A quelques jours du Rallycircuit sur le Circuit Paul Ricard, Stéphane Clair, le directeur du circuit, répond à nos questions pour cette deuxième édition de ce rallye qui clôture la saison 2019.
C'est du 6 au 8 décembre que se déroulera au Circuit Paul Ricard, le Rallycircuit. Une compétition ouverte aux professionnels ainsi qu’aux amateurs, l'occasion de nous entretenir avec le directeur du circuit, Stéphane Clair, qui évoque l'importance de cet événement. On l'a aussi questionné sur ce que nous réserve le circuit, notamment pour son demi-siècle d'existence l'an prochain.
C'est la deuxième édition du Rallycircuit, que représente cet événement en plus de clôturer la saison du circuit ?
Avant le Rallycircuit, cette semaine nous accueillons toutes les voitures qui vont participer au Dakar 2020 pour procéder aux vérifications techniques. Pendant deux jours, le public pourra découvrir le parc d'assistance ce mardi et mercredi. L'occasion rêvée pour les amoureux d'approcher ces autos qui vont affronter les dunes. Cette semaine c'est 100% rallye au Circuit Paul Ricard, le raid avant l'asphalte.
C'est la deuxième édition du Rallycircuit, l'an dernier l'événement n'avait pas eu lieu car nous effectuions les travaux pour la F1. Cette année, pas de problèmes nous organisons le Rallycircuit qui est un vrai rallye.
Les voitures ne vont pas rouler uniquement sur le circuit, mais sur des pistes attenantes. Et lorsqu'on va rouler sur le circuit, il y avoir des chicanes aménagées, toutes les variantes du tracé seront utilisées et ils vont pouvoir l'arpenter dans tous les sens. Au total, ce rallye sera 100% asphalte avec 120 km à parcourir sur 9 spéciales différentes, ce qui fait une distance légèrement supérieure à ce qu'on peut voir sur des rallyes nationaux.
"Rallycircuit est un vrai rallye, 100% asphalte"
Tout sera centralisé autour des infrastructures du circuit, le parc d'assistance sera à disposition du public pour une proximité totale. Ils vont pouvoir être aussi dans les tribunes et ils pourront assister à deux spéciales en simultané en ayant une large vue depuis le toit du bâtiment principal. Et puis, le public va pouvoir bénéficier de la sécurité et des infrastructures du circuit et venir en famille sans avoir les moindres craintes.
Quant aux participants, ils vont aussi pouvoir monter des opérations de communication en profitant des installations du circuit, un large paddock que l'on ne voit évidemment pas sur les rallyes traditionnels, ils auront à disposition l'eau, l'électricité et internet, tout est goudronné, ils vont avoir un confort total.
Quant à ce Rallycircuit, il se terminera le dimanche en tout début d'après-midi et on va organiser ensuite un show autour de la chicane du circuit que l'on va réaménager pour offrir des affrontements parmi les meilleurs pilotes en duel. Un face à face en course-poursuite pour désigner un champion qui aura éliminé les 24 concurrents face à lui.
Comment définissez-vous l'idée du Rallycircuit, est-ce un événement festif ou une vraie compétition ?
L'idée du Rallycircuit est qu'en fin de saison, quand la plupart des championnats sont terminés, on puisse accueillir les pilotes les plus connus pour s'essayer au rallye. On en veut pour preuve la présence du vice-champion de F1, Valtteri Bottas. On veut qu'un maximum de pilotes puissent être présents pour cet événement.
C'est un rallye qui est aussi ouvert aux amateurs, pas seulement aux professionnels et l'idée est d'en faire une fête de fin d'année du sport auto. Cette année, on a manqué de chance car la saison de rallye s'est mal terminée (un rallye annulé) et il y a eu des transferts tardifs, donc certains plans que l'on avait imaginés n'ont pu être réalisés.
Certains pilotes se sont retrouvés indisponibles, d'autres sont à la recherche active d'un programme pour l'an prochain et certains pilotes qui voulaient être présents, comme Sébastien Loeb, sont engagés sur d'autres manifestations. En revanche pour 2020, on a déjà fixé la date et les écuries sont informées. L'idée est qu'à terme on fixe cette date comme un incontournable et que le public s'y retrouve chaque année, une façon de bien clôturer l'année.
