À l'occasion de l'arrivée de l'Arabie Saoudite au calendrier cette saison, retour sur la dernière et unique apparition du Moyen-Orient en mondial lors du Rallye de Jordanie.
Au mois de novembre, le WRC se rendra en Arabie Saoudite pour la quatorzième et dernière manche de la saison, marquant le retour du Moyen-Orient au calendrier du championnat du monde pour ce qui sera seulement la deuxième apparition du continent dans l'Histoire du WRC. À l'occasion de la trêve estivale, retour donc sur cette unique apparition du Moyen-Orient en WRC avec le Rallye de Jordanie, accompagné par le témoignage de Stéphane Prévot, copilote ayant pris part à deux des trois éditions du rallye en 2008 et 2010 et auteur d'un podium avec Chris Atkinson sur la Subaru Impreza WRC.
La seule fois où le WRC s'est rendu au Moyen-Orient
Cette saison 2025, le WRC accueille dans son calendrier l'Arabie Saoudite, quatorzième et dernière manche de la saison, pour ce qui sera la première apparition du pays dans l'Histoire du Championnat du Monde des Rallyes depuis sa création au début des années 1970. Au-delà de la première apparition du pays en WRC, ce sera surtout (et seulement) la deuxième apparition du Moyen-Orient dans l'Histoire du WRC, presque une anomalie lorsque l'on parle d'un championnat qui aura plus de 40 pays sur l'ensemble des continents depuis 1973 ! Pour parler de la dernière et seule apparition du Moyen-Orient en WRC, il ne faut pas remonter loin dans l'Histoire puisque c'est à l'aube des années 2010 que le championnat du monde aura brièvement posé ses valises dans cette région du monde et ce le temps de trois petits rallyes, en 2008, 2010 et 2011 avec une épreuve organisée en Jordanie. Retour donc sur ce court passage du WRC au Moyen-Orient, avec le témoignage du copilote belge Stéphane Prévot, auteur d'un podium en 2008 aux côtés de Chris Atkinson dans la Subaru Impreza WRC.
En 2008, un petit nouveau fait son apparition en WRC puisque le championnat du monde accueille le Rallye de Jordanie, une toute nouvelle épreuve qui marque la première apparition du Moyen-Orient en WRC, avec un rallye atypique bien loin des clichés que l'on peut se faire d'un rallye dans une région comme le Moyen-Orient. Niveau parcours, cette première édition du Rallye de Jordanie proposait quasiment 360 kilomètres de chrono répartis en 22 spéciales dont la majorité en dessous du niveau de la mer puisque organisées non loin des rives de la mer Morte, une première et une particularité unique dans l'Histoire du WRC, faisant du Rallye du Jordanie, le rallye le plus bas en altitude jamais disputé en mondial, le tout sur des spéciales roulantes, bien loin du cliché cassant à la limite du rallye raid que l'on pourrait se faire d'un rallye terre au Moyen-Orient.
Stéphane Prévot :
Ce rallye était une découverte pour tout le monde, les températures étaient extrêmes, il faisait plus de 60 degrés dans les habitacles. Avec Chypre, c'est un des seuls rallyes où j'ai porté un casque ouvert tellement les températures étaient carrément extrêmes. Il fallait être en forme et heureusement, on l'était tous à cette époque, mais ça demandait des efforts. Je me souviens de la toute dernière spéciale du rallye, plus de 40 kilomètres, on terminait par un monument qu'on faisait deux fois le dimanche, avec des températures pareilles, c'était violent.
Ce qui était assez rigolo aussi, c'est que l'on avait une grosse majorité des spéciales en dessous du niveau de la mer. On arrivait d'Argentine où les ingénieurs devaient monter avec les voitures de course pour faire des réglages moteurs parce qu'il y avait des spéciales à plus de 2500 mètres d'altitude et puis on se retrouvait là, en Jordanie, en dessous du niveau de la mer. Comme on démarrait devant la mer Morte, tout le monde est allé se mettre dedans, c'était rigolo à voir !
