L'équipe Forward, par la voix de son propriétaire Giovanni Cuzari, a dévoilé son budget en Moto2 et explique qu'une équipe performante en Moto2 doit trouver autant de budget qu'une équipe satellite en MotoGP.
Giovanni Cuzari a dévoilé lors d'une interview à Crash.net le budget de son équipe en Moto2 ainsi que celui d'une équipe de MotoGP, en se basant sur les chiffres lors de sa dernière apparition dans la catégorie reine.
2,6 millions par saison en Moto2
D'après les chiffres dévoilés à Crash.net, Forward dépense environ 2,6 millions d'euros par an. Cette saison, l'équipe fait courir Luca Marini et Lorenzo Baldassarri. Le coût des pilotes pour la saison avoisine les 200 000 € (entre 80 000 et 100 000 euros pour le premier pilote et entre 20 000 et 30 000 euros pour le second pilote, auquel on ajoute les bonus sur les résultats). Pour la saison, l'équipe a besoin de quatre motos fournies par Kalex. "Vous avez une moto pour chaque pilote, une de rechange, plus des pièces. cela coûte 400 000 €. Les dommages causés par les accidents, je peux vous dire, malheureusement, sont d'environ 150 000 €'', explique-t-il.
L'équipe embauche 12 personnes ainsi que du personnel administratif, pour un coût global de 570 000 €. Les voyages coûtent chaque saison à l'équipe un demi-million d'euros. Si on ajoute l'hospitalité, le box, le camion et toutes les dépenses annexes, le chiffre grimpe à 2,6 millions d'euros.
Sur cette somme, on retire la dotation de la Dorna, comprise entre 150 000 et 180 000 euros. Un sponsor principal donne environ un million d'euros, une somme devenue équivalente en MotoGP. Concrètement, une équipe de Moto2 doit trouver 2,45 millions d'euros pour pouvoir courir.
7,5 millions d'euros pour une équipe de MotoGP
L'équipe Forward était présente en MotoGP entre 2012 et 2015. Selon son expérience, Giovanni Cuzari donne quelques éléments sur le budget d'une équipe privée dans la catégorie reine.
Tout d'abord, il est important de préciser qu'une équipe reçoit 2,5 millions d'euros par pilote de la part de la Dorna. Une équipe qui fait courir deux pilotes, comme c'est le cas pour la plupart des équipes en MotoGP, doit alors trouver 2,5 millions d'euros.
Selon une interview de Hervé Poncharal, directeur de Tech3, à Motosblog, en 2009, la location des motos ainsi que le SAV représente un budget de 3 millions d'euros. Les frais de fonctionnement (personnel, bureaux, camions) représente un budget de 2 millions d'euros. Les comptes 2016 de l'équipe montre un budget de 10 millions d'euros pour 8,6 millions d'euros de dépenses. Si on rentre dans les principaux détails, l'équipe a reçu une subvention de 3,6 millions d'euros et un produit des ventes (emplacement sponsoring...) de 5,3 millions d'euros ; les salaires représentent un budget de 1,93 millions d'euros ; les achats et charges externes (location de biens, sous-traitance...) représente un budget de 5,4 millions d'euros.
Des propositions de Giovanni Cuzari, des réponses de Carmelo Ezpeleta
Afin de donner une plus grande différence entre les budgets de la Moto2 et de la MotoGP, Giovanni Cuzari a proposé des choses lors de son interview à Crash.net.
Le premier point concerne l'argent que donne la Dorna. Le propriétaire de Forward souhaiterait une dotation avoisinant 500 000 euros par pilote pour les équipes "sérieuses''. Ces dernières seraient choisies en fonction des résultats, de l'histoire avec le sport, du choix du pilote et le montant du financement déjà accordé pour la participation à d'autres catégories. Enfin, l'homme souhaiterait un plafond du coût des motos, à 200 000 euros par exemple.
Carmelo Ezpeleta, directeur général de la Dorna, est clair sur les revendications : "si une équipe de Moto2 n'est pas contente, ils peuvent partir parce qu'il y a une foule de personnes qui attendent leur place''. Sur l'argument des motos chères, il déclare : "ils réclament des choses ridicules. Ils disent "Kalex est très cher''. Alors n'utilisez pas Kalex ! Utilisez Tech 3''.
Aussi, le directeur général de la Dorna compare le mondial moto à la F1. "Si vous comparez cela avec les voitures, vous pouvez imaginer la situation avec la F1 par rapport aux autres catégories de voitures. Elles ne sont pas dans ce paddock. Aussi, elles n'ont pas de télévision, payées ou non payées. Elles n'ont pas d'aide financière. Nous avons ces choses-là'', explique-t-il.
Or, la FIA F2, anti-chambre de la F1, dispose d'une exposition médiatique, que ce soit en France par exemple avec la diffusion des courses ou encore en Angleterre via la chaine Sky Sports F1. La FIA F3 bénéficie d'une diffusion en clair sur son site mais aussi sur Youtube, comme la Formula V8.
On l'aura compris, les choses risquent de ne pas changer de sitôt en moto...