Il y a quelques semaines, Auto Hebdo évoquait un retour au Mans de la marque Peugeot, cinq ans après l'avoir quitté. Aujourd'hui, ce retour se précise de plus en plus.
Les fans d'endurance se rappellent de ce 19 janvier 2012. Ce jour-là, Peugeot annonce l'abandon du programme 908 avec effet immédiat. Le communiqué diffusé à l'époque soulignait que "cette décision s’inscrit dans le contexte d’un environnement économique tendu en Europe et d’une année particulièrement dense en lancement de nouveaux véhicules pour la Marque. Dans ce contexte, Peugeot fait le choix de concentrer les moyens en 2012 sur sa performance commerciale''.
Difficile à croire que le constructeur français ait arrêté son programme du jour au lendemain. Le budget de l'équipe avoisinait les 40 millions d'euros pour la saison, dont 10 donnés par les différents partenaires (Total, PlayStation et BRM). Un source interne expliquait à Formules que presque 70% des dépenses ont été engagées en 2012. Des éléments de la voiture aux frais de voyages, de nombreux éléments étaient bouclés.
Différentes explications peuvent expliquer cette décision rapide. L'action du constructeur a connu une grande chute de son action au second semestre 2011, perdant trois fois de sa valeur. Aussi, les ventes ont reculé sur l'année 2011, que ce soit en Europe ou dans le monde. Le Plan de Performance décidé en 2009 ne fonctionne pas comme voulu et des emplois sont menacés. L'usine d'Aulnay-sous-Bois est fermée et plus de 8 000 emplois ont été supprimés.
Des conditions pour un retour
De l'eau a coulé sous les ponts et le LMP1 s'est transformé en cinq ans. En effet, Porsche est arrivé, Audi est parti. Mais ce n'est pas ce genre d'arguments qui va faire revenir Peugeot au Mans. Carlos Tavares, l'homme à la tête du Directoire de PSA, a clairement fait savoir que trois conditions devaient être respectées.
Le premier point, la marque Peugeot doit redevenir bénéficiaire. L'opération "Back in the Race'' voulu par Carlos Tavares a porté ses fruits. En 2015, le Groupe PSA a enregistré un bénéfice net de 1,2 milliards d'euros. L'an passé, le bénéfice a atteint quasi le double de celui de 2015. Le constructeur a enregistré un bénéfice net de 2,15 milliards d'euros. Le beau fixe est revenu dans les finances du groupe, et le récent rachat d'Opel/Vauxhall le prouve parfaitement !
Le deuxième point concerne le Paris-Dakar. Engagé dans le programme depuis 2015, le constructeur n'a pas attendu longtemps pour renouer avec la victoire. Dès sa deuxième participation, Stéphane Peterhansel s'adjuge l'épreuve avant de récidiver l'année suivante. La condition est respectée !
Dernier point, "le coût de cette compétition ne dépasse pas les 200 millions d'euros par an'', déclarait Carlos Tavares au Salon de Genève. Sur ce point, des efforts sont encore à faire. Et c'est ce point qui fait que Peugeot ne revient pas pour le moment au Mans. Il faut dire que le budget annoncé par Carlos Tavares représente celui dépensé par Audi avant son départ et avoisine celui de Porsche actuellement.
Cap sur 2020 !
La Marque au Lion ne reviendra pas aussi rapidement au Mans, qu'on se le dise. L'abandon rapide de son projet en 2012 et l'absence d'une cellule de veille technologique au moment de son retrait oblige le constructeur à repartir quasiment d'une page blanche. Revenir maintenant serait de la folie pour Peugeot ! Aussi, le règlement a été maintenu jusqu'en 2019 et 2020 marquera une nouvelle ère pour le LMP1.
Dans une interview accordée à France Bleu, Pierre Fillon, Président de l'ACO, parlait de 2020 et des efforts faits. "On travaille avec Carlos Tavares, on travaille avec d'autres constructeurs, et on travaille surtout à la réduction des coûts. On a eu des technologies très innovantes avec les systèmes hybrides mais la concurrence est tellement forte entre Porsche Audi et Toyota, qu'ils ont développé des systèmes encore plus sophistiqués et c'est comme ça que les coûts montent. Nous travaillons depuis deux ans à limiter les coûts. Par exemple, on limite les essais, on limite le nombre de personnes autorisées à travailler dans les équipes, on limite les développements aérodynamiques et on va aller plus loin. On va rester dans l'innovation mais sans aller dans de multiples systèmes hybrides. Il y aura UN seul système pour la voiture de demain'', expliquait-il.
Une source proche du dossier soulignait à Auto Hebdo que l'engagement devrait être "fixé dans les mois qui viennent''. Rappelons que Peugeot doit recruter une équipe. Suivant le plan de Porsche, qui a commencé ses recrutements courant 2011 pour une première participation en 2014, il faut que tout soit bouclé pour le milieu d'année. De là, on saura si le vainqueur des 24 Heures du Mans 2009 reviendra sur la piste mancelle.