Pour parler des femmes dans le sport automobile, rien de mieux que de demander aux intéressées de s’exprimer.
En collaboration avec Formula Rapida, nous avons réuni trois de nos rédactrices et actrices du sport automobile lors d’une conférence sur ce sujet. Ainsi, Nina Rochette, rédactrice sur Formula Rapida ; Dorothée Julien, rédactrice sur France Racing et Chloé Hamon, également rédactrice pour France Racing, se sont exprimées sur divers sujets.
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Parlons des Grid Boys. L’idée a été de remplacer les filles sur la grille. L’idée n’a pas été très appréciée, notamment par Sebastian Vettel. Trouvez-vous l’idée bonne de remplacer les femmes par des hommes ? N’est-ce pas pour désacraliser cette image ?
(Dorothée) Ce n’est qu’un coup de pub ! Y’a pas l’idée de dire que la femme ne sert qu’à ça ! Sinon, il ferait tenir le panneau par des enfants !
(Nina) Voilà une bonne idée !
(Dorothée) Montrer un homme en t-shirt moulant et short n’a rien à voir. Ce n’est que de la récupération marketing !
(Nina) En WEC, ils ont enlevé les grid girls. Par contre, en DTM, il y a une culture de la grid girl qui est forte. Elles sont dans des combinaisons jaune fluo pour la Deutsche Post. Il y a durant le week-end 2 ou 3 photos shoot où on peut se prendre en photo avec les grid girls. Lorsqu’on voit les tweets faits par le community manager du DTM, la façon dont sont montrées les femmes…
L’idée d’avoir des enfants comme dans les matchs de foot, à côté de leur idole, pendant la grille, c’est une bonne idée. Bien sûr, il reste la question de la sécurité.
(Chloé) En plus du DTM, il y a la MotoGP.
(Nina) Un temps, Marc Marquez utilisait son frère Aleix comme grid boy.
(Dorothée) On en a interviewé une sur FranceRacing. Ce ne sont que des filles qui travaillent, pas cher payées. Après, c’est toute l’exploitation de l’image de la femme qui est à remettre en cause. Je ne suis pas contre de mettre une femme devant une voiture. Ce qui me gêne, c’est quand elle est habillée si dénudée qu’elle est présente que pour sa plastique.
(Nina) Et pour représenter une marque comme dans le cas du DTM.
La grid girl est un outil marketing plutôt qu’une simple plante verte…
(Dorothée) En F1, on a toujours des photos des gris girls, notamment en Hongrie où ils se prennent un plaisir de les photographier parce qu’elles sont censées être les plus jolies du monde.
(Nina) Il y a aussi des filles qui applaudissent dans l’allée pour aller dans la Cool Room… ça ne sert pas à grand chose. Une grid girl sert à tenir un panneau pour savoir quel est le pilote présent dans la voiture mais ça, je ne vois pas à quoi ça sert…
(Dorothée) C’est ridicule même !
N’est-ce pas une façon de montrer l’admiration d’une femme par rapport à un pilote, d’être une sorte de groupies ?
(Dorothée) Ben si justement !
(Nina) C’est comme ça qu’on est vue après…
(Dorothée) Là est le problème…
(Chloé) En plus, certaines ont appris le nom du pilote quelques heures avant. Certaines font ça parce que ça reste un travail. Par contre, certaines sont passionnées.
(Nina) Pour le Grand Prix de Pau, la plupart sont des étudiantes du coin. En F1, ce sont des mannequins.
(Dorothée) On supprimerait la grid girl en F1, tout le monde s’en fouterait… Ça ne changerait rien…
Pour conclure, si vous deviez donner envie à une fille de s’intéresser au sport automobile et pourquoi pas en faire sa carrière, que diriez-vous ?
(Nina) Ne pas lâcher ! Malgré tout ce qu’on peut lui dire, malgré le fait qu’elle se sente illégitime, elle n’a pas à l’être ! Ce qu’on a en dessous de la ceinture ne définit pas ce qu’on aime. Si elle envie d’aimer le sport automobile, qu’elle l’aime ; si elle a envie d’aller voir un Grand Prix, qu’elle n’hésite pas ; elle veut travailler dans le sport automobile, bon courage, il en faudra. Il faut continuer, même si c’est difficile car une fois qu’on y est, c’est juste génial !
(Chloé) Si elle a besoin de se remonter le moral, Susie Wolff a fait un groupe où il y a beaucoup de gens. On remarque qu’il y a de nombreuses femmes dans le sport automobile et qu’il y a plus de filles qu’on ne le pense qui ont envie de travailler là-dedans. Ce groupe permet de ne pas se sentir seule et montre que si on persévère, ça peut marcher.
(Dorothée) D’une manière générale, le monde n’a pas besoin d’être défini par les hommes. Aussi, les femmes ont leur place en sport automobile. Il ne faut pas hésiter et y aller. Une fois qu’on est en place, il faut y rester même si c’est compliqué. Plus les années vont passer, plus ce sera facile.