Pour sa 70ème édition le Monte-Carlo accueille une jolie affiche avec 7 constructeurs : Subaru, Citroën, Peugeot, Mitsubishi, Ford, Škoda et Hyundai. Mais pas d'amateurs au départ...

Sous la houlette de David Richards, le WRC n'accueille au départ que les WRC et Super 1600 du championnat junior. Exit donc les amateurs qui faisaient le charme du plus mythique des rallyes... Le rallye se finira d'ailleurs dans une atmosphère pesante, mais avec un vainqueur moral : Sébastien Loeb.

Monte-Carlo 2002, la passation de pouvoir !

C'est la première fois que les Xsara WRC participent au Monte-Carlo, si la voiture a prouvé qu'elle était très bien née lors de ses quelques rallyes en 2001, la préparation a été difficile avec une casse moteur lors des essais.

Chez Subaru on a recruté à l'intersaison le quadruple champion du monde et triple vainqueur du Monte-Carlo, le légendaire Tommi Mäkinen. Et le finlandais se verrait bien accrocher un quatrième succès en principauté et égaler les non moins légendaires Walter Röhrl et Sandro Munari.

Chez Peugeot, l'équipe semble la mieux armée avec son trio : Richard Burns, Marcus Grönholm et Gilles Panizzi. Le Lion arrive confiant et s'est préparé pour un rallye enneigé... qui sera au final complètement sec. Ford et son trio Colin McRae, Carlos Sainz et Markko Märtin arrivent en outsiders après 2 saisons en dauphin de Peugeot.

Chez Škoda, Hyundai et Mitsubishi (malgré l'arrivée de François Delecour) on est condamnés à faire de la figuration. Et que dire du belge Bruno Thiry au départ sur une 206 WRC privée engagée par Peugeot Belgique, ainsi que Didier Auriol sur une Toyota Corolla WRC vieillissante et déjà capricieuse lors du Shakedown...

Etape 1 : Loeb surprend

Le rallye commence mal pour l'armée rouge : les moteurs des Xsara de Philippe Bugalski et Thomas Radstrom cassent sur la liaison vers la première spéciale ! Carlos Sainz dégaine le premier en s'imposant dans la première spéciale du rallye 0"9 devant Tommi Mäkinen. Gilles Panizzi signe le quatrième temps dans cette première spéciale, mais une fuite du système hydraulique a obligé Peugeot à changer l'ensemble boîte-différentiel : les frères Panizzi écopent de 2'10" de pénalité dès le départ du rallye et se retrouvent à la 30ème place...

Pour Didier Auriol c'est pire : abandon dès le point stop, moteur cassé ! La deuxième spéciale de Sisteron-Thoard promet d'être le premier juge de paix du rallye avec ses 36 kilomètres mais elle est annulée à cause du trop grand nombre de spectateurs...

Petter Solberg remporte l'ES3 mais Tommi Mäkinen s'empare de la tête du rallye tandis que Freddy Loix sort violemment de la route. Le second passage dans Sisteron-Thoard n'est pas annulé et les conditions sont très piégeuses avec de la glace au col de Font-Belle. Et dans cette spéciale le duo Sébastien Loeb-Daniel Elena signe une performance de premier ordre : ils signent le scratch avec 18" d'avance sur Grönholm et prennent la tête du rallye !

Avec 3 leaders en 3 spéciales disputées, ce 70ème Monte-Carlo tient toutes ses promesses. Par contre chez Hyundai Armin Schwarz sort de la route et le constructeur coréen peut déjà plier bagage...

Dans la dernière spéciale du jour, Loeb assomme une nouvelle fois ses adversaires : Panizzi est relégué à 17", Mäkinen à plus de 30", le finlandais a effectué un tête-à-queue et ce dernier considère que ça lui a coûté une demi-minute ! Le jeune Alsacien rentre au parc avec 36" d'avance sur Mäkinen et 44"6 sur McRae, excusez du peu !

Etape 2 : La terrible erreur de Citroën...

Solberg remporte la première spéciale du jour tandis que Loeb s'impose dans la seconde, Harri Rovanperä et Roman Kresta abandonnent. Les 4 autres spéciales du jour sont marquées par un duel entre Mäkinen et Loeb, le finlandais brille avec 3 scratchs dont 2 dans le Col du Turini. Mais Loeb boucle la journée avec 28"2 d'avance sur Mäkinen, le matador Sainz est désormais troisième à plus de 2 minutes de Loeb.

Hélas Citroën commet une terrible erreur : alors que la dernière assistance du jour interdit le changement de pneus, l'équipe commet une bévue en montant 4 pneus mixtes pour mettre la voiture dans le parc fermé.

Cela n'avantage pas Loeb mais le règlement a été enfreint... Si Guy Fréquelin a construit patiemment les troupes de l'armée rouge Citroën Sport, l'équipe est encore tendre avec 2 moteurs cassés avant le départ de la première spéciale et désormais cette erreur. L'ambiance est tendue au parc : Ford réclame une exclusion pure !

Du côté Citroën on fait profil bas, Guy Fréquelin ne nie pas l'erreur qui résulte d'une mauvaise communication. La sanction tombe : 2 minutes de pénalité ! Dura Lex Sed Lex... Loeb se retrouve en deuxième position à plus de 1'30 de Mäkinen. C'est dur et Citroën fait appel.

Etape 3 : Mäkinen déroule

Cette dernière journée se déroule sans suspens, Mäkinen assure, Solberg remporte trois spéciales et Loeb une. A l'arrivée, l'ambiance est toujours aussi pesante, si Loeb estime (à juste titre) avoir remporté le rallye dans les spéciales, la pénalité est bel et bien là et le duo Mäkinen-Subaru l'emporte.

Chez Subaru on fait comme si rien ne s'était passé. Le quatrième succès d'affilée de Mäkinen au Monte-Carlo est une réelle performance, surtout au volant d'une voiture qu'il découvrait,  mais l'attitude du finlandais à l'arrivée n'est pas celle du grand champion qu'il est : pas un regard pour Sébastien Loeb et des déclarations reconnaissant à demi-mot les performances du duo Loeb-Elena...

Carlos Sainz termine troisième devant McRae et Grönholm. Solberg termine 6ème et meilleur performer du rallye tandis que le belge Bruno Thiry termine premier des pilotes privés à la 11ème place.

Et l'appel de Citroën ? Les espoirs de le voir aboutir étaient vains... Mais le lendemain du rallye, une pub saluant la victoire de Loeb dans le quotidien sportif L'Equipe sans aucune mention "sous réserve de la décision concernant l'appel" fera de nouveau un tollé car étant contraire au code sportif...

Citroën ayant désormais des chances de voir la sanction alourdie pour Loeb, Guy Fréquelin retirera sagement l'appel dans la semaine suivant le rallye. On ne reprendra plus les troupes de Guy Fréquelin à faire autant d'erreurs sur un rallye.

 

Mais pour cette édition 2002 du Monte-Carlo, Sébastien Loeb et Daniel Elena ont pris une autre dimension en mettant au pas 5 champions du monde, en alliant vitesse et sang froid. Le duo déflorera son palmarès plus tard dans la saison avec une victoire lors du ADAC Rallye Deutschland, la suite, on la connaît... En s'imposant en S1600, un autre jeune pilote éclate au grand jour lors de ce Monte-Carlo : l'espoir belge François Duval. Ce rallye sera la dernière victoire de Tommi Mäkinen...