désormais un environnement beaucoup plus technologique, et de nouvelles technologies doivent être utilisées. Parce que les pilotes disent toujours les mêmes choses : il y a peu d'adhérence, il n'y a pas d'accélération, il y a peu de sensations dans les virages... Mais il faut comprendre pourquoi, et cela s'explique aujourd'hui par l'analyse la plus sérieuse et la plus sophistiquée des données. Le MotoGP moderne exige que cela soit fait, et les constructeurs européens le font désormais."
Suzuki, la plus Européenne des équipes MotoGP
Suzuki, qui a choisi de quitter le MotoGP à la fin de la saison 2022, s'est inspiré des constructeurs européens dans son mode de fonctionnement, en instaurant par exemple une équipe performance, dédiée à l'analyse des données afin de soutenir l'équipe officielle durant un week-end de course.
"Chez Suzuki, nous l'avons déjà créé en 2016, lors de notre deuxième année de course. Nous étions les premiers à l'avoir, parmi les Japonais, et nous étions donc les plus proches des Européens. Cependant, Suzuki est toujours une entreprise japonaise, certaines caractéristiques sont restées : disons que nous avons eu une mentalité qui est à mi-chemin, c'est-à-dire très européen dans l'approche de la piste, très japonais dans le processus de développement de la moto, traditionnellement plus conservateur", ajoute Davide Brivio.