Porsche pour la confirmation
Il est vrai qu'on n'aurait pas attendu les 963 à pareille fête en 2024, après une saison 2023 relativement discrète. Et pourtant, voilà que le constructeur de Stuttgart aborde l'exercice à venir avec l'étiquette de constructeur à battre.
Le titre mondial des pilotes, avec la N°6, place logiquement la marque allemande comme favorite parmi les autres. Il est vrai que le trio de la voiture championne du monde a de quoi faire saliver : Kévin Estre, Laurens Vanthoor et Matt Campbell sont des atouts de choix pour tenter d'aller chercher un deuxième sacre mondial. Mais surtout : enfin triompher au Mans, la pole de l'an dernier n'ayant pas été convertie.
La N°5 pourrait être bien plus en verve qu'en 2024 : Julien Andlauer et Mathieu Jaminet, deux Français, ont fait leurs preuves respectivement chez Proton en WEC et en IMSA. Ce qui sera salutaire pour aller chercher aussi le titre constructeurs, qui s'est joué d'un rien face à Toyota. Michael Christensen sera encore de la partie et pourrait bénéficier de la hausse de forme du trio.
Mais les inconnues demeurent pour Proton : l'écurie allemande est sur les fronts du LMGT3 avec Ford et de l'Hypercar avec une seule Porsche 963. Les performances n'ont pas été au rendez vous et la N°99 devra assurer : Jota parti chez Cadillac, c'est la seule structure réellement privée du plateau.
Toyota et Ferrari pour la revanche
Il est rare que, dans une saison, tout le monde ait eu son morceau de tarte : Porsche a triomphé au classement pilotes, Toyota chez les constructeurs...Et Ferrari a gagné le Mans une deuxième fois consécutive. Il est peu dire que les deux autres marques ont une vengeance à mener, sur la plus importante des dates du championnat.
Le Cheval Cabré a fait des courses quasi exemplaires en terres sarthoises sur ses deux dernières représentations. Le Centenaire a été l'occasion pour la poisse d'à nouveau toucher Toyota, et Porsche, parti en pole l'an dernier, s'est fait surprendre par la vitesse des Rouges.
Toyota a déjà eu les titres mondiaux. Maintenant que la concurrence d'usine est bel et bien là, le constructeur N°1 mondial voudra vaincre pour de bon le signe indien au Mans, en battant des adversaires de taille. La Toyota GR010 est un monstre d'efficacité, sans compter l'expérience de l'équipe qui peut faire des miracles, même avec une BoP normalement défavorable.
Ferrari, de son côté, veut mener ses 499P vers les titres. Perdre Le Mans cette année serait évidemment malheureux pour Maranello. Mais la quête des titres est aussi très prise au sérieux, puisque pas encore accomplie. Mais cela passera par une régularité sans faille d'un bout à l'autre du championnat. Et allons savoir : la Ferrari "privée" d'AF Corse (Ye/Hanson/Kubica) peut se payer le scalp des officielles.
Alpine et BMW pour confirmer
Les deux marques ont été les bonnes surprises de la fin de saison 2024, en se battant pour la 4e place du championnat constructeurs. La marque de Dieppe a remporté ce duel et montré que le projet Hypercar avait une base très solide.
Le V6 Mecachrome, produisant au passage une belle mélodie, a péché par une fiabilité désastreuse au Mans, alors que les Alpine avaient un bon coup à jouer. Les soucis ont normalement été résolus et devraient laisser les A424 s'exprimer par une performance très encourageante. L'équipage de la N°35 (Milesi/Habsburg/Chatin) a été reconduit fort logiquement, tandis que la N°36 accueillera le néo-titulaire Jules Gounon et l'ex-Porschiste Frédéric Makowiecki. Avec Mick Schumacher en guise de capitaine.
Le son de cloche est le même chez BMW, qui a eu le bonheur, aux 6 Heures de Fuji, de décrocher son premier podium, comme Alpine. Mais seule la N°15 était capable de jouer aux-avant postes, la N°20 était très souvent en retrait, à l'instar de la Porsche N°5 face à la N°6.
L'écurie belge WRT de Vincent Vosse peut cependant se targuer d'exploiter une voiture très prometteuse, qui a notamment fait forte impression en IMSA, à Daytona, en qualifications. Les données récoltées seront forcément bonnes pour le WEC et la progression vue fin 2024 laisse augurer de bonnes choses pour la suite.
De là à ce qu'Alpine et BMW soient dans le match pour les podiums ? C'est bien tout le mal qu'on peut leur souhaiter : aller se battre avec les trois top teams.
Peugeot et Cadillac pour sortir de l'eau
Pour le Lion comme pour Cadillac, 2024 a été (très) loin des attentes en termes de résultats. Seule une pole pour Cadillac et un podium pour Peugeot ont égayé un bilan pas ragôutant.