C'étaient des routes assez naturelles, les spéciales étaient vraiment sympas, très techniques, pas excessivement sablonneuses, c'étaient des spéciales au pilotage. La prise de notes était technique et plutôt compliquée, c'était du vrai rallye, ça avait totalement sa place dans le championnat ! On a vu bien pire que ça, des rallyes comme Chypre par exemple n'étaient pas à ce niveau-là. En 2008, c'était une découverte et une surprise agréable pour tout le monde. Je pense que personne n'a été déçu d'aller là. De mon côté, j'en garde forcément un bon souvenir, surtout en 2008 avec le podium ! Je l'ai ensuite refait en 2010, mais cette fois-ci dans le cadre du championnat du Moyen-Orient, donc on partait après les WRC.
Pour ceux n'ayant pas connu ce court passage du WRC en Jordanie, c'était un rallye qui, pour Stéphane Prévot, est plus ou moins comparable au Portugal.
Je dirais que la Jordanie se rapproche le plus du Portugal, particulièrement sur le revêtement. Ce n'est pas l'Acropole (ndlr. Grèce), c'est moins cassant, plus roulant, les pistes sont plus belles et plus roulantes qu'à l'Acropole. Je dirais que c'est le Portugal en un peu plus rapide. De mémoire, les moyennes de temps en spéciales étaient un peu plus rapides qu'au Portugal, donc oui, c'est le rallye qui s'en rapproche le plus pour moi.
- © GEPA pictures / Red Bull Content Pool
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Comme souvent en sport automobile, chaque épreuve a son lot d'anecdotes sur et en dehors de la piste, et ce Rallye de Jordanie 2008 n'y échappe pas, comme nous le raconte Stéphane Prévot.
À l'époque, Max Mosley était président de la FIA, mais on ne le voyait jamais sur les rallyes et il a débarqué là-bas en Jordanie. C'était presque un choc pour nous et il était accompagné du roi Abdallah II de Jordanie qui a donné le départ du ceremonial start et qui nous a également remis les coupes à l'arrivée. Sérieusement, c'est quelque chose qui nous a marqués, surtout l'histoire Mosley ! Les équipes interdisaient d'aller lui parler. Moi, je me souviens de David Richards chez Prodrive qui nous disait "Mosley va débarquer sur le rallye, interdiction de lui montrer quoique ce soit : faites comme si de rien n'était." C'était quand même assez absurde, car c'était carrément le président de la FIA. C'était tout de même quelque chose qui avait marqué les esprits !
Niveau organisation, etc. c'est sûr qu'il y avait des trucs, bon… il était clair que c'était un nouveau rallye dans le championnat. Je me souviens d'un accident entre Loeb et Rautenbach, il y avait une spéciale qui débutait et se finissait au même point donc on se croisait sur le routier pour monter au départ et puis pour redescendre après l'arrivée. Loeb qui terminait la spéciale croise Rautenbach qui chauffait ses pneus sur le routier pour aller au départ et il se le prend en pleine face de façon plutôt violente. Rautenbach était sur une Citroën cliente et Loeb sur la Citroën usine, ça n'a quand même pas fait une pub extraordinaire. C'est le genre de chose où il était évident que le rallye était nouveau dans le championnat et qu'il y avait certaines choses à mettre en place et à régler.
Niveau résultats, le Rallye de Jordanie aura eu droit à trois vainqueurs différents en trois éditions puisqu'en 2008, c'est Mikko Hirvonen qui s'impose au volant de la Ford Focus WRC et les éditions 2010 et 2011 voient deux victoires Citroën consécutives avec d'abord Sébastien Loeb en 2010 puis Sébastien Ogier en 2011, tous les deux au volant de la DS3 WRC.
Arabie Saoudite 2025, à quoi s'attendre ?
Pour le retour du WRC au Moyen-Orient et la première de l'Arabie Saoudite en mondial, changement total de terrain par rapport à la Jordanie. Pour Stéphane Prévot qui connaît bien le championnat du Moyen-Orient, il faut s'attendre à un rallye cassant qui mettra à rude épreuve les voitures et surtout les pneus !
Je pense que le rallye ressemblera plus au Qatar, c'est-à-dire gros risque de crevaison avec des pierres cachées dans le sable. Je pense que ce sera plus difficile que la Jordanie à ce niveau-là. L'Arabie Saoudite sera quelque chose de plus "désertique", ce sera un peu compliqué niveau crevaisons avec un parcours assez cassant à mon avis. Il y aura plus de pièges.
Crédits photo de couverture: GEPA pictures / Red Bull Content Pool.