Pour tous les fans de courses de voitures de tourisme, les années 90 étaient un âge d'or où chaque week-end était marqué par des courses réunissant les plus grandes marques européennes sur les circuits les plus prestigieux du continent. Les marques françaises étaient également de la partie, avec plus ou moins de succès.
1996 : débuts en trombe
Dès sa première saison en 1994, le nouveau championnat allemand de tourisme STW (Super-Tourenwagen-Cup) remporta un franc succès auprès des constructeurs, leur permettant de donner de la visibilité à leurs berlines à moindre coût par rapport au DTM. Sept constructeurs (BMW, Audi, Ford, Opel, Nissan, Mitsubishi et Toyota) et trente deux pilotes, répartis entre des équipes d'usine et privées, prirent donc le départ de la première édition.
Malgré la sortie de quelques constructeurs privés au cours des saisons, le peloton de pilotes continuait de s'agrandir saison après saison et le nouveau championnat continuait de gagner en popularité auprès des constructeurs notamment grâce à son excellent rapport investissement / visibilité. C'est ainsi qu'en 1996 Peugeot fit également son entrée dans le STW, en provenance du championnat de France de Supertourisme.
Dès la première année, contrairement à son aventure en BTCC, le constructeur avait mis toutes les chances de son côté pour s'assurer des bons résultats très rapidement. Le développement du moteur est alors confié à Pipo Moteurs, qui en sort 300 chevaux dès la première saison. Celui-ci est alors accouplé à une boîte X-Trac 6 rapports.
La marque Sochalienne emporte son pilote vedette Laurent Aïello avec elle, qui lui avait permis de remporter le championnat français en 1994, au volant d'une 405 Mi-16. Pour la première saison, il sera accompagné du pilote allemand Altfrid Heger. Celui-ci est un habitué des circuits allemands, ayant participé à cinq saisons de DTM au volant d'une BMW, ainsi qu'aux deux premières saisons du nouveau championnat.
Après un premier week-end compliqué (vingtième et abandon), le deuxième weekend de course sourit déjà au pilote français, celui-ci signant déjà une deuxième place et une victoire. Il continue les bons résultats au cours de la saison (deux victoires et deux deuxièmes places supplémentaires), mais son irrégularité lors des autres meetings le limite à la troisième place au classement des pilotes. De bonne augure pour une première saison.
De son côté, son coéquipier local fait un petit peu moins bien, ne pouvant finir une course mieux que quatrième, et finissant à plusieurs reprises en dehors du top 10. Il finit donc la saison en onzième place au classement pilote. Il permet tout de même à Peugeot d'accrocher la troisième place au championnat constructeur, derrière les allemands Audi et BMW. La berline au Lion est également la meilleure traction du plateau.
1997 : le titre arrive
Pour sa deuxième saison en terre allemande, Aïello change de coéquipier mais pas de nationalité, un allemand en remplaçant un autre. C'est donc maintenant Jörg van Ommen, pilote expérimenté des circuits allemands au sein de Mercedes, qui va passer la saison aux côtés du futur champion français. Techniquement, le moteur est retravaillé par Pipo, qui en tire maintenant 310 chevaux.
Dès la première course de la saison, les pilotes Peugeot affichent leurs ambitions, finissant premier et troisième, avantage au français. Laurent Aïello continue sur sa lancée, remportant plus de la moitié des courses de la saison (onze sur vingt) et prenant la pole position à huit reprises sur les dix week-ends.
Pour les autres courses, il ne finît qu'à trois reprises en dehors du podium. Il va donc sans dire qu'il remporte le titre pilote à l'issue de la saison, mais pas haut la main. En effet, les deux pilotes BMW Johnny Cecotto et Joachim Winkelhock font également une excellente saison, ne laissant filer qu'une seule victoire lors des courses non remportées par le français.
Le pilote allemand de chez Peugeot est alors bien en retrait par rapport au trio de tête, ne montant qu'à cinq reprises sur le podium. C'est d'ailleurs ce retard qui va coûter le championnat constructeur à Peugeot, au profit de la marque à l'hélice.
Audi, qui avait survolé la saison précédente grâce à son système Quattro, voit ses voitures à quatre roues motrices obligées de transporter une ballast de poids, les rendant beaucoup moins compétitives.
Le système est même interdit à partir de la saison 98, raison pour laquelle certains pilotes de la marque aux quatre anneaux roulent sur des A4 Traction, pour développer les voitures pour la saison suivante. Les voitures d'Ingolstadt ne retrouvent malheureusement par leur gloire d'antan après ces pénalités, mais elles permettent à un certain Yvan Muller de faire ses premiers tours de roue outre-Rhin.
1998 : une compétition féroce
Pour sa dernière saison en terre allemande, Peugeot décide de conserver son line-up de pilotes. Le début de saison est plus ouvert que lors des éditions précédentes, quatre pilotes (Uwe Alzen, Manuel Reuter, Roland Asch, Johnny Cecotto) remportant les quatre premières courses. Cependant, le pilote vénézuélien Cecotto prend rapidement une avance conséquente sur le reste du peloton en remportant les deux courses suivantes. Laurent Aïello reste au contact du pilote sud-américain en s'adjugeant quelques podiums en première partie de saison.
Le pilote français remporte cependant quatre courses d'affilée en fin de saison, le remettant dans la course au titre juste avant les deux courses du dernier week-end. En finissant troisième de la première course, Aïello aborde la dernière course de la saison en tête du championnat pilotes, un point devant son rival. Cependant, en finissant seulement sixième de la deuxième course, alors que le pilote vénézuélien finit quatrième, il laisse filer le titre pour trois petits points.
De son côté, le pilote allemand est à nouveau en retrait, s'adjugeant seulement une victoire et un podium au cours de la saison, se classant au final dixième. Le constructeur au Lion finit alors deuxième du championnat constructeur derrière Opel.
Comme pour le BTCC, Peugeot quitte le championnat allemand à l'issue de la saison 98, une certaine Peugeot 206 WRC faisant son apparition sur les pistes de rallye l'année suivante, et monopolisant la majorité du budget de Peugeot Sport. La carrière de la 406 Supertourisme n'est cependant pas finie, celle-ci se rabattant notamment sur le championnat de France de Supertourisme, qu'elle remportera haut la main en 99 et 2000, avec William David à son volant.
De son côté, le pilote français Aïello change à nouveau de pays, décidant de prendre le volant d'une Nissan Primera en BTCC pour la saison suivante (la livrée jaune si typique de la Peugeot 406 STW correspond à la marque allemande de bière Hasseröder, sponsor de la voiture. On la retrouvera également sur plusieurs Audi).