Aujourd'hui, c'est le lancement de la rubrique "Les rencontres insolites" et quoi de mieux pour commencer que la présentation d'une merveille de l'industrie automobile américaine ! (c'est totalement faux).

Durant le début des années 90, Chevrolet a du mal à écouler un peu avec sa Lumina de première génération. Les ventes aux USA ne sont pas celles espérées car la concurrence n’a jamais été aussi importante sur ce segment. Est-ce que la seconde génération fera mieux ?

La Chevrolet Lumina

Gamme Chevrolet Lumina

© GM / La premiere génération de Chevrolet Lumina et sa version Coupe dans la finition Euro

Une voiture lumineuse... ou pas

A cette époque, les constructeurs japonais n’ont jamais été aussi performants, grappillant petit à petit des parts de marché aux USA en profitant des très nombreuses erreurs de la part des constructeurs américains. En 1990, la superbe Honda Accord devient aisément la voiture la plus vendue des USA, un coup de massue pour GM qui subit les conséquences d’un laxisme et d’une attitude suffisante depuis le premier choc pétrolier malgré quelques réussites tout de même.

Si Ford a magistralement réussi son retour en force avec la Taunus en 1986, on ne peut pas dire que GM soit au top avec la Chevrolet Celebrity, datant de 1982, qui tarde à être remplacée. Elle a eu certes énormément de succès à son lancement mais GM ne prend pas la peine d'améliorer le confort, la boîte de vitesses, le freinage et le comportement routier perfectible, sauf pour la version Eurosport (LIVE)... vendue à moins de 2 000 exemplaires.

Chevrolet Celebrity Eurosport

© GM / On ne peut pas dire que la Chevrolet Celebrity Eurosport ait été un franc succès...

Ce n'est qu'en 1989 que Chevrolet lance la Lumina avec de très nombreux défauts avec notamment un intérieur d'une qualité et d'un design plus que discutable pour ne pas dire totalement raté. Pour le style, GM reste très conservateur même si les équerres ont été enfin rangées dans le placard pour faire place à quelques timides courbes qui n'enthousiasment personne.

La deuxième génération de la Lumina sort en 1994, soit moins de 4 ans après la première génération. C'est très tôt mais GM voulait à tout prix faire comme les japonais pour montrer qu'eux aussi pouvaient sortir des générations à la chaîne.

Cependant, les japonais avaient mis en place des méthodes et des protocoles bien définis pour pouvoir lancer un nouveau modèle tous les quatre ans tout en ayant un coup d'avance sur tout le monde à tous les niveaux. Au lieu de mettre en place ces méthodes, GM choisi la solution de facilité en ne modifiant que le design et l'intérieur de la première Lumina, tout le reste est identique !

Chevrolet Lumina aux Pays-Bas

© Guillaume Vachey / Chevrolet Lumina

On se retrouve donc avec un moteur V6 3.1 de 160 ch comme offre de base et un V6 3.4 de 215 ch. Si sur le papier, ces moteurs nous paraissent intéressants, la réalité est tout autre puisque les performances sont juste pathétiques. Avec le 3.1, la Lumina passe de 0 à 100 en 11" !

A titre de comparaison, l'excellent moteur V6 2.7 170 ch de la Honda Accord IV fait le même exercice en 8"1 ! Ça fait mal… Heureusement le 3.4 LQ1 fait mieux avec un 0 à 100 km/h en 7"2 mais le prix n'est pas le même. La consommation est énorme aussi puisqu'elle atteint les 12l/100 en conduite normale alors que la Honda Accord consomme 9,2l/100 avec le V6.

