La tournée asiatique continue sur le Circuit de Suzuka situé à 50 km au Sud-Ouest de Nagoya dans la Baie d’Ise, sur la côte Pacifique de la plus grande île de l’archipel Japonais, Honshu, à la latitude de la Corée du Sud.

Le Circuit :

D'un développement de 5807 mètres, il devra Dimanche être parcouru 53 fois pour 307,471 kilomètres. Seul tracé en forme de huit, il est moyennement abrasif, et nécessite un compromis aérodynamique vitesse-charge moyen avec toutefois un train avant très directif pour encaisser les nombreux changements de caps.
Quant à la pleine charge du moteur, elle est d’environ 65% (en majeure partie entre l’épingle Hairpin et la ligne droite des stands). La VMAX se situait autour des 315 km/h avec les blocs V8 Atmosphérique, quid du V6 Turbo ici ? Il n’est, par contre, pas des plus exigeants pour les freins.

C’est la 31ème édition du GP du Japon à Suzuka dont le circuit fût conçu par le Néerlandais John Hugenholtz, ce morceau de bravoure accuse largement son âge et son déficit de sécurité. Hugenholtz avait également conçu Zolder, Zandvoort et Jarama, des tracés en osmose avec le relief, mais reconnus pour leur grande dangerosité et abandonnés pour cela par la F1 depuis bientôt 30 ans.

A l’origine dévolu aux tests Honda pour ses modèles généralistes, le circuit a vu pour son introduction aux disciplines internationales sa grande courbe consécutive au 130R cassée par une chicane qui a marqué l’Histoire du Sport Automobile en 1989 avec le freinage kamikaze d’Ayrton Senna sur Alain Prost… Idem pour la courbe Degner qui est alors devenue un double-droite en dévers assez incroyable !

Le premier GP eut lieu en 1987 et attribua avant même la course le titre à Nelson Piquet face à son équipier chez Williams, Nigel Mansell, qui se crasha très violemment en marche arrière dans les rails à droite des "S Curve". Depuis, seuls de très grands pilotes ont vaincu sur ce tracé… le plus sélectif de tous.
Succession de courbes rapides, de freinages en appuis ou en dévers, il ne pardonne rien avec une seule et unique trajectoire qui exige d’avoir à sa disposition une F1 réglée parfaitement. Du Turn-One où la corde ratée et c’en est déjà fini de vous, à la succession des "S-Curve" similaires à l’enfilade Copse-Maggots-Becketts-Chapel de Silverstone, auxquels succèdent la terrible courbe Dunlop qui vous jette sur l’incroyable premier droite de Degner, c’est déjà presque 30 secondes de folie pure façon montagnes russes… le Roller-Coaster de Suzuka niché près de la mer et son parc d’attraction…

Mais loin d’être un divertissement, ce n’est toujours pas fini ! Vous remontez sur la très technique épingle de Hairpin ou sur une mauvaise trajectoire vous restez quasiment planté façon Bonzaï… Vous repartez vers le très sélectif double-gauche en dévers de Spoon puis vous vous lancez dans la remontée vers un des virages qui fut le plus fou du championnat, le mythique 130 R gauche. Même le virage qui vous lance après la chicane dans la ligne droite des stands est incroyable… Vous ratez la courbe et tel Glock sous l’ère Toyota en 2009 et vous vous retrouvez projeté hors-piste…
53 tours de cette folie… Un vainqueur ici n’est pas qu’un pilote extraordinaire… il est aussi un aventurier !!!

Hélas, ce circuit n’a pas su évoluer en corrélation avec la F1 moderne. Alors qu’on pensait l’abandonner (malgré un hypothétique projet d’alternance) pour le circuit de Fuji appartenant à Toyota. La crise touchant les constructeurs japonais, a poussé Toyota à abandonner l’organisation du Grand-Prix.
On est donc revenu à Suzuka depuis 2009. Fort heureusement, depuis 2002/2003 le 130 R et sa chicane (dite "Casio Triangle") consécutive ont été modifiés. Le 130 R n’en porte plus que le nom son rayon passant à 340 mètres après que l’accident d’Allan McNish ait donné un terrible signal d’alarme… mais reste une courbe terriblement impressionnante !!

Reste le problème des dégagements, de l’absence de Run-Off, la présence d’antiques bacs à graviers ou de tas de pneus, de bords de piste sans vibreurs, de terre, de gazon, de rails à proximité immédiate… Chaque écart de trajectoire sur ce tracé vallonné riche de beaucoup de dévers envoie les monoplaces mordre la poussière au sens propre comme au sens figuré…
Lorsque le sort est favorable, celles-ci reviennent en piste en la salissant… un cercle vicieux auquel le re-surfaçage ne change rien bien entendu. A la recherche de performance, les F1 prennent au plus large, mordent allègrement les lignes, sous-virent puis survirent, se font jeter vers l’extérieur à chaque passage sur les vibreurs, etc…
Les conditions ne cessent dès lors de se dégrader ; en particulier dans le double droite Degner, dans les S ou dans Spoon (dont seule la deuxième partie bénéficie d’un Run-Off) alors qu’on en sort souvent large où justement il n’y a plus de Run Off !

