Grande surprise de la saison d'ELMS 2025, Mathys Jaubert fait ses débuts au Mans ce week-end au sein du team IDEC Sport soutenu par Genesis. Il nous parle de son adaptation très rapide à la LMP2 ainsi que de la gestion du trafic et de ses ambitions pour l'avenir.
Comment as-tu eu cette opportunité de rejoindre ce projet IDEC/Genesis ?
IDEC Sport est un sponsor que j'ai depuis 2023. C'est un sponsor que j'ai obtenu grâce à David Zollinger, qui est mon manager. Il a roulé pour IDEC en 2017 et m'a mis en relation avec Patrice Lafargue. J'ai fait mon premier test dans la voiture dans le cadre du Rookie test de l'ELMS en 2023, seulement 6 tours sous le sec et 6 tours sous la pluie, ce qui m'a bien mis dans le bain. Nicolas Minassian a décidé de me prendre et de parler de moi avec Cyril Abiteboul et ça a bien matché entre nous.
Est-ce que tu es surpris de te retrouver au Mans aussi rapidement dans ta carrière ?
Je ne m'attendais pas à me retrouver au Mans aussi rapidement puisque j'ai été sélectionné dans le programme Porsche Junior, mais cela ne s'est pas très bien passé lors de la sélection. Vu que j'étais en relation depuis longtemps avec IDEC et que le produit Genesis est juste parfait pour moi, depuis que je fais de la Porsche Cup, l'objectif était de devenir Junior Porsche, mais ce projet IDEC/Genesis me permet de potentiellement accéder à l'Hypercar dans 1 ou 2 ans, contrairement à chez Porsche où il aurait fallu attendre beaucoup plus d'années. Le projet Genesis est un projet tout nouveau dont je fais partie dès le départ, ce qui est très important pour moi.
Comment as-tu pu t'adapter aussi facilement en passant de la Porsche Cup à une LMP2 ?
Depuis que j'ai commencé le sport auto, j'ai conduit tout type de voiture. Je sais à la fois conduire une Porsche Cup, mais j'ai également roulé dans un prototype Nova auparavant, j'ai appris le talon pointe dans une Caterham et j'ai également fait quelques essais en monoplace. Contrairement à d'autres pilotes qui n'ont fait que de la monoplace, j'ai essayé de me diversifier le plus possible dans plusieurs catégories, ce qui m'a permis de m'améliorer sur plusieurs points. La Porsche Cup est également une voiture assez pointue et compliquée à piloter avec un niveau très relevé, ce qui permet de voir le niveau des pilotes. Donc, quand je monte dans une LMP2, je ne vais pas dire que c'est facile, mais c'est tout de suite plus agréable. Par contre, pour aller chercher les dernières dixièmes, il faut vraiment cravacher.
On t'a vu très rapidement à l'aise dans le trafic en ELMS, comment t'es-tu entraîné à cet exercice ?
J'ai déjà fait trois courses de 24h, dont une où j'ai eu la chance de le faire dans une Porsche Cup (24h Dubai 2025) avec des GT3 qui vont plus vite et des GT4 qui vont moins vite, ce qu'on retrouve totalement ici. Je ne vais pas dire que gérer le trafic est facile, mais le moment où cela devient plus compliqué est quand on a un gentleman driver devant nous qui est un peu plus imprévisible. Pour moi en ELMS, je n'ai pas trop de difficulté vu que ce sont des pilotes pro qui roulent quand je fais mes relais et ils ont des caméras pour avoir une meilleure visibilité arrière. Ici, il y a certains endroits qui sont très piégeux comme la ligne droite entre Mulsanne et Indianapolis où, si une GT3 ne nous voit pas, l'accrochage peut vite arriver. Je dirais que la patience est le point clé pour être bon dans le trafic.
Est-ce que tu as changé d'approche à ce niveau pour Le Mans ?
Personnellement, j'essaye de savoir à chaque moment qui est devant moi et derrière moi. Avant la course, je regarde qui est engagé dans certaines voitures donc je sais toujours avec qui je suis en piste, même si mon ingénieur ne me le dit pas, vu qu'en ELMS, je roule toujours avec des pros. Ici, c'est un peu différent donc je demanderai souvent si c'est un pro ou un gentleman devant moi pour anticiper le mieux possible. De nuit, cela ajoute plus de pression car on a du mal à voir si une Hypercar qui approche est à 10m ou à 500m, mais l'ingénieur aide bien dans ces cas-là.