Le WEC reprend ses droits ce week-end à Austin, pour le Lone Star Le Mans, d'une durée de six heures. La BoP a été dévoilée ce mercredi et Cadillac pâtit logiquement de sa large victoire au Brésil. Cette 6e manche de la saison peut-elle proposer un resserrement général dans les classes Hypercar et LMGT3 ?
Voilà un mois et demi, Cadillac avait remporté sa toute première victoire en WEC, à l'occasion des 6 Heures de São Paulo. Mais la balance de performance mise en place avait largement agité les débats : comment était-ce possible, aux yeux des observateurs les plus aguerris, que Cadillac domine soudain entièrement un week-end, alors que les références que sont Ferrari et Toyota ont été à la rue ?
La folle saison 2024 avait "excusé" la présence de cet outil, même s'il fait toujours grincer les dents des puristes. Cette année, les organisateurs ont plus souvent été sous le feu des critiques à ce sujet. Reste à savoir si le tir sera correctement corrigé ce week-end, au Texas.
Cadillac arrive à Austin très alourdi
La domination de Cadillac fut aussi soudaine qu'implacable. Rien d'illogique à ce que le constructeur américain arrive à domicile avec un embonpoint pour le moins conséquent : ce ne seront pas moins de 19 kg en plus qui seront alloués aux V-Series R de l'équipe Jota. Autant dire qu'il s'agira d'ores et déjà d'une sacrée pénalité, qui devrait prévenir de toute nouvelle envolée des prototypes américains, qui perdront en prime 5 KW sous les 250 km/h.
Porsche, premier poursuivant de Cadillac à Interlagos, a aussi été alourdi par la BoP, en prenant d'une traite 12 kg de lest, assorti d'un retrait de 13 KW sous 250 km/h. Alpine, de son côté, prend un petit kilo de plus et se voit retirer 6 KW.
Il n'y a que BMW, dans le plateau Hypercar, à voir s'afficher une soustraction dans le tableau de la BoP. Mais les 2 kg perdus sont une maigre compensation face aux 8 KW retirés sous 250 km/h.
Aucun autre constructeur n'a subi de perte ou de gain de poids. Toyota n'aura qu'un kilowatt en moins sous 250 km/h. La N°7 pourra compter sur le retour de José Maria Lopez, pigiste de luxe en l'absence de Mike Conway, blessé. Voilà qui rappelle des souvenirs du Mans, l'an dernier.
Les Peugeot et les Aston Martin gardent la BoP la plus favorable avec le poids minimal (1 030 kg) et la puissance allouée maximale (520 KW).
Ces quelques chiffres ne donnent évidemment qu'une tendance : les spécificités du circuit, couplées aux caractéristiques très singulières de chaque voiture seront le véritable juge de paix de la course. On peut néanmoins s'attendre à ce que Ferrari et Toyota puissent redresser la barre et retrouver leur rang, malgré des BoP toujours pénalisantes.
Quant au clan français, Peugeot serait bien inspiré de confirmer sa performance du Brésil à Austin. Et Alpine tient à retrouver ses bonnes dispositions notamment entrevues à Spa, où la N°36 a fait peur aux Ferrari officielles jusqu'au bout du suspense.
Aston Martin continue de son côté à apprendre petit à petit, en acquérant de l'expérience et de la performance pour ses Valkyrie. Pas facile pour la coqueluche du public, avec leur V12 atmosphérique, de bomber le torse face aux autres constructeurs tous équipés d'un système hybride. D'autant que les tendances météo évoquent un risque de pluie pour la journée de dimanche, qui a le temps d'ici là d'évoluer.
Les LMGT3 subissent peu d'ajustements à Austin
DPPI/FIA WEC
La saison 2025 des LMGT3 propose un peu plus de variété au sommet de la boîte, même si Porsche a acquis trois succès en cinq courses avec la N°92 du Mathey 1st Phorm. Mais avant le Lone Star Le Mans, c'est bien Lexus qui s'avance comme le constructeur à battre, en particulier la N°87, qui s'est imposée au Brésil. Cette victoire était celle d'une voiture pourtant vieillissante, qui a retrouvé des couleurs cette année. Elle avait une touche française grâce aux Provençaux d'Akkodis ASP, emmenés par Jérôme Policand.
La BoP d'Austin n'a été que très peu revue quant aux modes moteurs alloués sous 200 km/h : Ford aura la plus grande puissance avec le mode P1 (le meilleur étant le P0), quand les Ferrari 296 seront les moins bien loties à ce niveau-là, avec le P18 (le P19 étant le moins performant. Quant au poids, BMW se trouve être le mieux loti, pour le plus grand plaisir de l'équipe exploitante, WRT. Ce sont pas moins de 26 kg qui s'enlèvent, avec le P6 comme mode moteur. Le M4 seront les plus légères à égalité avec Porsche (1 332 kg), qui roulera en P11 de son côté.
Le nouveau venu, Mercedes, continue de faire ses gammes en mondial d'endurance dans la classe GT et devra se débrouiller avec le P12, au lieu du P11 au Brésil, et 1 334 kg sur la balance.
L'attention se porte également sur les Iron Dames, avec la Porsche N°85 : le trio Rahel Frey/Michelle Gatting/Célia Martin a sans doute eu du mal à digérer ce drive-through à Interlagos qui les a privées sans nul d'une de la victoire, alors qu'elles avaient le rythme pour.
Comme en Hypercar, se risquer à quelconque pronostic relève d'un sacré flair, surtout sur des courses aussi longues. Le facteur pluie, s'il se maintient, peut aussi chambouler la hiérarchie et permettre, pourquoi pas, à un 5e constructeur de s'imposer, après Corvette, Porsche, Ferrari et Lexus.