Il y a 60 ans, Ferrari s'imposait pour la dernière fois au Mans avant le retour au sommet du constructeur au cheval cabré en 2023. Ferrari a signé un triplé à l'issue d'une lutte à mort face à Ford.

24 Heures du Mans

1964, les prémices

Ford est arrivé au Mans en 1964 avec trois Ford GT40. Les voitures américaines ont impressionné d'emblée en se montrant très rapides. Hélas, encore trop tendres, aucune des GT40 ne verra l'arrivée et Ferrari l'emportera grâce Nino Vaccarella et Jean Guichet.

Ford étant bien déterminé à battre Ferrari sur son terrain de prédilection, les américains travaillent dur pour fiabiliser et rendre les GT40 encore plus redoutables. la Ford GT40 MkII naît, exit le 4.7, place à un moteur de 7 litres de cylindrée ! Une nouvelle boîte à quatre rapports  fait son apparition tandis que l'admission d'air est nettement améliorée. Pour 1965, deux MkII sont engagées par Shelby-American pour Phil Hill/Chris Amon et pour Ken Miles/Bruce McLaren. 4 autres GT40 sont engagées.

1965, lutte à mort

Face à cette offensive, Ferrari réagit par la force du nombre. Ferrari engage deux 330 P2 et une originale 275 coupé. En outre, deux autres 330 P2 sont engagées, une par le North American Racing Team (NART) et une autre par Maranello Concessionnaires. Cinq Ferrari 250 LM sont engagées mais ces voitures ne sont pas sensées jouer les premiers rôles.

Phil Hill signe le meilleur temps des essais en 3'33" devant la Ferrari 330 P2 de John Surtees. Ils sont suivis par les Ford de Bob Bondurant et Ken Miles. Des performances de bon augure pour Ford, et la course est diffusée en direct aux Etats-Unis pour la première fois.

Le meilleur départ est pris par... Jo Siffert et sa Maserati ! Néanmoins, le suisse est très vite repris par les Ford de McLaren et Amon et la Ferrari de Surtees. Les deux premières heures de course sont clairement dominées par les Ford. Mais le cauchemar commence dès la troisième heure pour les troupes américaines. Les unes après les autres, les GT40 sont victimes de leur boîte de vitesse où de leur joint de culasse... A la tombée de la nuit les GT40 ont toutes abandonné !

Il reste donc aux Ferrari à assurer un succès... Un problème d'allumage a gêné la progression de la Ferrari 250 LM #21 de Masten Gregory et Jochen Rindt en début de course. Le duo repart à la 18ème place. Les deux hommes ne s'entendent pas mais ils se mettent d'accord sur une chose : ils n'ont plus rien à perdre et ce sera désormais à fond absolu.

Mais les Ferrari de pointe ont clairement souffert du rythme imposé par les Ford en début de course. Et au coeur de la nuit elles cassent elles aussi les unes après les autres. La Ferrari 250 LM privée du français Pierre Dumay et du belge Gustave Gosselin se retrouve en tête de la course devant les surprenantes Porsche 904 !

Dans la matinée, la Ferrari 250LM de Rindt/Gregory et la Ferrari 330 P2 de Parkes/Guichet reviennent au contact du leader mais ils n'ont pas ménagé la mécanique de leurs montures. En fin de matinée, Pierre Dumay est victime de l'éclatement d'un pneu, il réussit à garder le contrôle de son bolide et rentre au stand... Mais il perd définitivement la tête de la course au profit de Jochen Rindt et Masten Gregory. La Ferrari de Parkes/Guichet finit par être trahie par sa mécanique à moins de 2 heures de l'arrivée.

Masten Gregory franchit la ligne d'arrivée en vainqueur au volant d'une Ferrari 250 LM à l'agonie ! A seulement 23 ans, son coéquipier Jochen Rindt remporte les 24 Heures du Mans. Ferrari signe son neuvième succès au Mans et devra attendre près de 60 ans pour accrocher de nouveau la classique mancelle à son palmarès. Ferrari signe un triplé avec la seconde place de Dumay/Gosselin et la troisième place des belges Willy Mairesse et Jean Blaton sur la Ferrari 275 GTB de l'Ecurie Francorchamps.

Cette édition aura été le théâtre d'un véritable duel à mort entre Ferrari et Ford. L'année suivante, Ford l'emportera à son tour avec un triplé et entamera une série de quatre succès dans la Sarthe. Pendant ce temps, les Porsche continueront de monter en puissance en attendant leur heure... Fin 1965, Ferrari change de visage avec l'entrée au capital de l'entreprise de FIAT.

Près de 40 ans plus tard, cette édition 1965 refera parler d'elle. L'américain Ed Hugus, pilote de réserve de la Ferrari de Rindt/Gregory affirmera avoir pris le volant au cours de la nuit. Masten Gregory étant gêné par le brouillard et Jochen Rindt introuvable. L'américain aurait pris le volant de la voiture dans la plus grande discrétion. Et si les commissaires s'en étaient aperçus la voiture aurait été disqualifiée... Aura t-on un jour le fin mot de l'histoire ?