Ce fut l'événement de la fin d'année 2019 pour les fans d'Endurance et des 24 Heures du Mans, la sortie de "Le Mans 66". Déjà érigé au rang de chef d'œuvre comme le fut le dernier film sur la F1 : Rush, sorti en 2013. Voici 10 raisons pour vous convaincre de regarder ces films.
Il y a des fans de sport automobile qui aiment tout ce qui a un moteur et 4 roues (et même seulement 2 roues...), et d'autres qui ne vivent que pour l'Endurance qui piaffent d'impatience d'aller aux 24 Heures du Mans, et ceux qui ne jurent que par la F1. Mais finalement, tant qu'il y a un drapeau à damier à l'arrivée, la passion ne mérite-t-elle pas d'être vécue ?
Le match Rush / Le Mans 66
Il ne s'agit pas ici d'établir une critique cinéma, ni de pointer les arrangements de l'histoire scénarisée, arrangée, mise sur grand écran pour façonner un spectacle plus prenant, plus prisant ou plus captivant pour n'importe quel quidam ! On va simplement donner les bons points qui méritent que l'on s'intéresse à ces deux films.
1 - Le Mans 66 : pour la rivalité
Les deux films narrent la rivalité de pilotes et de firmes automobiles ce qui a du bon pour la dramaturgie. D'un coté pour Rush, l'autrichien Niki Lauda face au britannique James Hunt pour le titre du Champion du Monde de F1 1976 et de l'autre côté pour Le Mans 66, ce sera le duel Ferrari / Ford pour les 24 Heures du Mans 1966.
Dans le cas de Rush, on assiste au duel entre Lauda et Hunt qui sont au sommet de leur carrière de pilotes de F1 des années 70, le titre cette année-là sera au paroxysme après l'accident grave de Lauda qui manqua quelques courses et qui renonça à son duel au dernier Grand Prix du Japon 1976 à Fuji.
Dans Le Mans 66, il s'agit d'une bataille de firmes, les italiens de Ferrari et les américains de chez Ford. Mais en plus des constructeurs, il y a les ego de deux hommes : Enzo Ferrari et Henry Ford II. Cette lutte d'orgueil et le rachat avorté de Ford sur Ferrari lancera les américains dans la classique Mancelle que Ferrari venait de remporter à 6 reprises consécutivement. La suite, on la connait, cette rivalité fut plus exaltante car à défaut des Lauda et Hunt, elle ne pouvait plus avoir le même point de rivalité, c'était la naissance du duel !
2 - Rush : pour la précision historique
C'est le principal protagoniste encore en vie au moment de la sortie du film qui livrera le meilleur avis possible : Niki Lauda. "Quand je l'ai vu pour la première fois, j'ai été impressionné, il n'y a pas eu de changement dans sa retranscription par Hollywood. Il n'y avait pas ces petits changements comme peuvent le faire parfois les scénaristes d'Hollywood, c'est très précis et cela m'a surpris positivement." Voilà ce que déclarait le triple Champion du Monde de F1 autrichien.
Dans la version de Le Mans 66, certains détails s'arrangent un peu avec la vérité, comme la mort de Ken Miles ou la présence d'Enzo Ferrari au Mans. Des entorses faites à la réalité pour appuyer un peu plus la dramaturgie du scénario que l'on pardonne facilement.
3 - Le Mans 66 : pour les voitures
L'air de rien, les voitures sont les héroïnes de ces films à thématique. Dans Le Mans 66, c'est la Ford GT40 qui tient la dragée haute, non pas parce qu'elle va s'imposer (ah bon, on vous spoile ?) mais tout simplement parce qu'elle est iconique... D'ailleurs, elle a tellement d'impact visuellement et au niveau marketing, que seuls les passionnés de la première heure sont capables de donner le nom du modèle de la Ferrari qui est battue...
Dans Rush, les F1 ne prennent pas le pas sur l'histoire, il s'agit du duel Lauda / Hunt et la tragédie de l'histoire qui l'entoure. Quant à reconnaître les F1 entre elles pour le quidam, une Ferrari c'est rouge et les autres ? Et oui, personne ne se souvient de la voiture de James Hunt (restez jusqu'au bout de l'article, ça va être quand même intéressant...).
4 - Rush : pour l'histoire hors-piste
En dehors de voir des voitures qui roulent, il y a quand même une histoire avec des personnages, une intrigue, des faits historiques... C'est Rush qui s'en sort le mieux et qui racontent l'environnement autour des pilotes, notamment dans les personnages secondaires que sont les femmes des pilotes.
Si James Hunt est bien dépeint comme un tombeur accroc aux drogues et à l'alcool... Il finira par divorcer, par opposition on voit la femme de Niki Lauda lui apporter tout son soutien après ses brûlures, notamment au visage et de rester sa fidèle compagne. Dans Le Mans 66, on se focalise sur l'histoire de cette voiture qui doit battre la Ferrari aux 24 Heures du Mans avec des pilotes qui ne sont que... des pilotes !
5 - Le Mans 66 : pour le casting
En tant que spectateur, lorsqu'on veut se faire une toile, on y regarde d'abord le casting ! Dans un film qui retrace la course automobile, on se dit que c'est pas tellement utile, et pourtant ! La palme du casting revient à Le Mans 66 qui a réussit à faire signer Jason Bourne et Batman... Pardon, Matt Damon et Christian Bale !
Oui, ça fait un casting 5 étoiles ! A côté, Rush met à l'affiche Chris Hemsworth -James Hunt- (Thor, Star Trek) et Daniel Brühl -Niki Lauda- (ils ont embauché un acteur qui s'appelle Brühl pour incarner Niki Lauda...), la vraie star de Rush c'est son réalisateur : Ron Howard.
