Alpine, BMW et même Peugeot se sont mis en mêlée pour tenter de contrer la domination de Ferrari en ce début de saison. Mais, samedi 10 mai, les deux 499P officielles ont réussi à s'en sortir, avec la N°51 qui remportait sa 2e victoire consécutive.

Pour l'instant, le bilan au sortir des trois premières courses de la saison n'est pas aussi dingue que l'an dernier. Trois équipages différents étaient sortis vainqueurs, et le championnat restait hautement imprévisible.

Le cru 2025 est pour le moment moins fou, puisque Ferrari l'a emporté sur les trois premières courses, dont la N°51 par deux fois. Cet écart au championnat n'est cependant pas totalement révélateur de ce qu'ont été les 6 Heures de Spa, samedi 10 mai, où la firme de Maranello a bien failli se faire chiper la victoire.

Lutte à trois pour contrer Ferrari

Peugeot a joué le podium avant de craquer

DPPI/FIA WEC

Les menaces étaient multiples pour les trois prototypes italiens, qui avaient pourtant signé un triplé très inquiétant pour la concurrence. Mais au bout du compte, trois autres constructeurs sont venus pour tenter de passer devant.

D'abord, Peugeot : les 9X8 sont toutes deux arrivées en Hyperpole et Stoffel Vandoorne, devant son public, a brillamment qualifié la N°94 à la 4e position. La N°93 était partie 7e.

Cette dernière a pris le flambeau de la voiture sœur, qui avait pris un mauvais envol et a perdu beaucoup de places dans les premiers tours. Mais les deux Lionnes ont fait montre d'un rythme très intéressant, il est vrai facilité par la plus grosse puissance allouée sous 250 km/h et le fait d'être au poids minimum (1 030 kg).

Plusieurs fois, la N°93 suivait le rythme des voitures de tête et la N°94 tentait de remonter après le difficile premier relais de Loïc Duval. Mais la fin de course est tombée en eau de boudin pour les deux : la première (11e) n'a pas été aidée par les différents décalages stratégiques et les neutralisations, et la seconde, après un accrochage avec la BMW N°20 au bout de la ligne droite de Kemmel, a dû rentrer au box après une crevaison. Le Lion repart de Spa avec un zéro pointé, mais peut au moins se targuer d'avoir joué avec les meilleurs.

BMW et WRT manquent le coche

La course à domicile de WRT était forcément source d'espoir pour toute l'équipe de Vincent Vosse. Mais la 8e place de la N°20 en Hyperpole et la qualification en 11e place de la N°15 laissait augurer d'une course peu aisée, d'autant le resserrement du plateau rend plus difficiles les remontées.

Voilà pourquoi les deux BMW ont été chaussées de gommes tendres, alors que tout le monde avait opté pour les mediums. Et cela a marché pour l'ouvreur de la N°15, Kevin Magnussen, qui a permis à cette voiture de remonter dans le Top 5, en attendant d'à nouveau pouvoir se calquer sur les autres en stratégie.

La N°20, elle était bien partie pour jouer le podium et était même en lutte avec la tête de course, plus ou moins virtuellement. Le dernier relais, signé par Robin Frinjs, était de toute beauté. Mais il avait sur sa route la Ferrari N°51 d'Alessandro Pier Guidi, qui a bien failli l'envoyer dehors et qui, surprenamment, n'a pas été inquiété par les commissaires. La manœuvre dans le secteur de Blanchimont était pourtant très dangereuse.

Cette N°20 a dû abandonner en fin d'épreuve, après des soucis de freins, certainement pas aidée par l'accrochage avec la Peugeot N°94. BMW et WRT n'ont donc eu pour seul bilan comptable que le point acquis par la N°15.

Alpine a tenu la dragée haute à Ferrari

DPPI/FIA WEC

C'est bien la plus grosse surprise de ces 6 Heures de Spa : Alpine était la deuxième force du plateau assumée en course. Les deux voitures se sont même toutes deux hissées en Hyperpole, avec les deux Peugeot.

Plus fou encore : le premier relais de Frédéric Makowiecki sur la N°36. L'ex-officiel Porsche a d'abord mangé la Ferrari N°83 d'AF Corse, puis est allé chercher la N°51 pour la 2e place. Dans le team de Philippe Sinault et de Nicolas Lapierre, sans doute a t-on dû se dire : « et si c'était pour aujourd'hui ? »

C'est à 3 h 25' que l'espoir de gagne était venu, par Jules Gounon, qui avait pris la suite de "Mako" : le deuxième pilote tricolore de la N°36 a pris la tête grâce à un arrêt anticipé et a mangé Miguel Molina sur la Ferrari N°50. Cette Alpine a mené presque deux heures, avant qu'une crevaison lente ne la retarde.

Il y a bien eu un moment où les choses auraient pu changer : la Ferrari N°50 menait les débats, mais la vraie menace pour la gagne était la N°51, notamment emmenée par Alessandro Pier Guidi en fin de course. Lorsque l'Italien a fait un impensable doube-extérieur à l'arrêt de bus, il a mis la N°36 derrière lui pour de bon. Mais le trio Makowiecki/Gounon/Schumacher s'est offert un 2e podium d'affilée, derrière les deux Ferrari officielles.

Et la N°35 pourra avoir des regrets : dès que Ferdinand Habsburg, pourtant auteur d'un super départ, a pris sa pénalité de drive-through, les carottes étaient déjà cuites pour le podium. Ni Charles Milesi ni Paul-Loup Chatin n'ont réussi à s'installer durablement dans le haut du classement. Cela constitue pour cet équipage les premiers points de la saison, avec la 8e place.

En LMGT3, Ferrari triomphe de Ford

DPPI/FIA WEC

Les 296 GT3 du Vista AF Corse étaient attendues, elles ont répondu présent. Mais elles se sont d'abord fait voler la vedette par la Lexus N°78, qui a offert une pole magnifique à la vieillissante RCF GT3. Jérôme Policand, patron du team Akkodis, n'en revenait presque pas.

Mais la voiture partie de la pole n'a pas converti l'essai comme attendu : la N°78 n'a fini qu'au 8e rang et la N°87, pour ne rien arranger, a abandonné dans la ligne droite de Kemmel. Un bien mauvais ascenseur émotionnel.

En revanche, pour Ferrari, la fête a été totale : la N°21 l'a emporté en profitant parfaitement des neutralisations, en témoigne l'énorme écart à l'arrivée (40 secondes). Mais pour la 2e place, la lutte a été extraordinaire jusqu'au bout : la Mustang N°88 de chez Proton a offert à Ford son 2e podium en WEC, après celui conquis aux 24 Heures du Mans l'an dernier. La 2e Ferrari, la N°54, a fini au 3e rang, devant l'autre Ford, la N°77.

Ces trois voitures étaient séparées de seulement trois secondes. Pour les Iron Dames, en revanche, il y a bien eu un moment où la Porsche N°85 a mené la course. Le résultat final n'aura été que cette 10e place et le point qui va avec.