Ces dernières années, nous avons connu diverses émotions ici, les plus récentes sont la retraite annoncée (et anticipée/forcée par son successeur) de Michael Schumacher en 2012. Ayons une pensée pour une femme d'exception, Maria De Villota, cette pilote d'essais Marussia, où l'on apprenait ici même en 2013, qu'elle avait été retrouvée sans vie à sa chambre d'hôtel à Barcelone. Après son terrible accident de 2012 en essais privés, elle y avait perdu l'usage de son œil droit, et le glas de sa carrière de pilote.
Enfin, la douloureux souvenir est encore très présent du regretté Jules Bianchi, ayant été impliqué dans un accident insoutenable à accepter de nos jours. Le pilote se battra dans le coma pendant près de 9 mois, avant de perdre la vie, ce 17 Juillet 2015.

Les modifications du circuit :
Suite aux tragiques événements de l'an passé des opérations de drainage ont eu lieu sur les virages 1, 3, 6, 7, 13 et 18.

Les Zone de DRS :
Ici, il n'y aura qu'une seule zone de DRS, avec un point de détection qui se situe 50m avant le virage 16 pour une mise en activation située 100m avant la ligne de chronométrage.

Le choix des Pneus :
La manufacturier italien viendra ici avec les gommes Medium (blanc) et Hard (orange), soit exactement le même choix que l'an passé. L'an passé, la course s'est intégralement disputée sous des conditions climatiques compliquées, mélangeant les pneus Intermédiaires et Pluie.

Le Pilote-commissaire :
Emanuele Pirro sera le pilote-commissaire pour cette édition, l'ex-pilote italien de F1 de Benetton et la Scuderia Ferrari est notamment connu pour être quintuple vainqueur des 24 Heures du Mans, les 24 Heures de Daytona, ou encore les 12 Heures de Sebring. Il a débuté son rôle de pilote-commissaire lors du Grand Prix d'Abou Dabi en 2010 et revient régulièrement à ce poste.

Les faits marquants :
– En 1977, James Hunt remporta sa dernière course à Fuji avec McLaren. Pressé par un rendez-vous important, il manqua la cérémonie du podium, de même que le deuxième, Carlos Reutemann, en signe de deuil après que l'accrochage entre son équipier Gilles Villeneuve et Ronnie Peterson ait tué deux personnes. C'est pourquoi Patrick Depailler, troisième pour la dernière course de la Tyrrell P34 à six roues, se retrouva tout seul sur le podium !

– En 1987, pour le premier Grand Prix disputé à Suzuka, le titre fut décidé non pas durant la course mais lors des qualifications. Nigel Mansell se blessa au dos sur sa Williams-Honda et déclara forfait pour la course, offrant ainsi le titre à son équipier et meilleur ennemi, Nelson Piquet. Gerhard Berger remporta la course, le Brésilien s'imposa, lui, en 1990.

– L'édition 1994 fut la dernière où s'appliqua la règle du classement par addition du temps des deux manches en cas d'interruption d'une course avant les 75% de la distance. Martin Brundle blessa un commissaire sous une pluie battante et força la direction de course à brandir le drapeau rouge. Grâce à une faute stratégique de Benetton, Damon Hill s'imposa, repoussant l'échéance du titre mondial à Adélaïde.

– Régulièrement en dernier position au calendrier de 1996 à 2003, Suzuka fut le théâtre du dernier Grand Prix des pilotes suivants : Mika Hakkinen et Jean Alesi (2001), Damon Hill (1999), Martin Brundle (1996), Eddie Irvine et Mika Salo (2002), Heinz-Harald Frentzen (2003).

– De même, grâce à cette place de choix dans le calendrier, le circuit en huit décida du titre mondial à dix reprises : de 1987 à 1991, en 1996, de 1998 à 2000 et en 2003.

Coté Business :
Le circuit de Suzuka a coûté à l’époque la somme de 4,3 millions d’euros. Mais ce n’est qu’en 1987 que la F1 pose ses valises sur le circuit Honda. Aujourd’hui, les organisateurs du Grand Prix du Japon paient environ 35 millions d’euros de redevance à la FOM pour accueillir la F1, le contrat courant jusqu’en 2018.

De 1987 à 2009, la chaine de télévision Fuji Television assure le sponsoring de l’événement avant que de nombreux sponsors prennent le relais, dont Rolex lors des deux dernières éditions. L’an passé, le circuit a connu une fréquentation de 142 000 personnes lors de cette tragique course.

Pour assister au weekend complet, il faudra compter entre 76 euros (placement dans les virages 9, 13, 14 et 15) et 663 euros (place dans la tribune donnant sur la ligne de départ/arrivée).

Les Horaires du Grand Prix :

Vendredi :
Essais Libres 1 : 10h00 - 03h00 heure française
Essais Libres 2 : 14h00 - 07h00 heure française

Samedi :
Essais Libres 3 : 12h00 - 05h00 heure française
Qualifications : 15h00 - 08h00 heure française
Dimanche :
Course : 14h00 - 07h00 heure française
Tour Virtuel du circuit :
https://www.youtube.com/watch?v=M-hzGD7oOR4