Pour l'intérieur, GM se surpasse et produit quelque chose de pire que l'ancienne génération. La qualité et le style du tableau de bord est digne d'une Renault 19 Phase 1, c'est dire l'ampleur du désastre ! Les sièges sont également horribles puisqu'il est impossible de trouver une position confortable et le mot "maintien'' n'est pas dans le vocabulaire des concepteurs. Au moins, l'ergonomie est respectée et l'habitabilité est bonne, c'est toujours ça…

Interieur de la Chevrolet Lumina

© GM / Un intérieur d'une grande qualité (ou pas)

Sur la route, la tenue de route est étrangement convenable mais le rayon de braquage est digne d'un pétrolier ce qui l'a rend délicate à garer. Le freinage n'est pas terrible étant donné que l'avant plonge énormément quand on appuie un peu trop fort sur la pédale.

La Lumina quitte définitivement le marché en 2000 aux USA avec plus de deux millions d'exemplaires vendus ce qui peut paraître beaucoup mais Toyota a vendu deux fois plus de Camry sur la même période, idem pour Honda avec l'Accord. Le bilan est donc plus que mitigé et Chevrolet décide de clore la saga Lumina pour revenir à l'Impala en 1999 mais le mal est fait et GM n'arrivera plus jamais à rivaliser avec ces adversaires japonaises.

Le nom Lumina ne sera toutefois pas abandonné puisqu'il sera utilisé pour des versions rebadgées de la Holden Commodore vendue au Moyen-Orient. On verra même certains exemplaires modifiés courir dans le championnat V8 Superstars en Italie (souvenez-vous des jeux sur PS3).

À noter que la version coupé de la deuxième génération de la Lumina fut nommé Monte-Carlo. Ce nom mythique avait disparu en 1988 pour être remplacer indirectement par la Lumina Coupe.  Aucune modification n'est apportée par rapport à la Lumina hormis les deux portes arrière en moins. Quant au Lumina MPV, il s'agissait juste de la version Chevrolet du Pontiac Trans Sport qu'on a eu en France et dont on traitera plus tard dans un article dédié.

Gamme Chevrolet Lumina

© GM / La gamme Lumina en 1990

L'exemplaire avec plaque néerlandaise à été prise Den Haag. Cette Lumina date du 2 Février 1996 et elle possède le V6 3.1 de 160 ch. Elle est arrivée au Pays-Bas en 2019.

En compétition

La Chevrolet Lumina est devenue une icône de la NASCAR quand GM décide de l'engager en 1989 pour remplacer la Monte-Carlo. Elle gagnera et la légende de Dale Earnhardt s'est forgée aussi grâce à Lumina qui lui permettra de remporter quatre (90,91,93 et 94) de ses sept titres.

En 1995, la Lumina laisse sa place pour la Monte-Carlo à l'occasion de son retour dans la gamme. C'est durant cette période que la Hendrick Motorsports commencera une domination sans partage sur les ovales américains. Avec Jeff Gordon, Hendrick et la 'Chevy' Lumina gagneront 4 titres entre 1995 et 2001. Quand à Terry Labonte, il gagnera le titre en 1995 sur la Monte-Carlo #5 aux couleurs Kellogg's.

La Chevrolet Monte Carlo NASCAR de Terry Labonte

© Lance Cpl. Manuel F. Guerrero / La Chevrolet Monte Carlo NASCAR de Terry Labonte

Dans un autre registre et de manière beaucoup plus discrète, la Lumina fera une petite dizaine d’apparition en IMSA entre 1991 et 1995 en catégorie GTS avec une 11e place comme meilleur résultat à Palm Beach en 1991.

Qu’en a pensé la presse ?

Voici quelques citations de Jacques Duval lors de son test de la Lumina dans Le Guide de l'Auto 97. Le Guide l'Auto est l'équivalent Québécois des Salon Auto-Journal.

Somme toute, le seul argument vraiment convaincant de cette gamme Chevrolet est son prix compétitif, surtout si on tient compte de l'équipement assez complet comprenant entre autres deux coussins gonflables (nos airbags dans la langue de Molière). GM s'entête à nous servir (dans ce créneau) des voitures tellement ordinaires qu'on à l'impression qu'elles ne se retrouvent que dans des agences de location. Un peu d'originalité permettrait peut-être de batailler pour les premières places comme du temps de nos vieilles Impala.