Le retour de plusieurs constructeurs en catégorie reine était très attendu et nous n'avons pas été déçus ! Sur 16 Hypercars au départ, 13 ont vu l'arrivée dans une course qui n'a pas été simple pour les voitures de la catégorie reine ! (*NDLR : seule la victoire est belle !)
24 Heures du Mans
Ferrari : 10ème succès dans la Sarthe !
Pour son retour dans la catégorie phare de l'Endurance, Ferrari ne s'est pas loupé ! Le constructeur italien a récolté un 10ème succès dans la Sarthe, 58 ans après le dernier succès de la marque en 1965. Les 2 Ferrari 499P se sont montrées à l'aise dès les essais et ont réalisé une course quasi sans faute, elles sont également passées à travers les embûches d'une édition difficile...
Chance ? La nouvelle procédure Safety-Car a clairement sauvé la course de la #51 qu'Alessandro Pier Guidi avait mis au bac... (règle peu juste, mais c'est la règle). Oui Ferrari a peut-être parfois bénéficié de la "chance du débutant" où plutôt de la chance de ceux qui sont sûrs de leur force (comme lorsqu'il était reproché en rallye à Sébastien Ogier de peu crever par rapport à ses adversaires). Mais avec la pole, le meilleur tour en course et la victoire, le triomphe italien est incontestable !
Toyota : De l'amertume...
On aurait pu croire Toyota fébrile à l'idée d'affronter enfin une concurrence solide au Mans cette année, mais ce n'était pas le cas. Invaincues lors des premières manches du WEC, les Toyota GR-010 Hybrid ont réalisé une belle course, une course que l'on pourrait presque qualifier de meilleure que celles réalisées lors des 2 dernières éditions face à une concurrence clairsemée...
La course des nippones avait même bien démarré lorsqu'elles ont pris l'avantage sur les Ferrari lors du premier tour grâce à leurs pneus tendres. La course de la #7 s'est arrêtée peu avant minuit après avoir été percutée par une GT en entrant une slow-zone... La #8 des vainqueurs 2022 poursuivait son bonhomme de chemin mais on sentait dès le début de matinée qu'elle était trop "courte" en performances face aux Ferrari qui avaient en plus opté pour une stratégie agressive. Et ensuite les petits pépins se sont accumulés dont un changement de capot dû à un choc avec un écureuil !
En fin de course, Ryo Hirakawa est parti en tête-à-queue à Arnage au volant de la voiture, le japonais était lancé dans une tentative de remontée désespérée sur les Ferrari... S'il en a ensuite pris pour son grade, l'équipe s'est empressée de défendre son pilote. Toyota a pointé du doigt après l'arrivée le changement de BoP survenu quelques jours avant les 24 Heures du Mans.
Fort à raison, le législateur s'étant dédit car la BoP n'était pas sensée être modifiée avant les 24 Heures du Mans. Nous étions également nombreux à avoir été étonnés des 13 kg de différence entre la Toyota et la Ferrari au vu des performances déjà affichées par l'italienne avant Le Mans. Et 5 kg auraient probablement été suffisants et nous auraient peut-être permis de voir la course se jouer pour seulement une poignée de secondes (mais toujours à l'avantage de Ferrari), bien qu'il faille reconnaître que l'écart de moins d' une minute minute et 30 secondes à l'arrivée est bel et bien un écart faible sur 24 Heures.
Cadillac : Premier podium !
Des constructeurs engagés grâce à la réglementation LMDh, Cadillac est clairement le meilleur depuis le début de saison et les belles américaines ont réalisé une superbe course pour le retour du constructeur dans la Sarthe ! La course avait pourtant très mal commencé avec une sortie dès le premier tour de Jack Aitken au volant de la #311 Action Express Racing...
La voiture a ensuite passé un peu plus d'une heure au stand et Jack Aitken est reparti à son volant, une belle marque de confiance malgré son erreur. Si la Cadillac #2 a réalisé une course assez discrète, elle a mené pendant 12 tours et termine à seulement 1 tour des vainqueurs, la Cadillac #3 pilotée notamment par le sarthois Sébastien Bourdais a été assez malchanceuse...
Après un incendie lors de l'Hyperpole (causant un drapeau rouge et une annulation de son meilleur chrono), la Cadillac jaune a été victime en course de plusieurs accrochages. Elle termine au pied du podium à 2 tours des vainqueurs et nous pouvons penser que cette voiture aurait pu s'immiscer dans le duel Ferrari-Toyota sans ces multiples "scories" qui ont émaillé sa course. Le constructeur américain sera assurément un sérieux client en 2024 !