Quelles sont les attentes en termes de fréquentation et de médiatisation, comment en faire un événement majeur ?
On a la chance pour cette deuxième édition d'avoir 6 voitures WRC, 15 autos R5 et des R4, ça signifie qu'en terme de niveau pour le rallye, on va avoir un plateau relevé et spectaculaire, que ce soit dans la catégorie moderne et même historique. Ensuite, l'intérêt est d'y voir des pilotes de monoplaces ou d'endurance qui viennent s'y essayer pour la première fois. C'est une façon pour eux de retrouver un circuit qu'ils connaissent, reste à eux à s'adapter à la voiture.
Ensuite, pour ce qui est de la fréquentation, nous avions eu une belle première édition, nous espérons avoir la même chose cette année. En tenant compte de la période de l'année, si nous voyons une dizaine de milliers de personnes, ce sera un beau succès. Ensuite les TV, les presses spécialisées seront représentées, il en va de même pour les sites internet dédiés. On a la chance de pouvoir communiquer et de se faire voir, plus facilement que certains circuits nationaux, donc on espère capitaliser sur cet engouement.
Comment arrive-t-on convaincre Valtteri Bottas de faire le Rallycircuit ?
Valtteri Bottas est un très grand passionné des rallyes, c'est la raison pour laquelle il a répondu favorablement. Lorsqu'on a contacté tous les pilotes de F1, certains débutent à cette période-là leurs vacances de fin de saison ou d'autres sont occupés avec leur équipe respective.
Aujourd'hui, des pilotes sont encore à Abu Dhabi pour des essais et n'ont pas pu faire le déplacement bien qu'ils le souhaitaient comme nos trois pilotes français en F1. Donc c'était compliqué d'avoir plus de pilotes de F1 connus. Mais pour Valtteri Bottas c'était plus facile, il habite à Monaco non loin du circuit, il s'est rendu disponible. Et puis, les personnes qui viendront au circuit verront à quel point c'est un pilote accessible, bienveillant mais surtout qu'il est très rapide même en rallye.
Concernant le circuit, on peut y voir toutes sortes de disciplines, de l'historique, de la monoplace, du GT, de l'endurance, des motos, camions, vélos et la F1... Comment fait-on pour concilier tout ceci dans le calendrier, avez-vous dû dire non à certains organisateurs de championnats ?
Malheureusement, oui, cela nous est arrivé de devoir dire non à certains championnats car les week-ends ne sont pas extensibles. Il nous reste de la place en semaine, mais bien entendu, c'est le week-end que l'on organise les courses.
Aussi, on essaie de ne pas trop enchaîner des courses tous les week-ends car on ne peut pas solliciter le public en permanence, cela devient vite compliqué de tout concilier. Ensuite, la plupart des saisons débutent parfois au mois de mars et se terminent en octobre, mais on travaille pour le futur pour accueillir de nouvelles disciplines. Et puis, il y aura certainement certains championnats qui pourront décider de ne plus venir et certains autres d'y revenir, donc on travaille en permanence sur le sujet.
"Nous sommes toujours candidats aux essais hivernaux de la F1"
Pour les essais hivernaux de la F1, avez-vous eu l'idée de les accueillir au mois de février ?
Nous étions candidats cette année pour recevoir les essais d'inter-saison de la F1 mais, le Grand Prix d'Espagne était en difficulté pour garder sa place et c'est le circuit de Barcelone qui a conservé ces essais d'hiver pour se donner toutes les chances. Le plan était d'aider Barcelone que l'Espagne conserve son Grand Prix, mais nous avions des discussions très avancées pour les essais hivernaux. Néanmoins, on reste candidat pour les années à venir.
On discute aussi avec la FOM et les écuries pour organiser un événement en début d'année avec les Formule 1 sur le circuit. Ce serait comme un Festival que la F1 organise déjà, mais on aimerait que cette opération de communication soit aussi accessible à ceux qui ont déjà acheté leur billet pour le Grand Prix à venir.
Les structures du circuit évoluent sans cesse, quels sont les prochains projets ?
