Après l'édition 1999 souvent qualifiée d'édition du siècle, le nouveau millénaire s'ouvre sur une nouvelle ère marquée par le départ de plusieurs constructeurs. Une nouvelle ère qui sera marquée par le constructeur aux anneaux !
24 Heures du Mans 2000
Le contexte
Les 24 heures du Mans 1999 ont sonné le glas des magnifiques GT1 alors que BMW s'est imposé avec une BMW V12 LMR bien plus conventionnelle. Le départ de 8 marques présentes en 1999 présageaient assez mal de l'intérêt des 24 Heures du Mans à l'aube du troisième millénaire. Pourtant, Audi était déjà de la partie en 1999, et le constructeur allemand avait vu les choses en grand avec 4 voitures, la Audi R8C et la Audi R8R. Le Roadster s'étant montré bien plus performant, le modèle évolue en simple "R8" pour la saison 2000.
Cette R8 ne ressemble clairement plus au modèle engagé en 1999 et s'impose dès sa première sortie lors des 12 Heures de Sebring outre-atlantique. Et si quelques années plus tôt, le BPR est venu sauver les 24 Heures du Mans, cette fois le salut vient des amériques avec le succès de l'American Le Mans Series lancée en 1999 par Don Panoz.
Le plateau
Un centaine de candidatures ont été reçues par l'ACO pour cette 68ème édition. 58 sont retenues pour la journée test du 30 Avril. Lors de cette journée, les voitures engagées par el Audi Sport Team Joest caracolent en tête. Le Sport automobile se professionnalise et il est dur de se faire une place dans le plateau des LMP900 et LMP675, la Ascari (lointaine descendante de la superbe Lola T92/10) n'est pas retenue. La Harrier du britannique Gerard McQuillian non plus, le britannique ne passe pas le cap des pré-qualifications pour la 5ème fois consécutive !
22 des 48 voitures retenues au départ de cette édition viennent d'outre-atlantiques ! Si Audi fait figure d'épouvantail, Cadillac est venu en force avec 4 Cadillac Northstar LMP, 2 engagées par Bill Riley et 2 autres engagées par l'équipe française DAMS. 5 Panoz sont de la partie, plusieurs Lola ainsi que plusieurs Reynard dont deux sont engagées par Oreca et motorisées par un moteur Chrysler-Mopar. Le gentleman driver allemand Thomas Bscher engage une BMW V12 LMR ayant déjà participé deux fois à la classique mancelle.
Enfin, lâché à quelques semaines du Mans par Nismo, le constructeur sarthois Courage ne sera pas présent de manière officielle et l'élégante Courage C60 débutera au Mans motorisée par Judd et engagée par l'équipe SMG de l'avignonnais Philippe Gache. Après 33 participations, Henri Pescarolo a lancé son équipe ! Une Courage C52 est engagée par l'équipe Pescarolo Sport, la voiture est motorisée par un étonnant V6 Peugeot préparé par Sodemo. On retrouve au volant Emmanuel Clérico, Olivier Grouillard et le tout jeune Sébastien Bourdais.
On retrouvait donc 37 pilotes débutants au départ de cette 68ème édition. Il y avait également 12 anciens vainqueurs ainsi que 25 anciens pilotes de F1.
Qualifications
Malgré quelques soucis rencontrés lors de la séance du jeudi soir, Audi ne fait pas de détail en plaçant ses trois voitures aux avants postes. Allan McNish signe la pole en 3'36"124 au volant de la #9. David Brabham signe le 4ème temps au volant de la Panoz #11 à plus de 3" de la pole... En LMP675, Jean-Christophe Boullion s'offre la pole en 3'46"202 au volant d'une des Reynard 2KQ à moteur Volkswagen.
Dès les essais, la bataille fait rage entre Viper et Corvette dans la catégorie LMGTS. Oreca engage trois Viper et la pole est signée par la #51 pilotée par Karl Wendlinger juste devant les Corvette et les deux autres Viper de l'équipe française. La catégorie LMGT est la chasse gardée des Porsche et la pole revient à la voiture engagée par Larbre Compétition et pilotée par Christophe Bouchut.
La course
Le départ est donné par Jacky Ickx ! Le trio d'Audi s'élance en tête et David Brabham (Panoz #11) s'accroche derrière les allemandes. Pour Yannick Dalmas et Oreca, c'est la douche froide... La #5 s'immobilise au premier tour à Mulsanne ! Et la débandade se poursuit du côté des "américaines", au cinquième tour, la Cadillac #4 pilotée par Christophe Tinseau prend feu ! La direction de course déploie les pace-cars qui ne quitteront la piste qu'à 17h05. Cela permet à la Panoz de David Brabham de pointer en tête après une heure de course et il fallait remonter à 1963 pour voir une voiture à moteur avant en tête après une heure de course.
