Le public présent lors de la seconde édition du Charade Electric Festival a pu admirer dans les paddocks et en piste la Beltoise BT01. A son volant on retrouvait Julien Beltoise, rangé des voitures ?
"Retraité" de la compétition en tant que pilote, l'homme a su anticiper l'évolution du sport automobile et garde un coup de volant plus qu'acéré !
La Beltoise BT01, un prototype abouti
Julien, quand et comment a démarré l'aventure Beltoise eTechnology ?
Dans la réflexion, il y a plus de 5 ans. J'ai tourné en F3 dans l'équipe ASM et ma dernière course à Charade était en 1999, Frédéric Vasseur était le patron de l'équipe. Frédéric Vasseur a ensuite (entre autres) créé Spark Racing Technology pour construire les Formula E en 2014. Avec mon frère Anthony et mon cousin Vincent, nous avions été invité pour une course à Pau-Ville par Max Mamers sur les Andros Cars. Cette course m'avait beaucoup plu et mes à priori sur l'électrique sont tombés.
Je me suis naturellement intéressé à la Formula E mais je trouvais qu'elle manquait d'attractivité en étant seule sur les meetings ! J'ai donc entamé une réflexion sur comment accompagner un championnat électrique majeur avec des courses support mais bien entendu basées sur la même technologie. J'ai défini un cahier des charges, à l'exploitation d'une voiture pas seulement dédiée à la compétition mais aux stages de pilotage.
J'ai trouvé ensuite des partenaires techniques mais aussi financiers. Tout cela a pris 5 ans et a abouti sur ce prototype. Mais ce n'est pas fini car l'étape suivante est de passer à une phase industrielle et de production.
Avec cette BT01, vous avez effectivement réalisé quelque chose de concret. Cela vous fait quoi d'être arrivé jusque là, de piloter la voiture dont vous êtes le créateur ?
Forcément c'était très émouvant, mais vous savez quand vous avez la tête dans le guidon vous ne vous attardez pas sur ça. C'est la suite logique, vous avez mis toutes les chances de votre côté pour y arriver. On a travaillé avec Spark Racing Technology qui est la référence dans ce domaine, plus que de l'émotion c'était un aboutissement.
D'ailleurs chez Spark Racing Technology quand on se rencontre on me dit souvent que j'ai l'impression de n'être jamais content. Je le suis mais j'ai un côté un perfectionniste. Sur le prototype actuel, on me dit qu'il est génial mais j'ai encore un tas d'idées dans les cartons ! D'autres choses vont arriver et la voiture sera encore mieux.
Au niveau des chronos vous vous situez où ?
Je peux le dire, sur le circuit de Haute-Saintonge, en mode qualifications, nous sommes sur un tour très proche des performances des Alpine Cup, à quelques dixièmes. En version course, avec moins de puissance la voiture sera en équilibre entre l'Alpine Cup et une Mitjet pour une course de 20 minutes.
Avez-vous des contacts avec des championnats existants ?
Oui nous avons bien entendu présenté la voiture à des promoteurs. D'ailleurs la voiture sera en démonstration lors du week-end du WTCR à Pau-Arnos le week-end prochain. Aujourd'hui il y a des championnats électriques majeurs par contre il n'y a pas de championnat secondaire permettant de renforcer l'attractivité sur leurs meetings, avec la Beltoise BT01 ils peuvent avoir une série support monotype.
On la présente également à des promoteurs de championnat "thermiques" intéressés pour faire évoluer leurs meetings. L'électrique ne condamne pas le sport automobile, néanmoins le sport automobile est condamné à une chose : réduire ses émissions.
Avec Beltoise eTechnology nous nous sommes lancés sur la voie l'électrique mais il y a d'autres pistes de toute manière pour réduire ses émissions, les constructeurs travaillent beaucoup sur de nouveaux carburants. Aujourd'hui pour un promoteur, montrer qu'il a entamé sa transition énergétique lui permet d'attirer de nouveaux sponsors.
Vous avez un retour déjà sur les coûts de fonctionnement ?
Le coût de fonctionnement n'est pas énorme. Le gros du coût repose sur l'homologation de la voiture avec de grosses et logiques contraintes de sécurité et l'utilisation de nouvelles technologies coûte également cher, la voiture coûte l'ordre d'une GT4. Sur une base de 8 meetings par an avec 2 courses et qualifications, la voiture est bonne pour 3 saisons.
La voiture est également utilisable pour des stages de pilotage, la technologie électrique présente un avantage dans ce cas : on peut facilement brider et faire évoluer progressivement la puissances de la voiture pour le stagiaire !
Cela vous a fait plaisir de rouler de nouveau à Charade ?
Oui depuis 1999 c'était long ! En plus lors de cette course de F3, j'aurai du faire un podium mais j'ai crevé dans le dernier tour, et c'était ma faute (rires). J'avais le tracé en tête mais les spécificités de ce circuit sont nombreuses.
NDLR : Nous avons eu la chance de pouvoir monter dans la Beltoise BT01, voici de que nous avons pensé de ce baptême.
"Avoir l'occasion de monter dans un prototype électrique avec Julien Beltoise ne se refuse pas... Si je n'avais aucun doute sur les talents du cocher, j'étais tout de même curieux de voir le comportement de la Beltoise BT01 et de savoir ce que cela donne en vrai une voiture électrique destinée à la compétition bien que je m'attendais de toute manière à une voiture très performante."
"Dès la sortie des stands, et ce n'est pas une surprise, l'accélération est foudroyante et le Virage de Manson arrive en un éclair. Les virages suivants sont avalés sans broncher avec un sifflement à l'intérieur de la voiture qui au final est loin d'être désagréable !"
"Le coup de volant de Julien Beltoise est acéré et le bolide file dans la descente vers le Virage du Petit Pont à près de 200. Au final, si je ne rêve pas d'un futur du sport automobile avec uniquement des championnats électriques, quelques à priori sont tombés et je serai curieux de voir un peloton de Beltoise BT01 à la bagarre dans les rues de Pau ! Et l'essence même du sport automobile était là dans cette session en passager : les sensations, l'accélération, les gros freinages... La BT01 n'est pas un rêve d'un inventeur, c'est du concret."