L'heure est plus grave pour Peugeot : les 9X8 ont beau faire l'unanimité en termes d'esthétique, force est de constater que la performance n'a pas été là. L'absence d'aileron arrière en 2023 était en quelque sorte une jurisprudence, en attendant une évolution significative et plus conventionnelle.
Hélas, même avec une monte pneumatique comme celle des concurrents et un aileron arrière, les points ont été difficiles à aller chercher. Le constructeur de Sochaux est presque condamné aux exploits, à tout le moins à ce que la 9X8 revienne enfin à hauteur de ses concurrents. Au risque que le directoire ne ferme les vannes pour le programme WEC, ce qui serait un mauvais coup porté à la catégorie.
Cadillac, en revanche, va certainement chasser les mauvais souvenirs de 2024 par un grand renouveau. L'alliance avec Jota, enfin devenu équipe d'usine d'un constructeur, pourrait faire mouche dans le haut de tableau.
La 2e séance du Prologue a montré que les V Series R N°12 et N°38 seront bel et bien dans le coup. Les deux premières places ont été acquises et les deux trios de cette saison promettent énormément. Citer Sébastien Bourdais, Alex Lynn, Jenson Button, Norman Nato, Earl Bamber et Will Stevens suffit à comprendre que, si tout se passe correctement, Toyota, Porsche et Ferrari risquent d'avoir de la visite dans la lutte en tête.
Aston Martin a tout à prouver
Voilà peut-être l'Hypercar la plus attendue depuis la création de la catégorie. Aston Martin a balayé toute notion de politiquement correct dans le paysage des moteurs de course. Au lieu de "petits" V6 ou V8 un peu trop conventionnels, la marque britannique a déboulé avec une Valkyrie aux lignes démoniaques et son V12 atmosphérique. Une ode pour les oreilles et les yeux, une déclaration d'amour aux puristes.
Mais bien entendu, il convient de savoir ce que les 007 et 009 ont dans le ventre. Les premiers tours de roue, durant le Prologue, n'ont pas révélé de problème particulier et les voitures ont toutes deux bien roulé.
Mieux vaut ne pas trop attendre de ce projet, qui va disputer sa première course en WEC à Losail et sa première en IMSA aux 12 Heures de Sebring. Ce qui est sûr en revanche, c'est à l'équipe exploitante, le Heart of Racing, que l'on doit ce retour en prototype. Le team américain aura les mains libres pour faire son boulot et faire progresser ces voitures. Lesquelles font déjà l'unanimité visuellement.
Ils arrivent en Hypercar : Genesis, Ford...et d'autres ?
On commence à y voir une sorte de rituel : une arrivée en LMGT3 d'un constructeur constitue un sacré sujet d'études sur le WEC, avant d'entrer sur la scène de l'Hypercar. Ford a commencé par là avec les Mustang du Team Proton, sans compter son équipe officielle en IMSA, en classe GTD Pro. Et l'annonce de son arrivée en 2027 a est arrivée par la suite.
La logique voudrait alors que McLaren fasse à son tour une annonce sur un possible projet Hypercar. Il faut dire que le constructeur de Woking est le seul constructeur/groupe du plateau LMGT3 à ne pas avoir de prototype déjà en piste ou ne serait-ce qu'annoncé...Hormis Mercedes, qui revient en WEC avec l'AMG GT3. Là encore, on pourrait se dire qu'il n'y a pas de fumée sans feu.
Acura, engagé en IMSA est aussi pressenti pour venir, d'après des discussions entre journalistes. La condition était que les LMDh devaient pouvoir gagner en WEC face aux LMH. Ce qui est désormais le cas : Honda pourrait venir à son tour, si le directoire donne son accord. Et si c'est le cas, l'échéance 2026, en même temps que Genesis/Hyundai, serait la plus probable.
A ceux qui sont partis du WEC...
Lamborghini, Vanwall, Glickenhaus, Isotta Fraschini...voilà les quatre marques ayant quitté le navire Hypercar. Il est vrai que se faire une place parmi les mastodontes de l'automobile n'a rien d'aisé quand on a peu de moyens et/ou que la voiture ne tient pas le rythme.
Les privés au sens "Pescarolesque" du terme manquent à la grille et on s'était amourachés des courbes rétro de la Glickenhaus ou du cri ravageur de la Vanwall. Beaucoup de fans aimeraient les revoir par le côté artisanal de ces voitures, attachantes à leur façon.
Quant à Lamborghini, difficile de savoir ce qu'il adviendra de la non moins jolie SC63. Elle roule pour l'instant en IMSA après avoir délaissé le WEC et il semble que le projet soit sur la sélette...A suivre.
Voilà une anecdote amusante pour la route : si aucun constructeur n'était parti, qu'aucun ne part qu'on les ajoute aux nouveaux et aux potentiels arrivants, la grille Hypercar aurait 17 constructeurs et afficherait un minimum de...34 voitures en 2027. Qui dit mieux ?