Grâce à l'invitation de Martin Businaro, journaliste à La DH Les Sports + et à l'équipe Comtoyou, j'ai eu la chance de grimper à bord de l'une des 115 voitures engagées pour un relais disputé en pleine nuit lors des Hankook 25h Fun Cup ce week-end sur le circuit de Spa-Francorchamps. Sensations fortes garanties !
Si en rallye, il est courant d'avoir un copilote, ce n'est pas quelque chose de très courant sur circuit d'avoir un passager qui embarque en pleine course officielle ! Cette pratique était très populaire en Argentine, notamment en Turismo Carretera, et ceci jusqu'en 2007. De nos jours, seul le championnat Fun Cup autorise d'avoir des passagers, et j'ai eu la chance d'en faire partie grâce à l'invitation de Martin Businaro, journaliste et pilote pour l'équipe Comtoyou, que je remercie chaleureusement pour leur accueil et leur professionnalisme dans cette petite aventure !
Qu'est-ce que la Fun Cup ?
Les Hankook 25h Fun Cup regroupent à la fois des pilotes amateurs et des pilotes professionnels venus de tous horizons. Si Mattia Drudi, Marco Sorensen, Tom Gamble ou Frédéric Vervisch étaient présents ce week-end, on retrouve également bon nombre de pilotes asiatiques, notamment les pilotes chinois du Teamworks Motorsport engagés en TCR China ou même l'ancien pilote d'IndyCar Kosuke Matsuura, venu diriger l'engagement d'une voiture 100% japonaise qui devait voir Bertrand Baguette à son bord également, mais qui n'a pas pu honorer son engagement en raison d'une blessure. Les équipages pouvant aller de 3 à 8 pilotes, plus de 500 pilotes étaient présents ce week-end à Spa-Francorchamps.
Techniquement, la VW Fun Cup utilise le moteur 2.0 FSI, atmosphérique, qui a été monté dans de nombreux modèles du groupe VW. Si de série, le moteur délivre 150 ch, il est amélioré dans les Fun Cup pour qu'il puisse atteindre les 175 ch. Ce moteur est couplé à une boîte séquentielle à 5 rapports, placée en position centrale arrière. Le poids des versions monoplaces est de 780 kg tandis que les biplaces pèsent 35 kg de plus, sans compter le poids du passager. Comme les GT3, les Fun Cup sont équipées d'une caméra permettant de voir les voitures arrivées derrière nous, ce qui est bien utile surtout de nuit où l'appréciation des distances n'est pas toujours évidente avec la lueur des phares.
L'avantage avec ces voitures, c'est que la mécanique est plutôt simple et surtout très accessible. De ce fait, on peut quasiment tout changer en course y compris le moteur, comme ce fut le cas pour la #007 aux couleurs Aston Martin ! L'opération a été réalisée en 45 minutes par les mécaniciens de Comtoyou. 35 minutes ont été nécessaires pour démonter l'ancien moteur et remonter le nouveau, puis 10 minutes pour faire les tests de bon fonctionnement. Malheureusement, cette voiture connaîtra bien d'autres déboires durant l'épreuve puisque, outre le moteur, le différentiel ainsi que la boîte de vitesses auront également été changés.
Allons en piste !
Au préalable de ma venue, une visite médicale de routine s'impose afin de valider ma licence passager auprès du RACB. Après un bref contrôle auprès du RACB à la tour du circuit, me voilà paré avec le ticket à remettre au commissaire en sortie de pitlane au début du relais. À 23h30, je suis appelé pour m'équiper comme il se doit avec sous-vêtement ignifugé, combinaison aux couleurs de Comtoyou, casque et système Hans bien entendu. La pluie venait de refaire son apparition une vingtaine de minutes avant de s'arrêter de nouveau. J'attends quelques minutes avant que Martin n'arrive dans les stands et je suis immédiatement l'ingénieur qui va sortir le précédent passager pour prendre place dans le cockpit de la Fun Cup #700 du team Comtoyou.
Une fois bien harnaché et confortablement installé, on s'élance sur la piste sèche de Spa-Francorchamps, en plein milieu de la nuit et au milieu d'un peloton d'une demi-douzaine de voitures, idéal pour avoir un peu d'action d'entrée de jeu ! À gauche, à droite, devant et derrière, il y a des voitures de partout autour de nous ! Au fur et à mesure, le peloton s'étire et on se fait dépasser à plusieurs reprises. Forcément, avec 110 kg en plus dans la voiture, cela se ressent tout de suite. Les Fun Cup monoplaces nous rattrapent avec aisance, même si Martin se démène au volant dans les virages, tout en veillant à ne pas trop en faire non plus. Il ne faudrait pas que cela se termine mal !
Le FCY est agité après quelques minutes en raison d'une sortie de piste dans le bac à sable avant Stavelot, ce qui me permet de reprendre un peu mes esprits avant que le drapeau vert soit de nouveau agité. On commence petit à petit à rattraper des voitures monoplaces pilotées par des gentlemen drivers qui n'ont pas forcément l'habitude de rouler de nuit. Certains d'entre eux ont des trajectoires quelque peu hasardeuses et Martin fait tout pour les dépasser rapidement de manière sûre. L'un d'entre eux a même failli faire un tête-à-queue juste devant nous à la chicane des Combes ! Sur la fin de relais, on s'amuse avec la #007 qui est revenue sur nous avant de rentrer au stand et de ramener la voiture au box, étant le dernier passager de la journée, pour le plus grand bonheur de mon estomac qui commençait à me jouer des tours !
Ce qui m'a peut-être le plus surpris, c'est la quantité de grip que peuvent avoir ces voitures. La voiture est très stable dans les virages rapides tandis que les virages lents, comme la dernière chicane, se passent comme sur des rails, à 60 km/h. Cette voiture donne beaucoup de confiance à son pilote et cela se ressent. La limite n'est pas simple à trouver avec autant de grip pour 175 ch, ce qui peut occasionner de nombreux excès de confiance de la part de pilotes peu chevronnés. En termes de sensation de vitesse et d'accélération, on ne peut pas dire que cela soit réellement impressionnant avec 186 km/h en pointe au rupteur avant la chicane des Combes, mais ce n'est pas le but d'une Fun Cup.
Avec autant d'adhérence, les sensations dans les virages sont impressionnantes vues de l'intérieur, en particulier dans le Raidillon où l'on sent clairement la compression dans tout le corps durant la montée. La voiture prenant un peu de roulis, les mouvements de caisse se ressentent surtout au moment des freinages où l'on plonge littéralement en avant dans le cockpit. En tout cas, ce fut une superbe expérience qui me sera utile pour l'écriture des prochains articles, permettant de mieux imaginer ce qu'un pilote peut ressentir à bord d'une voiture de course.
Résultats des Hankook 25h Fun Cup 2025
Pour cette édition 2025 des Hankook 25h Fun Cup, c'est la #556 du No Limit Racing avec l'équipage composé de Maxime Soulet, Kevin Balthazar, Ludovic Bellinato et Alexandre Charlier qui remporte l'épreuve avec un tour d'avance sur la #545 Orhes avec Théo Nouet, Olivier Pernaut, Evan Spenle et Benjamin Rivière.