Audi remet vite les pendules à l'heure et en LM GTS le duel entre Corvette et Viper est pleinement engagé. En fin d'après-midi, l'Audi R8 #8 de Tom Kristensen, Emanuele Pirro et Frank Biela est victime d'une crevaison et pointe donc à la quatrième place. Mais la fin d'après-midi est surtout marquée par l'accrochage entre deux Porsche, cet accrochage laisse notamment sur le carreau la Porsche engagée par Larbre Compétition qui était l'une des favorites de sa catégorie !
Alors qu'ils avaient pris une minute d'avance sur les deux autres Audi, Allan McNish, Laurent Aiello et Stéphane Ortelli (Audi R8 #9) sont trahis par leur boîte de vitesse. Audi pratique alors une chose inédite en remplaçant l'ensemble du bloc arrière de la voiture et l'opération coûte moins de 7 minutes à la #9 ! Et Allan McNish reprend rapidement la troisième place à la Panoz #11. L'Audi R8 #7 de Michele Alboreto, Christian Abt et Rinaldo Capello s'est confortablement installée en tête de la course.
Mais au coeur de la nuit, la voiture de tête doit elle aussi rentrer à son stand et de nouveau on remplace le bloc arrière complet. L'opération est réalisée tout aussi promptement que sur la #9. C'est donc l'Audi #8 qui récupère la place de leader avant la mi-course. Et la Panoz #11 de David Brabham/Jan Magnussen/Mario Andretti qui était la seule jusque là à troubler l'ordre établi par Audi doit remplacer sa boîte de vitesse. Et l'opération dure bien plus longtemps que chez le constructeur allemand. Le Judd de la Lola B2k/10 #21 cesse de chanter peu après la mi-course...
Au petit matin, Allan McNish (Audi R8 #9) signe le meilleur tour en course en 3'37"359. Mais les leaders restent imperturbables. En LMGTS, la Viper #52 passe plus de 20 minutes au stand au cours de la matinée, l'équipage de la Viper #51 a désormais course gagnée !
Le seul suspens réside dans la catégorie LM GT. La Porsche du Dick Barbour Racing est largement en tête. Au volant de la Porsche de l'équipe suisse Haberthur, Fabio Babini doit faire un tour portière ouverte et volant tenu à une main suite à l'ouverture de son capot. Hideo Fukuyama remonte au volant de la Porsche du team Taisan Avan mais les deux voitures s'accrochent à l'approche du virage Ford ! Une image spectaculaire mais la Porsche "japonaise" s'en tirera bien contrairement à son adversaire...
L'Audi R8 #8 de Tom Kristensen, Frank Biela et Emanuel Pirro franchit la ligne d'arrivée en tête devant les deux autres voitures engagées par le constructeur allemand. Le trio s'impose avec la manière en ayant parcouru plus de 5000km. Tom Kristensen remporte les 24 Heures du Mans pour la seconde fois et Audi rentre dans la grande histoire des 24 Heures du Mans. C'est le début d'une belle idylle entre la classique mancelle et les anneaux ! La Courage du Pescarolo Sport termine au pied du podium, mais cette 4ème place à un goût de victoire pour la première participation de l'équipe. Enfin, les cinq Panoz franchissent la ligne d'arrivée (même si une est non classée) !
Olivier Beretta, Karl Wendlinger et Dominique Dupuy au volant de la Viper #51 s'imposent en LM GTS avec 5 tours d'avance sur la Viper #53, un succès assorti d'une superbe 7ème place au classement général. C'est le troisième succès consécutif pour l'équipe française Oreca. La Corvette #64 complète le podium, mais les Corvette ont longtemps fait douter les Viper !
En LMP 675, elles ne sont que deux à franchir la ligne d'arrivée. Et c'est la Lola B2K/40 Nissan du trio canadien Maxwell/Graham/Wilkins qui l'emporte devant la WR LMP #36 de Terada/Boulay/Balandras.
Enfin, le LM GT fait parler de lui après l'arrivée. La Porsche du Dick Barbour Racing pilotée par Bob Wollek et les jeunes loups Lucas Luhr et Dirk Müller franchit la ligne d'arrivée en grande gagnante, offrant à l'équipe américaine une quatrième victoire de catégorie en quatre participation. Hélas, la voiture fut déclassée quelques heures après l'arrivée pour un réservoir non conforme... Cruel pour Bob Wollek qui fêtait sa trentième participation ! C'est donc la Porsche des du Team Taisan Advan des japonais Hideo Fukuyama/Atsushi Yogo et du belge Bruno Lambert. Cette Porsche a donc survécu à plusieurs tonneaux lors des essais qualificatifs, un accrochage en fin de course pour récupérer un succès sur tapis vert ! La grande incertitude de l'endurance... !
In 2000, Emanuele Pirro, Tom Kristensen and Frank Biela were Audits first winners at Le Mans