Interview réalisé avant la première course
Andrea Pizzitola, merci de nous accueillir. On va faire un point sur ton meeting. Tu as fini 7e lors des premiers essais libres, 15e lors des deuxièmes et tu as fini 3e de ton groupe en qualifications, ce qui te place 5e sur la grille. Comment le ressens-tu ?
Les essais libres, je les sentais plutôt mal parti puisqu'on régressait. Et en terme de temps, on était vraiment loin. Depuis le début de l'année, dès qu'on posait la voiture sur une piste, je montais dedans et elle était vite et là, je ne sais pas si c'était moi, la voiture ou le package mais on était loin en temps. Vendredi soir, on a bossé tard avec les ingénieurs pour trouver des solutions. on a changé quelque chose sur la voiture, moi sur mon pilotage et ce matin, en qualifications, ça allait mieux. On a beaucoup progressé puisqu'on passe de 15e à 5e. C'est positif. Pour la course, il ne va pas falloir s'accrocher et viser le podium. Je n'ai que deux places pour l'accrocher. Avec un bon départ, c'est possible et ramener des points surtout.
La victoire est possible selon toi ?
Je ne pense pas que la victoire soit possible aujourd'hui. Nous n'avons pas le rythme qui nous permette ceci, sauf en cas de fait de course comme un accrochage Albon/De Vries où là, on aurait le rythme puisqu'on a le même que les autres. Je pense que ce sera difficile d'aller la chercher mais en sport auto, tout est possible.
Cette saison, tu as gagné à deux reprises, en Hongrie et à Aragon et tu es 3e du championnat. La saison semble bien se profiler pour toi. Vises-tu la deuxième place du championnat ?
L'objectif pour moi est clairement d'aller chercher la deuxième place du championnat. Plusieurs fois dans la saison, j'étais devant mon concurrent direct pour la seconde place. Je suis devant lui sur cette course. Je fais tout pour accrocher la deuxième place du championnat.
Tu as aussi participé à 3 courses du championnat NEC, où tu as gagné 1 course et tu as fait la pole pour une autre qui a été annulée. Ce double programme était voulu de ta part ou ça a été imposé par l'équipe ?
Au départ, je ne voulais faire que la première, à Monza, avant le championnat d'Eurocup. Je ne devais plus en faire par la suite mais le team m'a appuyé pour participer à d'autres courses dans le but d'aider mon coéquipier à bien figurer au championnat puisqu'il jouait le top 3 voire la victoire avant le dernier meeting. J'ai fait mon possible pour l'aider et au final, ça me permet de rouler.
Cet hiver, ta participation en 2.0 était compromise. Est-ce que tu t'es dit à un moment "tout est fini" ?
Je me le suis dit d'une façon puisque mon objectif était de rester en monoplace. Je me suis dit qu'avec un peu de chance, un team d'une autre catégorie que la monoplace voudrait bien de moi. Il se trouve que mon team actuel a fait un bon effort pour m'avoir et je ne regrette rien. Je n'étais pas trop pour faire une troisième année de 2.0 mais c'est mon père qui a poussé pour faire ça. Il était persuadé qu'on n'avait pas pu montrer ce qu'on savait faire et ce qu'on pouvait faire l'an dernier à cause de nombreuses malchances. on s'est entendu très tard après l'hiver pour faire une nouvelle année en 2.0. On s'est dit "on fait les essais d'hiver et si on est dans le match, on en refait une sinon on oublie". Et finalement, on a été assez bien durant les essais d'hiver. Je ne regrette absolument pas aujourd'hui et je remercie mon père d'avoir choisi de me permettre de refaire une année en 2.0.
Tu as été contacté par des équipes d'autres catégories cet hiver ?
Oui, j'ai eu 2/3 contacts, pas forcément dans des catégories où je voulais aller. Après on ne fait pas le difficile, c'est toujours intéressant de rouler. Je voulais vraiment montrer ce que je pouvais faire au volant d'une monoplace. Je suis content de pouvoir m'exprimer cette année.
Les contacts étaient pour quelles catégories ?
Un team de F3 Open, un team de F3 et un team de GT. J'étais plus pour rester en 2.0 puisque c'est une catégorie que je connais, la voiture, les teams, les meetings, le format… Une fois qu'on connait tout ça, qu'on a roulé deux ans dedans, c'est dommage de partir sans avoir fait de bons résultats. C'est aussi pour ça qu'on a fait une troisième année.