Nous avons quelques projets dans les cartons, nous sommes actuellement en pleine réflexion et on travaille sur le sujet. Des modifications pourraient être apportées au tracé d'ici la réouverture au mois de février. Nous sommes en discussion avec la FIA et la FOM pour faire différentes simulations afin d'évaluer les potentiels changements et de valider si cela apporte plus de dépassements en course.
Ensuite sur nos infrastructures, on réfléchit à la création de tribunes construites en dur car actuellement ce sont des installations démontables. Les attentes des spectateurs vont nous amener à proposer quelque chose de différent. Cette tribune dans la ligne droite des stands pourrait donner lieu à un réceptif et on veut offrir des capacités d'accueil d'un nouveau genre, plus confortables, plus connectés. Ce sont des projets coûteux qui nécessitent un temps de mise en place, on ne pourra pas les voir immédiatement sur le circuit mais pourquoi pas d'ici un et demi. On pense aussi à un espace dédié au eSport, car on pense que la discipline a de l'avenir et on veut occuper ce terrain-là également.
Quelle est la politique du "vert" sur le circuit aujourd'hui, quelles sont les idées écologiques adoptées ?
Si je peux vous donner un scoop, nous avons été reconnus par la FIA comme le premier circuit en Europe à avoir obtenu le label 3 étoiles pour l'ensemble de nos processus et nos efforts en terme sd'écologie. C'est une longue étude qui a duré près d'un an et cela a fait l'objet d'inspections minutieuses concernant nos actions de respect de l'environnement.
Il y a eu une Commission qui est pilotée par des Nordiques (très rigoureux en la matière) qui a été étonnée de nos actions sur le tri des déchets, de la récupération des eaux de pluie pour arroser les espaces verts ou la piste, les mesures de qualité de l'air, la vérification de la faune et la flore environnante où on veille avec un inventaire que toutes les espèces soient croissantes.
Et enfin, le circuit mène une politique sociétale de l'entreprise avec une parfaite équité entre les hommes et les femmes, du bien-être de ses employés et collaborateurs, ce qui fait que lorsqu'on additionne tout ça, on est une entreprise exemplaire sur le sujet.
"Les 50 ans du circuit célébrés toute l'année sur tous les événements"
En 2020, nous allons fêter les 70 ans de la F1, les 50 ans du circuit, à quoi peut-on s'attendre en termes de festivités ?
L'idée est bien évidemment que cela soit une année exceptionnelle, que l'on profite de la vitrine des 70 ans de la F1 pour avoir un événement marquant et très populaire. Mais, on va aussi profiter de chaque événement tout au long de l'année pour rappeler l'histoire du circuit. On va pouvoir par exemple se remémorer 50 ans de motos, 50 ans des voitures de sport, 50 ans de monoplaces venues ici, la Formule 1 a aussi foulé à de nombreuses reprises le Circuit Paul Ricard.
Il y a des ouvrages qui sont à l'écriture et quelques sujets vidéos aussi en préparation, mais les événements de l'an prochain vont aussi faire l'objet de cette célébration. On veut montrer l'évolution des compétitions et du circuit à travers tous les âges.
Nous avons vécu un drame cette saison avec la disparition d'Anthoine Hubert, sa dernière victoire s'est déroulée sur le Circuit Paul Ricard, a-t-il été envisagé qu'un virage soit baptisé en son nom ?
Ce drame nous a tous touché, nous étions proche d'Anthoine Hubert et quand ces tragédies arrivent cela remet beaucoup en cause nos certitudes... On se demande parfois si le challenge en vaut la peine. Nous avons réfléchi comment nous allions honorer la mémoire d'Anthoine Hubert, il y aura quelque chose de fait l'an prochain, c'est certain. Un virage à son nom, la famille ne l'a pas souhaité, et aucun des virages du circuit ne porte de noms de pilotes.
Dans un sens, Anthoine Hubert ne nous appartient pas et nous ne voulions pas nous approprier cela, nous avions eu les mêmes réflexions lors de la disparition de Jules Bianchi qui était de la région. Ils restent tous dans nos mémoires, dans nos cœurs, mais on a discuté avec la famille d'Anthoine et quelque chose sera organisé en son nom.
Crédits photos : Morgan Mathurin - Circuit Paul Ricard / France Racing