Pendant cette période de confinement, la marque Brabham nous explique en détails les caractéristiques de son nouveau modèle, la BT 62.

Relancée en 2018 par David Brabham, le fils du pilote Jack Brabham, la marque a sorti la BT62 en janvier 2019, une bête de circuit non homologuée pour la route et limitée à 70 exemplaires. La voiture a notamment battu le record du circuit australien et la marque en profite pour nous dévoiler les dessous de la supercar.

Épisode 1.

Épisode 2

La Brabham BT62 faisant des prouesses sur piste mouillée sur le circuit de Donington Park

Un développement poussé

Le record de vitesse abattu par le bolide anglo-australien n'est pas totalement anodin. En effet, un développement aérodynamique de pointe a été effectué sur la voiture pour en améliorer les performances et la tenue de route.

David Brabham, directeur sportif de Brabham Automotive :

"La stabilité aérodynamique est l'élément-clé pour qu'un pilote se sente en confiance au volant de sa voiture sur la piste. Que ce soit en phase de freinage ou dans un virage, le pilote ne pourra pas pousser la voiture dans ses retranchements que si celle-ci se comporte de manière prévisible et uniforme. La BT62 est une des voitures les plus prévisibles et stables que j'ai jamais conduites."

Le développement aérodynamique consiste à développer les surfaces d'une voiture vis à vis de deux paramètres : l'appui (downforce en anglais) et la traînée (drag en anglais). L'appui consiste à diriger l'air sur la voiture pour "appuyer" sur celle-ci afin de lui prodiguer une meilleure adhérence au sol et stabilité. Cela permet notamment des vitesses de passage en courbe plus élevées et une montée en température plus rapide des gommes.
Cependant, augmenter l'appui d'une voiture signifie, pour faire simple, disposer des éléments dans la voie d'écoulement de l'air, et créer de la traînée, ce qui va réduire la vitesse maximale de la voiture. Il n'existe pas de formule magique ; chaque constructeur développe l'équilibre entre les deux paramètres qui lui paraît le plus judicieux vis à vis des performances et du style de pilotage qu'il souhaite avoir pour son bolide.

La Brabham BT62 a donc reçu un des développements les plus poussés pour une voiture ce son calibre, et chaque détail de la carrosserie et du refroidissement a fait le fruit de nombreuses boucles de développement sur CFD (Computational Fluid Dynamics). Pour le prouver, la marque met même à notre disposition plusieurs documents montrant les performances aéro. Les photos ci-dessous montrent l'écoulement de l'air basse pression sur la carrosserie de la voiture lorsque celle-ci avance :

 

En arrivant sur l'aileron avant de la voiture, l'aile à haute pression va déjà créer de l'appui, avant de se diriger dans le système de refroidissement de la voiture via les entrées d'air à l'avant. Les plaques d'extrémité de l'aileron avant permettent aussi de s'assurer que l'air haute pression ne se dirige pas sous la voiture, ce qui détériorerait les performances du fond plat.

Celui-ci est naturellement complètement plat, afin de garder la pression d'air la plus basse possible sous la voiture et créer le maximum d'appui en dirigeant l'air basse pression vers le diffuseur arrière. De son côté, l'aileron arrière ne reçoit que de l'air à haute pression afin de, encore une fois, maximiser l'appui et la stabilité à haute vitesse de la voiture. Voici la carte de pressions sur la carrosserie de la voiture :

Le résultat est donc une voiture aux courbes léchées et dont chaque forme est optimisée pour l'écoulement de l'air. L'air basse pression est poussée sous la voiture et sur les côtés, alors que les zones travaillées pour l'air haute pression à l'avant et à l'arrière offrent à la voiture une grands stabilité à haute vitesse et des vitesses de passage en course hallucinantes.

Des chiffres à couper le souffle

La Brabham BT62 a principalement été conçue pour faire des prouesses sur circuits rapides, et donc avec une approche du développement aérodynamique tournée vers l'appui. L'aileron arrière a notamment un rapport appui / portance de 5:1, ce qui signifie que pour chaque Newton de traînée créé, l'aileron en créé 5 d'appui. Cela permet notamment à la voiture d'encaisser jusqu'à 3,5 G en courbe.

En terme d'appui pur, la voiture développe jusqu'à 1 600 kg d'appui à 300 km/h pour une masse à vide de 972 kg. Ceci est à comparer avec les performances d'autres supercars, La McLaren P1 GTR développe 600 kg d'appui à la même vitesse avec une masse de 1 345 kg, et la Ferrari FXX-K Evo voit ces chiffres s'élever à 830 kg d'appui pour une masse de 1 075 kg. Pour les plus rêveurs d'entre vous, Brabham annonce donc que sa voiture, avec tous les fluides et un pilote à bord, pourrait rouler sous la voute d'un tunnel à partir de 265 km/h...