Cette bonne saison va-t-elle te permettre de monter en 3.5 ou d'aller dans une autre catégorie à l'avenir ?
L'objectif est d'aller en 3.5 l'an prochain. D'un point de vue du résultat, que je fasse second ou huitième, ça ne changera rien même si c'est très important. j'essaye de figurer au plus haut dans le tableau. Ça ne peut que m'aider. Sur l'aspect financier, c'est à moi de me débrouiller. Il y a un gros gap entre la 2.0 et la 3.5, que je ne peux pas faire par mes propres moyens donc je travaille activement à essayer de trouver du soutien. J'en saurais plus d'ici peu.
Est-ce qu'actuellement, tu t'es demandé si tu n'allais pas en 3.5, tu pourrais aller dans une autre catégorie comme la F3 Open ou F3 ?
Oui, on a plusieurs cordes à notre arc au niveau des contacts, même si au niveau des budgets, ça reste indéfini. Je me suis rapproché et certains teams se sont rapprochés de moi, que ce soit au niveau de la GP3, de la F3, ce genre de catégories. J'ai aussi des contacts en Porsche, en GT. C'est vrai que des faire des résultats et être dans le top 3 en Eurocup toute une année, ça ouvre des portes. À ce stade, l'an dernier, c'était le calme plat et là, cette année, c'est positif.
Ton passage de ART à Manor, comment s'est-il passé? Vois-tu une différence entre les deux équipes sur les méthodes de travail ?
C'est le jour et la nuit. Ce sont deux méthodes de travail différentes, deux ambiances différentes, des personnalités différentes mais qui, au final, dans les deux cas, me permettent d'aller vite. J'ai vraiment d'échanger d'écurie après deux ans pour voir ce qu'il y avait chez les autres. J'étais bien chez ART, j'ai passé deux super années avec eux, c'est vraiment un team super, des gens tops. Je me suis rapproché de MP. C'est aussi un team exceptionnel. Je n'ai rien à redire dessus. ART est un team très rigoureux, très organisé, tout est sur papier, fout est très mathématique. C'est un bon team pour débuter, pour former les pilotes. Ici, je suis plus livré à moi-même. Quand j'ai besoin d'aide, ils sont là. Le jour où ça va bien, on ne se met pas le cerveau à l'envers, on continue à faire ce qu'on sait faire. Pour une troisième année, c'est très bien.
Est-ce que tu as la possibilité de passer en GP3 avec Manor ?
J'ai l'avantage que Tony, l'ingénieur de l'équipe, soit un très bon ami des gens de chez Manor en GP3. Il a vraiment prêché pour moi, pour ma paroisse auprès de chez Manor en GP3. Ils m'ont contacté, m'ont proposé des tests pour Abu Dhabi en fin d'année avec un budget très intéressant. On y réfléchit et on verra ce qu'on fait en fin d'année.
La Formule E a débuté ce mois-ci. Quel regard portes-tu sur cette nouvelle catégorie ?
Je ne me suis pas du tout informé et je n'ai du tout suivi médiatiquement. Je sais à quoi ressemble la voiture, je n'ai aucune idée de la vitesse, de ce qu'il y a dedans, des pneus. Je n'ai pas suivi la course. J'ai juste vu l'accrochage en fin de course.
Honnêtement, aujourd'hui, les spectateurs aiment deux choses dans le sport automobile : le bruit et la vitesse. Je ne suis pas certain qu'il y ait ces deux facteurs réunis dans cette catégorie, je ne suis même pas sûr qu'il y en aie un. Ce n'est pas pour critiquer la catégorie puisque je ne la connais pas. Si ça se trouve, c'est une voiture bien aboutie. Je trouve que ça manque un peu d'âme et je trouve que le sport automobile doit rester un sport où on se bouche les oreilles à chaque fois qu'une voiture passe.
Tu es aussi critique sur les nouveaux V6 turbo en F1 ?
Au moins, il y a un facteur : la vitesse. Après, vous demandez à 100 personnes dans le paddock, 100 vous diront que c'est dommage et que c'est triste d'avoir des bruits pareils en F1. J'ai eu l'occasion d'aller sur des meetings de F1 cette année. Quand elle roule, on ne le sait même pas. On entend plus les Porsche. Le plus bruit à aujourd'hui dans un paddock, c'est les GP2 et les 3.5.