Stéphane Clair, directeur général du Circuit Paul Ricard, revient sur la saison 2018, avec notamment le grand retour du Grand Prix de France de F1.
Revenons sur l’année 2018. C’était une année fabuleuse pour vous, avec le retour du Grand Prix de France de F1. Si vous deviez décrire cette année en un mot, ce serait lequel ?
C’est l’année de la renaissance du circuit. Le travail qu’on a mené depuis quelques années pour faire revenir un certain nombre de compétitions de sports mécaniques et d’ouverture vers le grand public est abouti, même si jamais rien ne l’est. Mais les grands enjeux et les grands objectifs qu’on s’était fixé ont été tenus cette année pour la première fois. L’idée était de récupérer une course de moto qui s’appelle le Bol d’Or, une course très populaire qu’est le Grand Prix Camions et le Grand Prix de F1.
Finalement, 7 ou 8 ans après avoir mené cette ligne et cette stratégie, c’est l’année où tout s’est réalisé pour la première fois avec toute la difficulté que ça comporte d’être en année 1 d’un événement comme le Grand Prix de France de F1 qu’on n’a pas vu, nous ici, depuis 30 ans et qui n’était pas là depuis 10 ans en France. Les choses avaient changé. Les attentes sont parfois compliquées à comprendre car on ne sait jamais ce qu’attend le public et on sait, à priori, un peu mieux ce qu’attendent les pilotes et les équipes. C’est le mélange de tout ça qui fait que c’est difficile d’être sûr d’être prêt à 100% et tout l’enjeu était là : être prêt à accueillir cette saison incroyable.
Comment prépare-t-on en interne autant d’événements sur une année, qui ont chacun un cahier des charges différents ?
En fait, l’idée est que nos installations soient prêtes à être multifonctionnelles, c’est-à-dire à accueillir aussi bien de l’auto que de la moto, du camion, du vélo ou de la course à pied. Quand on fait les travaux, qu’on réfléchit à mettre en œuvre des dispositifs particuliers pour l’un ou l’autre des organisateurs, on réfléchit à quoi cela pourra servir pour les autres et essayer de ne pas faire uniquement du 100% F1, 100% endurance ou 100% GT.
L’idée, c’est vraiment de se dire à chaque fois « est-ce que ça correspond à toutes les attentes ? » et parfois discuter avec les fédérations, comme là avec la FIA et la FIM. Il faut savoir qu’aujourd’hui, quand on veut aménager un circuit, il faut faire attention à ce qu’il ne soit pas dangereux pour les motos, par exemple. Il y a désormais un dialogue qui est constant et permanent entre les fédérations pour que quand on choisit de faire tels ou tels travaux, pour que ça correspondent à l’ensemble des attentes. Ça, c’est pour la partie infrastructure.
Pour la partie humaine, la F1 est un sujet qu’on traite depuis 2 ans ici, pour lesquels chacun s’est préparé que le jour J, tout soit prêt à fonctionner. Je pense que de ce côté-là, on a eu que des félicitations. Les prestations rendues par le circuit étaient de bonnes qualités, bien jugées par tous. On a évidemment des progrès à faire d’une année zéro à un événement année 2, il y a un effet expérience qui est important. C’est à partir de cette expérience qu’on va bâtir le succès des prochaines années.
L’investissement réalisé par le circuit cette année pour les nouvelles tribunes par exemple a été plus important que prévu ou le budget a-t-il été respecté ?
Les budgets du Grand Prix ont été respectés. Il n’y a pas eu d’écart. En revanche, nous avons voulu mettre les petits plats dans les grands, c’est-à-dire de répondre à l’ensemble des sollicitations qu’on a pu avoir, en particulier sur la piste. On n’était pas obligé de modifier notre piste. On l’a fait parce qu’on voulait que le spectacle soit au rendez-vous et que la piste soit de qualité. La somme de ces investissements est forcément très importante puisque c’est porté par une entreprise privée. Comme il n’y a pas de subventions, hormis celle à l’exploitation du Grand Prix que perçoit le promoteur et pas le circuit, on a beaucoup dépensé d’argent, beaucoup investi, mais en le faisant pour le futur. Maintenant, chaque organisateur qui vient sur le circuit est ravi et il n’y a pas un briefing où le directeur de course d’une épreuve annonce à ses pilotes qu’ils vont pouvoir bénéficier des aménagements qui ont été rendus possible par le retour du Grand Prix de France de F1.