Glickenhaus : Indestructibles
Pour la troisième année consécutive, les 2 Glickenhaus voient l'arrivée des 24 Heures du Mans ! Le résultat est moins bon que l'an dernier mais pouvait-il en être autrement malgré une BoP très favorable pour l'américaine ? Les réactions étaient partagées à l'arrivée, à la joie de l'équipe technique, on sentait chez les pilotes une petite amertume.
Les 2 voitures ont rejoint l'arrivée, et à un classement honorable malgré des moments compliqués, mais on sentait bien que même si la course avait été parfaite pour les américaines, il aurait été compliqué de mieux se classer ! On espère tout de même voir l'équipe américaine (qui a tout de même fait mieux que Porsche et Peugeot) sera au départ l'an prochain même si cela s'annonce compliqué.
Peugeot : Une course surprenante
Après un début de saison compliqué, on ne s'attendait pas à voir les Peugeot se mettre en valeur lors de la classique Mancelle. L'équipe avait néanmoins assuré que la voiture serait à l'aise au Mans et le changement de BoP survenu avant la course lui a été bénéfique. Et dès les premiers chronos nous avons été rassurés. Oui la Peugeot était plus lente que ses adversaires mais l'écart n'était pas abyssal, et si le constructeur français n'a pas réussi à avoir de voiture en Hyperpole, les pilotes n'ont pas réellement bénéficié d'un tour clair.
Les plus observateurs soulignaient également que les françaises semblaient proches du rythme qu'elles allaient pouvoir tenir en course. Et sous l'orage Loïc Duval a pris les commandes de la course ! La joie était de mise dans le stand Peugeot, joie ternie par la sortie de Gustavo Menezes dans la nuit... La #94 était dans le rythme et elle a occupé la tête de la course pendant 30 tours au total.
Les 2 voitures rejoignent l'arrivée et malgré quelques soucis la #93 termine à la 8ème place du classement général. Si la Peugeot 9x8 est mal-née (à cause d'un changement de réglementation alors que son développement était largement entamé), cette bonne prestation va assurément encourager le constructeur français a poursuivre son effort, que ce soit avec cette 9x8 où avec une toute nouvelle voiture.
Porsche : La déception...
Le constructeur allemand devra attendre avant de célébrer un 20ème succès dans la Sarthe... On retiendra surtout les 911 000 euros reversés à des associations caritatives à l'issue de la course. L'association entre Porsche et Penske Motorsport version 2023 semble pour le moment avoir du mal à prendre et finalement c'est à nouveau la voiture privée du Hertz Team Jota qui s'est le plus mise en valeur avant la sortie de Yifei Ye.
Alors que la #5 semblait se diriger vers un potentiel Top 5 au général, des problèmes survenus lors de la dernière heure de course l'ont contraint à rentrer à son stand, la voiture repartait pour un ultime tour au ralenti afin de franchir l'arrivée... Mais le dernier tour est soumis à une limite de temps, largement dépassée par la Porsche en difficulté : bilan une pénalité de 4 tours et une chute à la 16ème place du général ! Attention néanmoins : Porsche ne se contentera pas de cette défaite et corrigera rapidement le tir, et elles seront probablement encore plus nombreuses au départ de l'édition 2024.
Vanwall : Transparente
Avant la course, l'équipe s'est distinguée par une énième polémique liée à un imbroglio sur la présence de Jacques Villeneuve au départ... Si le Canadien ne semble pas avoir tout dit dans son communiqué, on ne saura jamais le fond de cette affaire et cela fait néanmoins tâche... Cette situation profitait néanmoins au très rapide Tristan Vautier qui avait là l'occasion de prendre le départ de la classique Mancelle pour la seconde fois.
Malheureusement la Vanwall a été plutôt transparente tout au long de la semaine et la course de cette jolie voiture s'est arrêtée sur une casse moteur au 164ème tour, une amélioration pour l'équipe qui avait jusqu'alors eu pour meilleur résultat un abandon au... 163ème tour (2019). La voiture est également la seule Hypercar à ne pas être descendue sous la barre des 3'30" en course (meilleur tour en 3'32"636). Gageons que l'équipe travaillera dur lors du prochain hiver et verra l'arrivée de l'édition 2024, en tout cas nous leur souhaitons.