Pendant de nombreuses années, que ce soit sous l’ère Schumacher – Ferrari, l’ère Vettel – Red Bull ou bien désormais celle de Hamilton - Mercedes, on a cru que la F1 était devenu un sport monotone sur la piste.
Pourtant, en coulisses, les choses n’ont jamais été aussi compliquées, notamment depuis dix ans. L’arrivée des moteurs V6 turbo à fort rendement, les nouveaux nez, les numéros permanents, la suppression du FRIC… autant de mesures qui modifient considérablement ce sport qu’est la F1.
Ces mesures, visant soit à améliorer le spectacle, soit la sécurité, soit la concurrence en piste, n’ont réellement convaincu le public qui a grandi avec les V12 voire les V10 et les voitures aux multiples appendices. Depuis plus de dix ans maintenant, les règlements sportifs comme techniques de la F1 n’ont jamais cessé d’évoluer, ajoutant de nouvelles règles qui ont pratiquement toutes disparu de nos jours.
Le règlement a beaucoup travaillé sur le format du week-end, trop peut-être en provoquant de nombreux changements. Dès 2003, l’organisation d’un week-end de course est modifiée. L’organisation initiale prévoyait deux séances le vendredi de 10h00 à 11h00 et de 13h00 à 14h00 (dans la limite de 30 tours pour chaque séance), le samedi de 09h00 à 09h45 et de 10h15 à 11h00 (limité à 30 tours également), des qualifications de 13h00 à 14h00 (limité à 12 tours) puis le Warm-Up le dimanche matin et enfin la course le dimanche après-midi.
Depuis 2003, la F1 a connu neuf modifications majeures, allant de la double session le vendredi et samedi avec un tour lancé à l’actuelle formule que nous connaissons avec les trois phases de qualifications en passant par la double session le samedi où la première phase définissait l’ordre de passage (qui se faisait dans l’ordre inverse du classement de cette dernière) de la seconde, puis le samedi et le dimanche.
En 2003, le Warm-Up est supprimé d’une manière définitive. Outre les changement de format, la F1 a fait évoluer les règles sur le côté sportif. Dès 2003, les mulets sont interdits (abrogés en 2007 avant de redevenir interdit en 2011) et le barème des points change, offrant des points jusqu’à la huitième place contre la sixième auparavant. La même année, suite au scandale du Grand Prix d’Autriche, les consignes d’équipes visant à interférer le résultat de la course sont interdites (abrogé en 2011).
En 2005, la FIA décide de pimenter le spectacle en interdisant, sauf pour raisons de sécurité, le changement des pneus mais aussi le ravitaillement en carburant entre les qualifications et la course et les équipes autres que les quatre premiers du championnat peuvent faire rouler une troisième voiture sous conditions. La première mesure a été retirée du règlement la saison suivante pour offrir une nouvelle règle l’année suivante, en 2006, obligeant les pilotes à utiliser deux spécifications de pneus secs lors d’une course.
Dès 2009, la F1 connait un profond bouleversement. Les essais privés sont interdits au cours de la saison sauf s’ils sont faits en ligne droite. Aussi, les équipes sont obligées de prendre deux semaines de congés.
En 2010, nouveau barème des points récompensant les dix premiers est mis en place mais aussi l’interdiction de faire le ravitaillement en essence durant la course et un maximum de 47 personnes sur la piste par équipe (modifié à 60 en 2013).
Coté moteur, en 2007 le V10 3L fait ses adieux à la F1 (seul Toro Rosso utilisera un V10 bridé en 2006) pour laisser sa place à un moteur V8 2,4L. Le développement de ces nouveaux moteurs est gelé la saison suivante. Puis, ce fameux bloc atmosphérique laissa sa place en 2014 à un V6 suralimenté complexe à mettre au point, mais beaucoup plus efficient énergétiquement que ses prédécesseurs.
En 2009, la vitesse du moteur est portée à un maximum de 18.000 tours/min et le nombre de blocs est limité à huit. Autre changement technique, l’électronique devient standard dès 2008, la boite de vitesses doit participer à quatre courses consécutives (puis cinq en 2011 et six dès cette saison) et l’antipatinage est prohibé.
L’année suivante, la F1 marque un retour dans le passé avec la réintroduction des pneus slicks, abandonnés en 1997. Autre innovation cette année-là , le KERS. Ce système de récupération d’énergie peut être utilisé sur 6,7 secondes, développant 82 chevaux et sera finalement abandonné l’année suivante pour revenir l’année d’après… Alors que le KERS revient, que le DRS fait son apparition, des innovations telles que le F-Duct et le double diffuseur sont interdites.
Enfin, dernier changement marquant en F1, le poids des monoplaces est passé de 605 kg à 620 kg en 2010 puis 642 kg en 2013 et enfin 702 kg minimum en 2015 et 2016. Mais la F1 n’a pas seulement été modifiée techniquement de l’intérieur puisque l’extérieur a connu de grandes modifications.
On a souvent évoqué ce nez étrange qu’arboraient les F1 en 2014, mais l’aileron avant a connu bon nombre de modifications. Passant de 100 mm à 150 mm du sol en 2005 avant d’être abaissé à 750 mm du sol en 2011. En 2012, le museau des voitures est abaissé à 550 mm par rapport au plan de référence au lieu de 625 mm, qui offrira le fameux nez à double étage. Depuis deux ans, le nez est abaissé à 18,5 cm. La largeur des ailerons sont aussi modifiés. En 2009, l’aileron arrière passe à 75 cm de large contre 100 et l’aileron avant passe de 140 cm à 180 cm avant de passer à 165 cm depuis 2015.
En 2009, autre changement de poids sur l’esthétique des voitures puisque les appendices aérodynamiques (ailettes, déflecteurs, sabot, conduits de refroidissement auxiliaires) sont interdits. D’autres changements sont apparus au fur et à mesure du temps, perdant le spectateur dans ce méli-mélo de règles qui ont été bien souvent adoptées pour freiner l’innovation technologique (le cas du double diffuseur, du F-Duct ou plus récemment du S-Duct sont de parfaits exemples), pour améliorer la sécurité (le nez actuel aurait été adopté dans ce sens) mais aussi pour « améliorer » le spectacle… Après examen de cette liste non-exhaustive de changement, et comme le dit Niki Lauda à AMuS, « Nous devrions faire une liste des règles qui ont été introduites ou ré-écrites au cours des dix dernières années. Nous devrions examiner règle après règle pour voir ce qu’elle nous a apporté et quelle règle était absurde et inutile ».
Depuis 2014, les pilotes disposent d’un numéro à vie, ils devront consommer un maximum de 100 kg d’essence en course. Autant de changements qui ont amené de nombreuses réactions des fans, souvent négatives. Mais les réactions n’ont rien été face à celle concernant les changements techniques. Les moteurs, dernier gros changement avec l’introduction des V6 turbo 1,6L à simple échappement et la limitation à cinq éléments du groupe motopropulseur par saison (moteur à combustion, turbocompresseur, moto-générateur cinétique, moto-générateur de turbocompresseur, batterie Lithium-Ion), ont connu une modification dès 2005 avec la durée de vie des blocs portée à deux courses.