Le quintuple vainqueur des 24 Heures du Mans était invité à Dijon-Prenois dans le cadre des festivités du cinquantenaire du circuit ! Le jovial pilote italien a cour sur le tracé bourguignon en championnat du monde des voitures de tourisme et en F3000.
Vous avez découvert ce circuit en 1987 en championnat du monde des voitures de tourisme avec Roland Ratzenberger !
En effet ! Ce championant était nouveau et succédait au championnat d'Europe et nous étions sur une BMW M3 E30 ! Cette voiture n'était pas encore historique à l'époque mais elle était amenée à le devenir. Cette saison s'est résumée à un duel avec les Ford Sierra Cosworth RS500. Je garde bons souvenirs de cette course malgré notre abandon car j'avais signé la pole position ! A vrai dire ce n'était pas réellement prévu, d'ailleurs les Sierra étaient souvent meilleures lors des qualifications et nous compensions par notre rythme de course. Le championnat s'est joué lors de la dernière course en Nouvelle-Zélande. Je garde en tout cas un souvenir net de ce tour de qualif et de cette pole. Yokohama avait préparé des pneus avec une adhérence extraordinaire, la voiture restait bien entendu une touring car limitée et non un prototype mais la sensation de vitesse dans les virages est incroyable. Ce circuit a quelque chose de spécial et est même unique dans son genre, ce circuit n'a aujourd'hui toujours pas de chicanes alors qu'aujourd'hui il y en a de plus en plus sur les tracés. C'était un circuit très amusant, et en F3000 il fallait avoir une voiture très bien balancée ici.
Ensuite vous avez vécu de superbes saisons en touring car chez Audi, comment se sont déroulées ces premières saisons avec le constructeurs aux anneaux ?
Le touring car a représenté une grande partie de ma carrière, et quand je roulais en monoplace, je pratiquais toujours les courses de voitures de tourisme à côté. Cette période a duré de 1985 à 1998, les 9 premières saisons chez BMW et la suite avec Audi. La collaboration avec Audi a jalonné le passage à l'endurance avec les succès que l'on connaît. Ces voitures de tourisme avaient peu d'électronique et leur développement a été passionnant. Les budgets étaient colossaux...On faisait aussi beaucoup de développement pneumatique. Pour moi ces années, ça n'a pas été du challenge mais surtout du plaisir !
Au Mans, vous avez connu une longue ellipse avec une participation en 1981 sur une Lancia Beta Montecarlo Turbo et un retour presque 20 ans plus tard avec Audi ! Un changement d'époque total...
Ma première venue au Mans c'était lors des championnats du monde de karting en 1978. 3 ans après j'ai pu prendre le départ de cette épreuve mythique ! C'était clairement devenu une autre épreuve lors de mon retour à la fin des années 90. Mais je suis content d'avoir connu Le Mans au début des années 80 malgré que j'ai été témoin de 2 accidents mortels dans mon premier relai : l'accident de Jean-Louis Lafosse et un commissaire. Malgré cela je suis connu d'avoir pu vivre cette "époque héroïque" qui était en train de se terminer.
Lorsque le programme R8, pensiez-vous au début que ça allait être une telle machine à gagner, une telle épopée ?
L'environnement Audi était très professionnel et si je puis dire il n'y avait pas d'espace pour se laisser aller à la rêverie et l'imagination. On le savait car en supertourisme Audi avait donné le maximum et un tel constructeur ne pouvait pas venir au Mans sans ambition. Mais d'un autre côté Le Mans est une course tellement difficile que tu n'oses pas imaginer la gagner. Pour moi nous n'arrivions pas avec la certitude de nous imposer mais on savait que tout avait été fait pour. Pour moi cela a été un privilège de faire partie de cette épopée, on peut se dire qu'aujourd'hui un tel enchaînement de succès était facile, ce n'était pas le cas.
Henri Pescarolo, ici présent, et recordman de succès aux 1000km de Dijon s'est acharné à vous donner du mal...
Au niveau des moyens il n'y avait aucune comparaison, mais avec son équipe ils ont été des adversaires fiers et corrects, ils faisaient leur boulot à la perfection et en 2005 ils nous ont fait vaciller. J'ai toujours eu une grande sympathie pour lui et son équipe !
On imagine que la date des 24 Heures du Mans 2023 est déjà à votre calendrier !
Bien entendu, cette course est spéciale pour moi.