Après trois saisons en IRC, l'année 2012 signait le retour du Monte-Carlo en WRC pour sa 80ème édition. Avec plus de 430 kilomètres chronométrés étalés sur 5 jours, le rallye s'étale entre l'Ardèche et les Alpes-Maritimes.
Le belge Marc Duez et le Champion de France des Rallyes Asphalte 2007, Patrick Henry étaient les pilotes des voitures ouvreuses de ce rallye.
Monte-Carlo 2012
Les forces en présence
Avec un peu plus de 82 engagés, le rallye est loin des 299 engagés de l'édition 1982 ! Les favoris sont bien entendu le duo Sébastien Loeb et Daniel Elena, presque vainqueurs en 2002, ils ont remporté le rallye de 2003 à 2005 et ensuite en 2007 et 2008.
Ils sont les recordmans de victoire et avant le départ on voit mal qui pourrait contester leur suprématie et celle de la Citroën DS3 WRC. D'ailleurs il y a eu du changement chez Citroën Racing : le belge Yves Matton a pris la tête de l'équipe (il succède à Olivier Quesnel). Et surtout pour seconder Loeb et palier au départ de Sébastien Ogier, le constructeur aux chevrons a recruté le finlandais Mikko Hirvonen, vainqueur du Monte-Carlo 2010 en IRC, et 2 fois vice-champion du monde des rallyes. Thierry Neuville découvre lui aussi la voiture.
Chez Ford, le Champion du Monde 2003 Petter Solberg a rejoint l'équipe, d'ailleurs son copilote Chris Patterson fête à cette occasion son 100ème départ en mondial. Le vice-champion du monde 2010 Jari-Matti Latvala entame une saison de plus chez la marque à l'ovale bleu. Une armada de Ford Fiesta WRC plus où moins privées sont engagées, on note la présence du fantasque Evgeniy Novikov, du jeune loup Ott Tänak où du moins jeune mais toujours fringant François Delecour !
L'attraction de ce Monte-Carlo reste la présence des Mini WRC engagées par Prodrive, si la voiture s'est montrée performante en 2011, l'équipe anglaise attend toujours désespérément un soutien de BMW... L'équipe aligne le solide Dani Sordo et l'espoir français Pierre Campana.
Quid de Sébastien Ogier ? Après une saison 2011 s'étant terminée dans une ambiance délétère chez Citroën avec Sébastien Loeb, le Gapençais a décidé de rejoindre les rangs de Volkswagen, la Polo WRC ne devant débuter qu'en 2013, le constructeur allemand engage le vainqueur du Monte-Carlo 2009 et l'espoir néerlandais Kevin Abbring sur des Skoda Fabia S2000.
Ils ne pourront pas briller face aux WRC mais il faut s'entraîner avant 2013. Même constat pour Bryan Bouffier, vainqueur du Monte-Carlo 2011, le drômois est engagé sur une Peugeot 207 S2000. En tout cas, avec seulement 3 constructeurs, aucune diffusion TV et aucun promoteur, le retour du Monte-Carlo en WRC ne se fait pas sous les meilleurs auspices...
La course
La première spéciale du rallye est bien entendu remportée par Sébastien Loeb 1" devant un surprenant Dani Sordo ! Mais dans la spéciale suivante de Burzet, Loeb réalise un mauvais choix de pneus. Latvala signe le scratch 28"6 devant Solberg et 31"3 devant... Ogier !
La Skoda Fabia S2000 vole ! Loeb concède plus de 50" et Latvala prend la tête du rallye. Dans cette spéciale Sordo se fait piéger en tapant un pont vers le village de Lachamp-Raphaël, l'espagnol perd une minute. Loeb s'impose dans l'ES3 0"4 devant Latvala. La dernière spéciale du jour est remportée également par Loeb... Mais le gros coup de théâtre vient de la sortie de Latvala !
Le suspens n'aura pas duré longtemps... On notera le second temps dans cette dernière spéciale de Delecour à 35" de Loeb. Loeb rentre au parc avec plus d'une minute d'avance sur Sordo et Solberg. Ogier occupe une étonnante 4ème place au milieu des WRC.
Cette seconde journée en Ardèche comporte 6 spéciales. Et Loeb n'y fera pas de détails : 5 scratchs, Sordo le devançant de seulement 0"2 dans l'ES8. Le fait notable de cette seconde étape est la violente sortie (160 km/h) de Sébastien Ogier et Julien Ingrassia dans la dernière spéciale du jour, alors qu'ils réalisaient un festival en occupant la 6ème place.
Le jugement de Guy Fréquelin est sévère "Ogier manque de plomb dans la tête" ! Heureusement pour une fois Guy Fréquelin avait tout de même un peu tort et ce début de rallye a été un signal fort envoyé de la part de Sébastien Ogier à ses adversaires en vue de la saison 2013... Loeb est leader à l'issue de la journée avec 1'37"2 d'avance sur Sordo, mais la bagarre pour la seconde place entre Sordo et Solberg est intense, ils sont séparés de moins de 4" après 10 spéciales.
Sébastien Loeb et Daniel Elena sont souverains, ils peuvent déjà commencer à assurer. Mikko Hirvonen en profite pour signer ses premiers scratchs au volant de la Citroën DS3 WRC. Si Solberg a repris la seconde place au début de la troisième étape, une erreur de pneus dans la spéciale suivant passant par un col du Gaudissart bien enneigé s'avère catastrophique ! Le norvégien perd plus d'une minute sur Sordo et dit adieux à la seconde place !
La suite du rallye n'apportera pas de surprises : Sébastien Loeb et Daniel Elena parachèvent un 6e succès au Monte-Carlo ! Un succès large avec 2'45" d'avance à l'arrivée sur Dani Sordo. Mais l'espagnol n'a pas démérité en signant sa 19ème (!) seconde place en WRC. Pourtant elle n'a pas été facile à aller chercher face à un Petter Solberg qui lui a repris 3 fois la place de dauphin au cours du rallye...
Le norvégien se console avec un podium pour son retour chez Ford. Hirvonen et Novikov complètent le top 5. Personne n'aurait parié sur lui et pourtant Delecour termine à une superbe 6e place. A 49 ans le vainqueur de l'édition 1994 a ravi les spectateurs, il a même laissé le volant de la Fiesta WRC à son copilote Dominique Savignoni dans la dernière spéciale !
Du côté des jeunes pousses, le bilan est contrasté. Le corse Pierre Campana termine à une probante 7e place, malheureusement pour lui cette course sera sa dernière apparition en WRC, le désintérêt de BMW envers le programme Mini WRC et des soucis familiaux l'éloigneront du rallye...
Une carrière brisée comme tant d'autres en sport auto. Ott Tänak termine 8e, s'il est désormais champion du monde (en 2019), l'estonien est toujours en quête d'une victoire au Monte-Carlo (malgré 3 podiums). Thierry Neuville a abandonné rapidement sur cette édition, mais 2020 sera l'année du succès au Monte-Carlo pour le belge.