Grégory Ronot est un artiste qui manie le crayon pour faire vivre sa passion du sport automobile. Du circuit au papier, la passion ne l'a jamais quittée.
Après les photographes, les vidéastes, les peintres, les sculpteurs, on s'intéresse aujourd'hui aux illustrateurs qui font aussi vivre la passion du sport automobile. Grégory Ronot nous a accordé un entretien pour nous expliquer comment et pourquoi lui est venue cette passion.
D'où te vient la passion pour le sport automobile ?
Comme beaucoup d'entre nous, la transmission de la passion vient souvent du père, le mien était commissaire de piste pendant 30 ans. Je suis né à Dijon, donc le circuit de Dijon-Prenois est une évidence pour moi, j'y ai beaucoup de souvenirs évidemment. Les souvenirs d'enfance avec mon père commencent sur les circuits du Castellet, Le Mans, Dijon, je n'étais pas forcément mordu par le sport automobile au début, je voulais simplement suivre mon père, mais la force des choses a fait que tu t'y intéresses.
Aller sur les circuits n'a fait que renforcer cette passion pour le sport automobile. A Dijon, je me souviens avoir vu des disciplines comme la Formule 3000, le championnat du monde de Sport Prototype, le championnat du monde de tourisme et la Formule 1, bien sûr. L'une des affiches dont je me souviens, c'est celle de la Formule 3000 à Dijon en 1988 avec Jean Alesi et les couleurs de Marlboro sur une ORECA, j'ai rapidement fait le lien avec McLaren (NDLR : sponsorisée aussi par Marlboro à l'époque en F1). Ensuite, j'ai développé une passion pour Jean Alesi de ses années F3000 jusqu'à la fin de sa carrière.
Et même jeune à cette époque-là, as-tu pu approcher les pilotes ?
Oui, totalement, évidemment à mon jeune âge je ne tenais pas de grandes conversations avec eux, mais j'allais les voir, j'ai vu la génération des pilotes de Jean Alesi, Olivier Panis... J'ai souvenir d'un Erik Comas, en combinaison et qui voulait absolument rouler à Dijon sous un brouillard épais alors que le drapeau rouge était de sortie... ! Et puis, des anecdotes comme celles-là, j'en ai des tonnes, mon père s'était lié d'amitié avec Jean-Pierre Jarier qui venait manger à la maison régulièrement.
Ton premier vrai souvenir sur un circuit en tant que spectateur ?
Finalement, c'est arrivé un peu plus tard, nous sommes allés au Grand Prix de France 1995 à Magny-Cours, la course après le Canada que Jean Alesi avait remportée. J'ai pu le croiser dans le box Ferrari, tous les pilotes français étaient accessibles, j'ai aussi un excellent souvenir d'avoir croisé Olivier Panis...
Comment arrive cette passion du coup de crayon ?
Très tôt, j'ai peut-être hérité ça de mon grand-père (que je n'ai pas connu), mais je dessinais déjà sur les bancs d'école, dans les marges de mes cahiers. Je faisais des casques de pilotes, des circuits, je reproduisais tout ça de tête et j'essayais de faire deviner ça à mes copains qui n'en avaient cure...
Puis ensuite sont venus les albums de Michel Vaillant que mon père m'offrait, et j'ai commencé à croquer mes propres BD... mon seul lecteur était mon père, je m'inspirais des Michel Vaillant bien évidemment à l'époque.
Dessiner, c'était pour combler cette attente du sport auto ?
Oui, évidemment, à la fois pour combler le manque, tuer le temps et aussi pour m'améliorer et gagner en expérience. Même si au départ tu ne penses pas qu'un jour tu pourrais en faire ton métier, quand tu dessines en étant jeune, dans ton esprit, tu te mets un peu à la place du pilote. Car à part faire un peu de karting, je n'ai pas eu beaucoup d'opportunité de faire du sport auto, donc ta passion tu la vis comme tu peux.
La chance que j'ai eu d'être sur les circuits c'est de pouvoir parcourir la piste à pied pour avoir la même vision que les pilotes, comme Jean Graton qui réussissait à nous immerger dans ses dessins à la place du pilote. J'ai eu la possibilité de m'asseoir sur la piste, parfois, en fin de journée où je visualisais le décor sous un nouvel angle et ça me permettait de mieux dessiner. Il me fallait avoir une autre vue, je ne pouvais pas dessiner simplement à partir de ce qu'on voyait à la télé.
A quel moment tu as décidé de focaliser ton dessin uniquement sur le milieu du sport automobile ?
A partir du moment où j'ai vu que je commençais à intéresser du monde dans ce milieu et que les personnes étaient prêtes à louer mes services. Petit à petit, on est venu me demander des dessins, aujourd'hui c'est une activité qui est en complément de mon métier de professeur des écoles, mais j'y consacre beaucoup de temps quand même et je souhaite que ça devienne encore plus important.
Quels types de dessins on te demande ?
C'est très varié, ça peut être le propriétaire d'une auto qui veut une illustration comme souvenir de ce qu'il possède, dans ce cas-là, je fais une réplique parfaite. Ensuite, les illustrations peuvent être plus dans le domaine du cadeau à offrir en guise de remerciement ou un faire-part de mariage. Je peux aussi reproduire à l'identique une photo, et l'éventail des propositions est très large, on peut quasiment tout faire en dessin.
Tu me disais être ami avec Adrien Paviot, des collaborations ont existé entre vous ?
Oui, on a déjà travaillé ensemble, comme le casque de Sébastien Loeb pour Pikes Peak, par exemple. On a donc travaillé sur ce projet, Adrien, lui il s'occupe du design, et la partie dessin c'est moi qui ai géré ça. Ensuite, Adrien est très bien dans son domaine du design et moi je reste de mon côté sur le dessin, on peut collaborer ensemble sans pour autant empiéter sur nos domaines respectifs, c'est totalement différent ce que l'on fait.
Je collabore aussi avec Yvon Amiel, pour "Antoine le Pilote". J'étais évidemment très fan étant petit, et un jour j'ai reçu un coup de fil de sa part et il avait besoin de quelqu'un pour un projet, c'était un bon moyen de boucler la boucle.
En moyenne, combien d'heures pour faire un dessin ?
Tout dépend la taille du dessin, l'origine de la création à faire, si c'est une copie ou une création libre. J'ai dessiné la Ferrari avec Jules Bianchi (que je voulais offrir à son père), c'est un format A3 et le dessin m'a pris environ 30 heures de travail. Et il faut compter environ une dizaine de jours pour dessiner, tout dépend de mes disponibilités.
Ensuite, je ne travaille jamais tout le temps sur le même dessin. J'alterne entre deux ou trois dessins, car je ne veux pas m'habituer dans la routine du dessin sur un même modèle, car au bout d'un moment, on ne voit plus forcément ses erreurs. Il faut y revenir plus tard pour se rendre compte qu'il manque un détail ou au contraire qu'on a mal dessiné un trait, c'est bien d'alterner les dessins, ça permet d'éviter les erreurs pour ma part.
Vous pouvez commander des œuvres de Grégory Ronot sur son site ou lui faire une commande spéciale, vous pouvez le joindre facilement via ses réseaux sociaux (Facebook, Twitter).