Pierre Gasly, champion GP2 2016 et 3e pilote Red Bull, a accepté notre invitation et nous dresse son bilan 2016.
Si tu devais décrire ta saison en un mot, lequel serait-il ?
Fantastique
Pourquoi ?
Le titre en GP2, qui est l'anti-chambre de la Formule 1. La prochaine étape, c'est la F1. Décrocher le titre dans ce championnat, c'est super. C'est le meilleur titre dans ma carrière. Ça a été beaucoup de travail pour en arriver là. Il s'agit d'une catégorie très très compliquée. Je me souviens lorsque je le regardais, il y a quelques années, je commençais juste en monoplace. Je suivais Jules [Bianchi]. Pour moi, c'était les grands ! Aujourd'hui, sans m'en rendre compte, je suis dans cette position. Et pouvoir gagner le championnat, c'est vraiment super.
Si tu devais retenir un moment de ta saison, hormis ton titre GP2, lequel serait-il ?
Ma victoire à Abu Dhabi, car ça a été un vrai aboutissement. Il y avait toute ma famille, sauf mon père qui ne pouvait pas venir, mes sponsors étaient là aussi. De pouvoir remporter ma dernière course 1 en GP2, c'était vraiment beaucoup d'émotion. Et faire une belle course à ce moment là du championnat, j'avais tout donné pour pouvoir finir comme ça, c'était vraiment la plus belle des manières.
Si tu devais oublier un moment de la saison ? La non titularisation chez Toro Rosso doit être l'un des pires moments de ta saison, non ?
Oui, c'est sûr. Je dirais soit la décision, soit d'un point de vue plus sportif, je dirais mon erreur au Red Bull Ring lorsqu'il s'est mis à pleuvoir. Je voulais absolument gagner la course mais j'en ai trop fait. Cette erreur m'a coûté chère.
Et ta disqualification en Allemagne en raison d'un extincteur défectueux ?
Oui, il y a eu l'Allemagne, ensuite il y a eu aussi la voiture de sécurité à Monza où j'étais vraiment le plus marqué. J'avais fait le meilleur temps en essais libres, le meilleur temps en qualifications, je menais la course avec 5 secondes d'avance. Il ne restait plus qu'à gérer les pneus. Tout se passait très bien. Et la voiture de sécurité fait un peu n'importe quoi et je passe de leader virtuel de la course à terminer 4e. Je perd énormément de points. Antonio [Giovinazzi] partait dernier et aurait dû finir 7e ou 8e à la régulière, finalement il remporte la course. [Raffaele] Marciello termine 2e et je perds donc énormément de points au championnat. Ça a été très frustrant.
Si on te dit 2017, que réponds-tu ?
Préparation pour la F1. L'objectif est d'y accéder le plus rapidement. Mais il faut un baquet de disponible. Donc je dois me préparer au mieux pour être prêt à saisir une opportunité.
As-tu déjà un programme défini pour 2017 ? On parle beaucoup de Super Formula, certains médias avancent même que ce serait déjà signé.
Rien n'est signé, mais oui, c'est bien parti pour que je sois en Super Formula la saison prochaine. Après on regarde un peu tout. Red Bull négocie avec des équipes pour savoir quelle est la meilleure option. Rien n'est signé pour l'instant mais faire de la Super Formula comme Stoffel [Vandoorne] qui a été dans une situation similaire, ça a plutôt bien fonctionné pour lui. Donc le plan serait de faire quelque chose de semblable à ce qu'il a fait cette année.
Coup d’oeil dans le rétro de la saison 2016
Dans le sport auto en général, si tu devais parler d'un moment marquant de cette saison 2016, lequel serait-il ?
Max [Verstappen] qui passe de chez Toro Rosso à Red Bull et qui gagne la première course avec l'équipe à Barcelone. C'était vraiment quelque chose que personne n'attendait. Évidemment il y a eu un concours de circonstances avec les Mercedes mais pour l'avoir vécu du box, c'était impressionnant.
Retour de la F1 en France
Concernant le retour de la F1 en France, qui est évidemment une très bonne nouvelle pour le sport auto français. On espère que tu seras sur la grille en 2018 pour le courir ce Grand Prix de France ! Toi qui as déjà couru au Castellet en Eurocup et Formule Renault 3.5, est-ce que ce circuit est la destination où la F1 devait aller ?
Oui, c'est vraiment un circuit qui peut accueillir la F1. Il s'agit d'un tracé très technique, il y a déjà beaucoup de tests qui s'y déroulent. Ce sont souvent des tests de pneus Pirelli, pluie ou sec. Le Castellet accueille aussi d'autres courses comme du 3.5 ou autres. Je pense que c'est une super nouvelle de savoir qu'il y a de nouveau un Grand Prix en France. Ça va faire énormément de bien à tous les gens qui suivent la F1 et qui n'ont pas l'opportunité de se rendre sur un circuit.
Le tracé est super intéressant. Ça m'a plutôt réussi donc quand on a des bonnes courses on aime souvent le tracé. Je pense que c'est un circuit technique, très rapide, des virages spécifiques à ce circuit notamment à Signes et au Beausset. Ça va être un Grand Prix intéressant.
La retraite surprise de Nico Rosberg
Nico Rosberg qui annonce sa retraite après son titre, personne ne s'y attendait vraiment. Comment l'as-tu su et comment as-tu réagi à cette annonce ?
Je l'ai appris d'une manière un peu bizarre. Je rentrais d'Abu Dhabi, j'étais dans l'avion, je commence à recevoir un message qui me dit « t'as vu en F1 les choses peuvent changer très rapidement... » puis un deuxième, troisième etc... en l'espace de 10 minutes, j'ai reçu 5 ou 6 messages de ce type. Je me suis demandé ce qu'il se passait. J'ai réussi à me connecter sur internet, ça a mis 10 minutes pour ouvrir la page. J'étais choqué quand j'ai vu ça. Vraiment une nouvelle inattendue.
Aurais-tu pris la même décision que lui après avoir remporté le titre en F1 ?
Non. Il a ses raisons, je les respecte complètement. On n'est sûrement pas au courant de tout. Mais après un titre, en étant dans l'équipe qui a remporté les trois derniers championnats du monde, c'est l'endroit où il faut être en ce moment. En F1, quand on a l'opportunité d'être au bon endroit au bon moment, il faut essayer d'en profiter. Il avait des objectifs différents. Il part en tant que Champion du Monde. Mais dans sa situation, je suis un compétiteur, si je suis en F1, je ferais le maximum pour y rester le plus longtemps.
La France à l’honneur en 2016
La France a été à l'honneur cette année dans le sport auto. Outre ton titre en GP2, il y a aussi celui de Tom Dillmann en Formula V8. Si on parle des francophones il y a eu aussi Charles Leclerc en GP3. Est-ce que l'on peut dire que l'année 2016 a été un bon cru pour les pilotes français ?
Oui clairement ! On a de bons pilotes en France. On a une culture qui fait que l'on a des pilotes qui commencent tôt, qui sont bien encadrés dès le karting, un bon entourage qui nous permet de monter au plus haut niveau. Je pense par exemple à un jeune pilote de kart, Victor Martins, qui a gagné le championnat du Monde en kart. Une nouvelle génération de pilote arrive. 2016 a été une bonne année sur le plan sportif et pour les pilotes français.