Hugo de Sadeleer est l'un des pilotes de la voiture #32, engagée par l'équipe United Autosports. Le pilote suisse a accepté de répondre à nos questions juste après les qualifications.
Hugo, tu te qualifies 14e avec l'équipe. Qu'est-ce qui n'a pas marché sur cette première qualification de la saison ?
En EL1, on avait une piste mouillée. Nous n'avions pas beaucoup de données sur piste sèche. Même au Prologue, nous n'avons pas beaucoup roulé sur piste sèche. En EL2, on a essayé quelque chose mais ça a pénalisé la voiture. Nous n'avions pas de ressenti de grip. Alors, en qualifications, on avait une meilleure voiture mais j'ai eu de la peine dans le secteur 3, avec de gros survirages et je suis sorti de piste. C'est vraiment là où ça nous a pénalisé. Sinon, nous étions dans le rythme. Nous avons juste pas réussi à faire un tour complet, notamment à cause du drapeau rouge.
Tu passes de l'Eurocup à l'ELMS la saison passée. Pourquoi ce changement ?
Mon objectif dans le sport automobile est d'être pilote professionnel. Pour moi, clairement, ce n'est pas possible en monoplace. Il y a beaucoup de politiques, ça coûte beaucoup plus cher pour arriver au plus haut niveau en monoplaces qu'en endurance. Je suis plus jeune que la plupart des pilotes. Je sais que j'ai le niveau des meilleurs et je veux le prouver. Aussi, je suis ici contre d'anciens pilotes de F1, des pilotes très expérimentés. Je peux prouver que je suis au même niveau qu'eux.
Es-tu déjà un pilote professionnel ?
Je suis un pilote semi-professionnel. Mon budget est financé en partie par les sponsors et en partie de mon père.
Les 24 Heures du Mans
Tu as couru pour la première fois les 24 Heures du Mans l'an passé. Tu as fini 5e au général et 4e en LMP2. Qu'est-ce que ça fait de courir cette course mythique ?
C'est incroyable ! C'est une course différente des autres, au niveau du comportement de la voiture, de l'ambiance. Le levée du soleil, c'est génial. On a eu un peu de peine au Mans. Nous n'avions pas le rythme. On a fait une course vraiment parfaite. On est resté le moins de temps possible dans les stands que les autres équipes. C'est une des raisons qui explique ce résultat. Si on avait eu une voiture plus performante, je pense qu'on aurait pu gagner au général. Je ne veux pas me plaindre parce que pour ma première participation au Mans, c'est incroyable de finir 5e. L'ensemble est génial. Plus jeune, j'allais au Mans Classic pour voir ces voitures et ça fait plaisir de faire partie de l'histoire du Mans.
Est-ce que ça demande une préparation particulière ?
C'est moins intense qu'une autre course. D'un point de vue physique, c'est très long. Mes runs duraient trois heures. Il y en a eu trois. C'est surtout sur la concentration. Pour le physique, on peut se réguler. On s'économise. Mais pour la concentration, il faut savoir quand être très vigilant et quand on peut se laisser aller. C'est cette gestion qui est importante, surtout mon premier run au Mans, au coucher du soleil, la piste a beaucoup changé. Les températures étaient changeantes, beaucoup de drapeaux jaunes. Les pneus étaient froids à chaque tour. C'est une question de vigilance et de prise de risque. Il faut gérer et ce n'est pas facile sur trois heures.
Est-ce difficile de rouler dans une voiture de course de nuit ?
On perd quelques repères sinon il n'y a pas tellement de changements. C'est beaucoup plus paisible. On est plus calme la nuit.
Les 24 Heures de Daytona
Tu as aussi fait les 24 Heures de Daytona. Tu as fini 4e. Est-ce un univers totalement différent, du fait que tu sois dans une équipe américaine ?
Ce n'est pas comme Le Mans. C'est plus petit, même si on le considère comme la course du Mans aux Etats-Unis. Il y a certains bons aspects. On fait de la course tout le temps, il n'y a pas de repos. Comme la piste est courte, on se bataille tout le temps contre des voitures. C'est une piste qui a beaucoup de caractère comme Le Mans. Les pneus sont différents de ceux qu'on a en Europe. L'ambiance est comparable. Mais la façon de faire les choses là-bas est différente.
On m'a dit qu'il fallait gérer la course jusqu'à la dernière heure du fait des nombreux drapeaux jaunes. Si on perd un tour, on peut le rattraper mais ce n'était pas le cas cette année. C'était une course de sprint avec seulement trois drapeaux jaunes.
Qu'espères-tu pour la saison à venir ?
Pour demain déjà, on espère un podium. L'an passé, on part 25e sur la grille et on finit 3e. On a bien récupéré, malgré la pénalité qui nous fait finir 5e. Avec ces courses d'endurance, on peut toujours espérer le podium comme au Mans. On était loin du rythme et on finit 5e. J'espère pareil ici. Avec 17 voitures (en LMP2, ndlr), il peut y avoir quelques contacts, des drapeaux jaunes. Will Owens va commencer la course. Je ferai le run final. Ça ne se jouera pas au premier virage.
Tu as une certaine pression d'être dans le sprint final ?
Je pense que c'est différent. L'an passé, j'avais plus de pression. Je faisais tous les départs. Je n'ai pas perdu une place, au contraire. Faire les départs c'est vraiment difficile. C'est comme faire un relais de plus avec l'émotion et le stress de la procédure, être dans la voiture qui est très chaude, à l'arrêt. C'est un stress en plus que je n'aurai pas. Là, je peux me focaliser sur le rythme pur.
A l'avenir, tu envisages un passage en WEC, en LMP1 ?
Je pense que le LMP2 est ce qu'il y a de mieux pour le moment. Dès 2020, j'espère que les constructeurs reviendront, comme Audi, Ferrari ou encore McLaren. J'espère pouvoir prendre place dans l'une de ses équipes. Pour l'instant, United Autosports est l'une des meilleures équipes. Je suis très content ici. La Ligier a beaucoup progressé cette année. On va pousser pour gagner cette année et on verra de quoi l'avenir sera fait.