Cette saison le Safari Rally Kenya réapparait au calendrier du WRC, si l'on ne peut que se féliciter de voir réapparaître une manche africaine au calendrier du WRC, elle n'aura pas le charme des éditions d'antan.
Et il faut l'avouer l'édition 2002 du mythique rallye africain a été tout simplement le dernier rallye "à l'ancienne" du WRC.
Safari Rally Kenya 2002
Avec 1 000 km chronométrés, et 2 passages dans une spéciales de plus de 100 km... Une vingtaine de WRC présentes avec pas moins 7 constructeurs différents : Ford, Peugeot, Citroën, Skoda, Hyundai, Mitsubishi et bien évidemment Subaru !
Si le finlandais Marcus Grönholm arrivait au Kenya en tête du championnat, il n'était pas le favori. En effet 3 spécialistes de ce rallye comptant 2 victoires chacun et visaient une 3e victoire africaine : Colin McRae (Ford), Tommi Mäkinen (Subaru) et Richard Burns (Peugeot), 6 titres de champion du monde à eux 3 !
En plus de la longueur du rallye, la grande particularité du Kenya est de voir des spéciales constamment remodelées par les pluies... Attention aux pièges. Les équipes Hyundai et Citroën découvrent le Safari, et un équipage franco-monégasque découvre également l'épreuve : Sébastien Loeb et Daniel Elena !
D'ailleurs le duo se retrouvera en panne lors des reconnaissances, les obligeant à attendre 4 heures dans la brousse l'arrivée des mécaniciens. Un expérience assez marquante que Loeb a raconté dans son autobiographie Ma ligne de conduite en ces termes :
Je n'ai plus jamais vécu, par la suite, une expérience aussi dépaysante, voire hallucinante que celle du Kenya.
Etape 1 : Mäkinen passe au travers des embûches
Seulement 8 minutes : la durée de la course pour Marcus Grönholm dont le moteur de la 206 WRC casse ! Ce premier secteur chronométré fait déjà des dégâts, Solberg perd 14 minutes sur des problèmes d'embrayage, Panizzi s'arrête plus de 20 minutes pour réparer une biellette... Tommi Mäkinen s'impose dans ce premier tronçon.
Colin McRae remporte le second secteur chronométré, Thomas Rådström perd une roue avant et termine la seconde moitié de la spéciale avec Denis Giraudet dans le coffre tentant de faire contrepoids ! François Delecour et Alister McRae cassent chacun un amortisseur.
Les 2 premiers secteurs étaient difficiles ? Le troisième est pire... Loeb attaque mais ses amortisseurs se coincent en position détente, l'alsacien finit avec le dos en compote et c'est Daniel Elena qui conduira la Xsara en liaison ! Casse d'amortisseur pour Colin McRae, Markko Märtin, Harri Rovanperä et Richard Burns. Le moteur de la Mitsubishi de Delecour n'a pas supporté la poussière et rend l'âme ! Tommi Mäkinen est de nouveau le plus rapide devant un surprenant Gilles Panizzi !
Le secteur de Ntulele est le plus long du rallye : 106 km ! Pourtant Colin McRae met seulement 51 minutes pour parcourir l'épreuve ! Il reprend plus de 2 minutes à Mäkinen. Le finlandais termine cette première étape en tête mais l'écossais est seulement à 16"1 ! Sainz est troisième. La galère continue pour les frères Panizzi : une branche arrache la prise d'air située sur le toit de la 206 WRC, la poussière s'infiltre dans le cockpit et ils sont mis sous oxygène à l'arrivée !
Etape 2 : Mäkinen abandonne, McRae garde la tête froide
Loeb et Elena signent leur premier scratch sur terre en WRC dans le premier secteur chronométré de cette seconde étape. Le leader, Tommi Mäkinen casse un amortisseur, le finlandais gêne Colin McRae dans l'affaire mais il aura la bonne réaction en allant s'excuser auprès de l'écossais juste après l'arrivée. Toujours est-il que Colin McRae se retrouve en tête tandis que le tronçon suivant est annulé.
Richard Burns signe ensuite le premier scratch pour une 206 dans ce rallye et c'est ensuite Gilles Panizzi qui signe un nouveau scratch pour le clan Peugeot ! Pourtant le moteur de la 206 WRC surchauffe et le français doit vider ses gourdes... Abandon pour Tommi Mäkinen et pour Carlos Sainz !
Lors du retour au parc, Richard Burns est malheureusement victime d'un des abandons les plus stupides de l'histoire du rallye. Burns a cassé sa suspension avant gauche lors du précédent secteur chronométré. Sauf que cette année là, le Parc d'Assistance est situé en plein milieu d'un champ de fech-fech. Un sable très fin bien connu par les concurrents de rallye-raid.
Les personnels des équipes portent le masque (pourtant pas de crise sanitaire en vue) pour se protéger du sable, Kenneth Eriksson et sa Hyundai se sont déjà ensablés... Pour essayer de passer l'obstacle, Richard Burns prend de la vitesse à l'entrée du parc mais les goujons avant-gauche cèdent !
La 206 s'enlise et l'équipage britannique a 30 minutes pour se sortir de là avant la mise hors course... Ils tentent tout : roue de secours placée sous une roue, pierres, banderole publicitaire, dégonflage des pneus... La 206 refuse de bouger, et Richard Burns abandonne dépité... Loeb signe un nouveau scratch et Colin McRae boucle l'étape en tête, il ne reste plus que 14 voitures !
Etape 3 : McRae triple la mise !
Il reste 3 secteurs chronométrés dans ce rallye, mais ils représentent tout de même 260 km ! Colin McRae remporte le premier secteur chronométré que Markko Märtin parcourt à vue : son copilote Michael Park a oublié ses notes !
Gilles Panizzi remporte l'avant dernier secteur chronométré et Sébastien Loeb s'impose dans le dernier secteur, seulement 11 voitures rejoignent l'arrivée ! L'argentin Marcos Ligato menait les débats en Groupe N, mais une casse de suspension le contraint à l'abandon dans le dernier secteur chronométré... Le malais Karamjit Singh en profite pour s'imposer sur sa Proton, qui veut aller loin, ménage sa monture.
Ce sont donc Colin McRae et Nicky Grist qui s'imposent, le duo remporte sa 3e victoire au Safari. C'est également la 25e victoire mondiale du grand Colin ! Ils s'imposent avec presque 3 minutes d'avance sur Harri Rovanperä et presque 19 minutes sur la Xsara du suédois Thomas Rådström copiloté par le français Denis Giraudet.
Markko Märtin termine 4e avec 20" d'avance sur Sébastien Loeb et Daniel Elena qui signent là une performance plus que probante ! Gilles Panizzi termine 6e, sans ses soucis dans la première spéciale, le podium aurait été largement à sa portée, une belle prestation faisant oublier sa leçon d'anglais et de boxe de l'édition 2000.
Citroën est le seul constructeur à amener ses 2 WRC à l'arrivée. Un signe avant-coureur de la future déferlante de l'armée rouge sur le WRC !