Samedi 14/04/18 : « le Jour le plus long »

Etape Gobernador Gregores / Los Antiguos.

Après un briefing à 8h du matin, les équipes et le staff ont affronté l'une des étapes les plus difficiles et longues du parcours : 414 kilomètres de steppe patagonique sans presque aucune localité sur le chemin.
Après 120 kilomètres, petit arrêt dans une auberge perdue dans l'immensité pour une pause café pour les uns et un bon déjeuner pour le Team les Athlètes du Bien-être (vélo), qui en a profité pour discuter  avec Miguel, le nouveau propriétaire. L'hôtel se trouve à 20 km du lac Strodel réputé pour la pêche à la mouche de très gros spécimens de truite.

L'arrêt suivant s'est effectué à Bajo Caracoles, un point stratégique pour aller visiter la grotte de las Manos même si le hameau ne réunit qu'une quinzaine de maisons. C'était aussi le seul endroit possible pour réaliser une recharge partielle compliquée dont la durée plus longue que prévue a permis aux concurrents de déjeuner et de se rendre à la cueva préhistorique riche en peintures rupestres de mains et de guanacos.

La moto du Team Michelin (Bastien Hieyte) a malheureusement connu une défaillance technique durant le trajet, ce qui a obligé le pilote à immobiliser le véhicule jusqu'à ce que le diagnostic électronique puisse être réalisé avec la collaboration de l'équipe d'assistance de Zero Motocycle.

Le dernier tronçon a été réalisé en partie de nuit pour arriver à temps à la conférence de presse organisée par la municipalité de Los Antiguos.
Et quel accueil ! Le responsable du tourisme de la ville, Mauro Croce attendait toutes les équipes à l'entrée de la localité pour les amener directement à la Mairie où le maire Guillermo Mercado en personne les a reçus ainsi que des membres du conseil municipal, des journalistes de différents médias locaux et régionaux ainsi que des représentants du lycée technique de Caleta Olivia.
Ce fut aussi l'occasion pour la mairie d'offrir à Bruno Ricordeau, l'organisateur de cet éco-rallye, un tableau représentant l'écusson de la ville et l'échange avec les journalistes a été intense.
La journée s'est terminée vers 1 heure du matin, après un dîner partagé avec le maire et plusieurs invités.

« Nous assistons à l'émergence d'une nouvelle discipline »

Pascal Souvestre et Yannick Georgeault de l'entreprise Sojasun, et David Patry de Matra.

Pour les « triplets de la Patagonie » l'expérience de faire une grande traversée en vélo électrique est une première sportive et « une fenêtre sur le monde » pour la marque sponsor Matra.

Qu'est-ce qui vous a marqué lors de chaque étape jusqu'à présent ?

Le changement de paysages nous a frappé mais plus encore les lignes droites de près de 100 kilomètres de long, qui font presque peur. Il n'y a personne ! Et l'on voit même la courbe de la terre tellement l'horizon est vide. Le retour en France va être bizarre, perturbant.

Ce grand vide horizontal provoque un sentiment de liberté ou d'angoisse ?

De liberté, sans aucun doute. Il s'agit d'une impression vraiment dépaysante par rapport à notre quotidien : nous ne sentons pas de pression et nous sommes fascinés par les paysages. Les départs le matin, vers 8 heures, sont les moments les plus beaux de la journée : le ciel prend des tonalités roses,  en particulier le jour où nous sommes partis de El Chaltén.

Le vent, qui souffle fort en Patagonie, est-il un problème?

Le vent tourne mais nous nous adaptons. Nous avons la chance qu'il ne s'agisse pas de bourrasques mais de vent en continu. Mais de toute façon, ça secoue ! L'étape de  Rio Mayo à Gobernador Costa a été éprouvante.

Comment réagissent les gens sur votre passage ?

Les gens sont chaleureux. Est-ce que c'est l'effet vélo? Le fait de voir des bicyclettes au milieu de nulle part ? En tout cas, les voitures qui passent à côté de nous klaxonnent, nous saluent et font attention quand ils nous doublent. Nous n'avons pour l'instant eu aucune frayeur. C'est vraiment réconfortant. Nous avons l'impression d'avoir des supporters,  ce qui est très sympa !

Est-ce que vous avez découvert  des spécimens de la faune locale ?

Quelques-uns, même s'il n'y en a pas beaucoup de variétés ! Des guanacos à la pelle, et des choiques patagónicos (nandous de Darwin) avec lesquels nous avons même fait une course. Ils courent vite, à 45 km /heure ! En revanche, nous sommes étonnés de ne voir que très peu d'oiseaux à part quelques rapaces,  mais en fait, il n'y a pas d'arbres... Le nombre de carcasses d'animaux morts sur le bord de la route nous a aussi choqués, en particulier les carcasses de guanacos. Sinon, nous avons aussi croisé des mulitas (sorte de tatou) et des renards. Enfin, nous sommes ravis de voir qu'il y a très peu de déchets sur les bas-côtés mais avons découvert une déchetterie à ciel ouvert à l'entrée de Rio Mayo.

Au niveau technique, quels sont vos « challenges » ?

Nous venons de faire près de mille kilomètres. La route est en général très « propre », sans vibration, et non n'avons donc pas trop d'éléments qui se desserrent. Nous avons juste procédé hier à quelques serrages. Compte tenu de notre moyenne de 38,7 km/h, c'est une vraie performance ! Pour l'instant, nous n'avons aucune crainte ou problème, tout fonctionne comme il faut. Quand nous croisons des baroudeurs en vélo chargés de sacs, nous nous rendons compte qu'ils avancent très lentement, pas plus de 8 km/h. Sur des lignes droites de 100 km, cela doit être infernal !

Quel est votre bilan provisoire ?

Très positif, au niveau humain d'abord. Notre équipe est une vraie rencontre. Nous ne nous connaissions pas dix jours auparavant et maintenant nous formons un bon team.

Et nous sommes aussi touchés par le contact avec la population locale. Quand nous arrivons à une étape, les gens viennent nous voir, les gamins sont ravis de connaître les vélos, et nous les faisons monter sur les selles, faire un tour. Ce n'est que du bonheur !

Au niveau technique, nous avons conscience que nous assistons à l'émergence d'une nouvelle discipline, d'une nouvelle façon de concevoir les vélos. Les bicyclettes avec assistance électrique ne se conjuguent plus avec contrainte et la difficulté mais avec plaisir.

Comment fonctionne la logistique au quotidien ?

Nous sommes relativement autonomes car nous ne sommes pas soumis à l'obligation de la recharge partielle puisque nous avons nos propres batteries. Nous gérons donc notre temps et nous retrouvons le reste des équipes à la fin des étapes.

D'après le Communiqué de Presse rédigé sur place de de Sylvie Le Roux
ATO / The Green Expedition
5 rue de Mayenne
72140 Sillé le Guillaume
www.thegreenexpedition.com