Angélina Favario est une jeune pilote de Formule 4 âgée de 18 ans. En 2018 elle obtient la 3e place du trophée de la ligue Rhones-Alpes en karting tout en étant la seule pilote féminine.
Elle a déjà commencé à se créer une belle carrière sur neige en ayant terminé première au Trophée Andros à Val Thorens, en 2020 elle termine quatrième sur le tracé de Lans-en-Vercors et pour finir une quatrième place également à Serre-Chevalier cette année. Cette saison, la jeune femme participe au championnat de France de Formule 4 en étant la seule féminine.
Angelina Favario en F4 France
Qu'as-tu ressenti lors de tes premiers tours en course ?
Avant de faire ma première course, je ne pensais vraiment pas avoir ces sensations-là. C'est complètement différent de ce que je m'attendais, ça n'a vraiment rien à voir. Quand on est dans la monoplace, c'est un autre monde. Je ne vois plus tout ce qui m'entoure et je suis dans ma bulle.
À partir du moment où j'ai mis le casque, je n'entends plus rien autour sauf mes concurrents, ma monoplace et moi-même. Je suis très concentrée, rien ne peut me déranger. Ce qui est cool, c'est que je me sens de plus en plus à l'aise et en confiance avec la monoplace.
L'ambiance est-elle bonne en Formule 4 ?
L'ambiance est très bonne. Dans mon équipe, j'ai un homme et la seule femme du pôle des mécanos. En tout, je pense qu'il y a une vingtaine de mécaniciens. Tous sont à l'écoute et vraiment très gentils. Le relationnel entre les mécanos et les ingénieurs doit être idéal si on veut rapidement progresser et de ce côté là, la FFSA s'est très bien organisée. On peut dire que ce sont des relations de confiance qui se sont établies entre le cercle des pilotes / mécaniciens et ingénieurs.
Qu'elles sont les sensations dans une F4 ?
Au début j'étais beaucoup stressée car on devait partir un par un. Sur la grille de départ, quand les feux s'éteignent, il faut à tout prix essayer de se décrisper mais c'est très compliqué de parvenir à se détendre lors d'un départ. Ceci dit, je m'attendais à pire car mes départs étaient corrects dans l'ensemble et le stress redescendait petit à petit dans la course. Après la course, dès que l'on a quitté la monoplace, on a envie de repartir aussitôt et surtout pour s'améliorer car je suis toujours très insatisfaite de moi-même, je suis une perfectionniste.
Tu vis comment le fait d'être la seule femme en F4 ? Quel est le regard des autres envers toi ?
Honnêtement, pour l'instant ça va hormis le fait que je suis constamment exclue. Les autres pilotes ne viennent pas me voir ou ne vont pas me demander comment s'est passée la course alors qu'ils sont tous en train de discuter entre eux de leur côté. J'ai essayé d'aller vers eux, mais je n'ai pas eu de retour. Après tout le fait d'être exclue ne me dérange pas car j'aime être seule.
En dehors de la F4, il y a beaucoup de jeunes filles qui me demandent sur les réseaux sociaux si ce sport est autorisé pour les femmes car en F1 et en F2 elles n'en voient pas. Je les comprends et je leur réponds, que oui, c'est autorisé et que tout est possible. Ce n'est pas parce que l'on est une femme que l'on ne peut pas y arriver.
Justement être une femme et se différencier de tous les hommes apportent une certaine force et de la détermination. Je reçois aussi beaucoup de messages bienveillant à qui je réponds avec plaisir car je suis une personne très ouverte à ce sujet là et je veux prouver que les femmes ont leur place dans le sport automobile.
Raconte-moi ton moment préféré du weekend
Mon moment préféré du week-end est sans hésiter ma première course. Pourquoi ? Et bien parce que malgré le stress que j'avais, ma première grille de départ était juste magique. C'est ce genre de moment que tu raconteras à tes 50 ans comme si c'était hier. Je voudrais dire aussi que j'ai vraiment de la chance d'avoir cette incroyable opportunité.
Dans le global, comment décrirais tu ton premier meeting de course ?
Je dirais qu'il a été très positif, car je suis très contente d'avoir pu voir ce qu'était la F4 de l'intérieur. Je vois que je dois encore faire beaucoup de travail et j'ai vraiment hâte d'être à la prochaine course !
Quelle expérience tires-tu de Nogaro ?
Encore une fois, que du positif ! C'est vraiment une piste très physique sur laquelle j'ai pu beaucoup apprendre. Ce que l'on ressent beaucoup, c'est que la monoplace demande beaucoup d'intensité dans les bras et mentalement. À Nogaro, il faisait beau, les conditions étaient idéales. Je n'ai rien tiré de négatif de tout le week-end si c'était à refaire je le referai.
À présent, sur quel circuit as-tu hâte de rouler avec la F4 ?
Sur le tracé de Monza. J'ai vraiment envie de rouler sur ce circuit cette saison car j'avais été voir des amis pilotes rouler sous la pluie et j'en suis sortie en voulant vraiment rouler dessus. De plus, il y a beaucoup de catégories qui ont roulé sur ce circuit qui est mythique. Malheureusement, il n'y a pas le circuit de Spa-Francorchamps au calendrier de la F4 cette année sinon ce serait lui sans hésiter.
Quel est ton objectif de cette saison ?
J'en ai plusieurs. Le premier, c'est d'être dans le top 10 le plus tôt possible. Je suis ambitieuse mais réaliste et je sais que beaucoup de pilotes ont beaucoup de roulage dans les jambes comparé à moi et le roulage aide énormément. Je sais qu'il y a beaucoup de niveau dans cette catégorie et il y en a qui redouble la saison de F4. Mon second objectif est de saisir une opportunité pour mener la course devant lors de la grille inversée. Mon ambition pour cette saison est d'apprendre et progresser avant tout.
As-tu un projet à long terme ?
Mon but est d'atteindre le plus haut niveau en monoplace en F1 ou en Formule E par exemple. C'est mon seul et unique plan car si je commence à penser à un plan B, ça va mettre un frein à ma détermination.
Physiquement, mon but est de me muscler encore et encore, car le sport automobile est un sport physique. Actuellement, je m'entraîne 5 jours dans la semaine à faire du cardio, du vélo, de la course à pied et de la musculation. Je muscle beaucoup le dos, les cervicales, le gainage et les bras.