6 - Rush : pour les séquences de course
Les voitures de course sont filmées avec précision et avec le plus grand soin dans les deux films, mais Ron Howard, à qui l'on doit "Da Vinci Code" ou encore "Solo : A Star Wars Story", a réussi à faire un meilleur travail pour nous mettre dans la peau du pilote.
Dans un cinéma 4DX d'aujourd'hui, il nous manquerait plus qu'un volant pour nous y croire ! Mais c'est un parti pris des deux réalisateurs où Rush immerge le spectateur à la place du pilote là où Le Mans 66 laisse le spectateur... derrière le grillage ! (on passe un petit bonjour à la Team Grillage...).
7 - Le Mans 66 : pour l'ambiance sonore
Un film de sport automobile qui ne vous fait pas vibrer les tympans, ça gâche le spectacle ! Et bien, les crissements des pneus, les vrombissements des moteurs et les hurlements des gaz d'échappement font de Le Mans 66 un grand chef-d'œuvre acoustique.
Et puis la nostalgie opère, un bruit d'une Ford GT40 ça ne s'entend pas tous les jours... et on ne peut pas dire que les récentes éditions des 24 Heures du Mans caressent vos oreilles de la même façon ! Dans Rush, les ambiances sonores sont bien réalisées, mais la magie opère moins ! Le Mans 66 obtiendra d'ailleurs en 2020, l'Oscar du meilleur Montage Sonore, ainsi que celui du meilleur Montage.
8 - Rush : pour la dramaturgie de l'accident
En dehors de la querelle d'ego entre Ferrari et Ford, aux 24 Heures du Mans, il faut un gagnant ! Et même si l'édition de 1966 compte son lot d'accidents, ils ne sont pas le point central de la narration. Mais Rush revient sur cette lutte entre Lauda et Hunt en 1976 où l'autrichien sera victime d'un terrible accident à la Nordschleife pour le Grand Prix d'Allemagne.
Un accident prévisible et que Niki Lauda redoutait plus que tout ! Le matin même de la course, une réunion fut improvisée avec tous les pilotes pour essayer d'annuler le Grand Prix en raison des conditions pluvieuses qui rendaient la piste chaotique ! Alors que la F1 payait un lourd tribut, Niki Lauda essaya d'éveiller les consciences... en vain !
Il perdra le contrôle de sa Ferrari qui tapera le rail et partira dans un brasier qui manqua de lui coûter la vie. De sérieuses brûlures aux poumons, aux voies respiratoires et au visage ne mettront pas un terme à sa carrière. L'autrichien reviendra derrière un volant... 4 semaines après son terrible accident !
9 - Le Mans 66 : pour le titre du film
Parfois les bons films n'ont pas un titre très attrayant, mais ceux qui en ont un rapportent immédiatement un fort succès... et de jolies sommes. Le Mans 66 (Ford v Ferrari aux USA) annonce clairement la couleur et ne trompe pas le spectateur, on sait ce que l'on va voir.
Pour Rush, c'est déjà plus complexe, cela aurait même pu lui coûter un peu d'attrait au quidam qui aurait passé son chemin trop vite ! Qu'est-ce donc que Rush ? Un reboot de Rush Hour ? Non merci... Une ruée vers l'or ? Quelqu'un nous explique ?
10 - Rush : pour la leçon de vie
Ce n'est pas forcément nécessaire mais parfois, on peut tirer une morale ou une leçon de vie d'un film. C'est le petit plus qui achève le spectateur d'avoir non seulement assouvi son désir de voir de belles luttes en sport automobile, mais en plus de retenir une issue positive à laquelle il aimerait adhérer et une façon de s'identifier facilement à l'un des personnages du film.
Dans Rush, James Hunt est talentueux mais survolté, il consomme tout ce qu'il peut s'accaparer. Les voitures, les femmes, les drogues, l'alcool, il pilote vite, mais il consomme encore beaucoup plus vite son capital d'essence de vie... Après son seul titre de Champion du Monde en 1976 (ah... on vous spoile encore ?), James Hunt prendra sa retraite deux ans plus tard et décédera à l'âge de 45 ans (1993) d'une crise cardiaque.
De son côté, Niki Lauda, le rescapé de son brasier de 1976, ira chercher un second titre en 1977 et un troisième en 1984 avant de raccrocher les gants la saison suivante. Celui que l'on surnomme l'Ordinateur est un pilote méticuleux, très propre, ordonné, il incarne la résilience et la détermination. Après sa carrière F1, il prendra possession d'une compagnie aérienne avant de revenir dans le match, à la tête de Jaguar F1, puis chez Mercedes afin de convaincre un pilote de les rejoindre... un certain Lewis Hamilton ! Niki Lauda succombera à des complications pulmonaires au mois de mai 2019.
Épilogue
Ces deux films sont très bons, et comme vous l'avez vu, on ne critique pas à charge l'un ou l'autre, on ne refait pas l'histoire, on essaye juste de tirer le meilleur de l'un et l'autre. Vos avis seront sans doute différents, mais si vous comptez les points... il y a égalité parfaite !
Ces deux films sont à voir, bien plus qu'un "Driven" ou un "Michel Vaillant" (qui sont les nanars du Sport Auto utiles au cinéma), mais dans les deux cas, vous verrez une lutte Ferrari contre Ford ! Dans Le Mans 66, c'est une évidence, dans Rush, Niki Lauda est un pilote Ferrari, James Hunt est au volant d'une McLaren-Ford !
Source et images : ScreenRant