A un mois du retour de la F1 en Australie, nous nous sommes entretenus avec Thomas Sénécal, le rédacteur en chef des sports mécaniques sur Canal +.

Il revient sur la saison 2018, les ambitions de la chaîne cryptée pour la catégorie reine du sport automobile, ainsi que le futur de la couverture télévisuelle et digitale de la discipline.

Sur le plan du sport, quel est votre verdict concernant la saison 2018 ? Pensez-vous qu’elle a tenue sa promesse de spectacle, ou au contraire s’est-elle engouffrée dans un schéma top répétitif ?

Le vainqueur (Lewis Hamilton) n’est certes pas nouveau, il n’y a aucune surprise. En revanche, le scénario de cette saison était génial. On a vraiment cru à la fin de la domination Mercedes/Hamilton. Il y a malheureusement ce fameux tournant de l’été avec la faute commise par Sebastian Vettel lors du Grand Prix d’Allemagne. Ensuite, un enchaînement de faits contraires pour Ferrari. Et à l’arrivée, Lewis Hamilton qui remporte encore une fois le championnat.

Si l’on regarde juste le palmarès, on pourrait en effet se dire que c’est juste un titre de plus pour Hamilton. Mais il y a eu de beaux Grands Prix en 2018. Je me souviens par exemple de la Chine qui était très bien, l’Azerbaïdjan qui comme à son habitude était une course hors-norme et pour terminer l’Autriche. Le scénario de fin saison n’était effectivement pas un suspens. Dès fin septembre on savait déjà qu’Hamilton empocherait un nouveau titre.

Êtes-vous satisfait du bilan de Canal + pour la Formule 1 en 2018 ?

Avec l’équipe de Canal nous sommes très satisfaits. C’était une super année sur le plan du spectacle proposé, et au niveau de nos résultats d’audiences. On a reçu de très bons scores ainsi qu’un taux de satisfaction très élevé de la part de nos abonnés. Ce qui a vraiment contribué à ces résultats cette saison, c’est le retour du Grand Prix de France au calendrier. Avec plus de 20 heures de direct et 30 invités sur notre plateau, qui se trouvait lui-même juste au-dessus de la grille de départ, on a vécu un week-end hors-normes au Castellet.

D’un point de vue des chiffres, 2018 est notre meilleure saison depuis 2013. Le nombre d’abonnés a augmenté de 6%. La moyenne de l’audience au cours des Grands Prix de l’après-midi oscille entre 700 000 et 1 million de téléspectateurs, le record cette saison étant le Grand Prix d’Espagne (950 000 téléspectateurs avec un pic à 1,1 million regardant la course simultanément). Le Grand Prix de France a aussi très bien fonctionné (834 000 téléspectateurs sur Canal +).

Des nouveautés pour 2019 ?

Concernant nos émissions, on reste sur un objectif de continuité. Notre équipe est jeune et dynamique. On ne changera pas le plan de jeu et les joueurs titulaires. Nous serons toujours en immersion au cœur du paddock.
Ce que nos abonnés souhaitent, c’est la Formule 1 au plus près des pilotes et des écuries. Cet esprit restera le même. Il sera à nouveau porté par les mêmes acteurs, Margot Laffite et moi-même pour la présentation, Laurent Dupin pour les interviews et bien sûr Julien Fébreau et Jacques Villeneuve aux commentaires.

Récemment, Liberty Media a indiqué que les jeunes représentaient une très petite part des audiences télévisées (14% des téléspectateurs ont moins de 25 ans). Est-ce alarmant à vos yeux, et si oui, quelle stratégie faudrait-il opter pour reconquérir leur attention ?

Oui c’est un véritable enjeu. Le constat est là, même si je ne dispose pas de chiffres exacts. Mais c’est un problème qui est souvent abordé au sein du paddock. Tout le monde a envie que les jeunes s’intéressent plus à la F1.

Je crois que l’une des solutions c’est la narration de belles histoires autour des jeunes pilotes, comme Max Verstappen, Charles Leclerc et Pierre Gasly. Il s’agit ici de capter l’attention d’un jeune public vers ces exemples de réussite.
Sur la forme de nos reportages et de nos couvertures, on doit aussi imaginer de nouvelles choses pour faire sortir la F1 d’un cercle de téléspectateurs en général initiés et habitués à suivre cette discipline depuis des années.

F1 TV, sortie peu avant le Grand Prix de Barcelone 2018, était considérée comme le futur de la rediffusion en live et streaming de la discipline. Pensez-vous qu’à terme, ce type d’offre en ligne concurrencera réellement les chaînes de télévision ?

C’est assez vertueux que la F1 se duplique sur un certain nombre de supports digitaux et télévisuels. C’était aussi le cas en France cette saison avec l’arrivée sur certains Grands Prix d’un support de diffusion en clair. Cela ne nous a pas nui bien au contraire, et a attiré de nouvelles personnes vers la Formule 1.

On ne voit donc pas ce produit (F1 TV) comme une concurrence, d’autant plus que notre offre n’a rien à voir avec un simple flux d’images commenté. Notre émission démarre une heure avant la course avec des reportages, des analyses et des interviews. Je suis convaincu que les gens qui aiment vraiment la F1 et suivent en profondeur un Grand Prix sont chez nous et resteront chez nous.

Pour ce qui est de F1 TV en lui-même, on peut parler d’un produit complémentaire pour les gens qui souhaitent regarder la F1 différemment. Mais ce n’est en aucun cas une concurrence pour nous.

"La F1 est un monde qui s’ouvre. […] Je lui souhaite de continuer de rayonner, d’être un espace de liberté, et de nous apporter de belles histoires."

Pour terminer, que souhaitez-vous à la Formule Un pour les années à venir ?

La F1 est un monde qui s’ouvre. Le paddock est par exemple beaucoup plus ouvert que par le passé. Je lui souhaite de continuer de rayonner, d’être un espace de liberté, et de nous apporter de belles histoires. On espère vraiment capitaliser sur ce dernier point pour les années à venir. Je pense que cela passera notamment par des figures francophones, comme c’est le cas avec Charles Leclerc et Pierre Galsy.