Mazda fut le premier constructeur japonais à avoir remporté les 24 Heures du Mans. C'était en 1991 et cette année-là, peu de monde aurait parié sur une telle victoire. Pourtant la verte et orange franchit la ligne après 24 heures de course, un certain Johnny Herbert à son volant.
A l'issue de la séance des qualifications, c'est Jean-Louis Schlesser s'empara de la pole positon avec le Team Sauber-Mercedes. Ils réalisèrent au passage le record de la piste en 3'31"270. Pour l'anecdote le meilleur tour en course sera obtenu par la voiture sœur, un pilote du nom de Michael Schumacher à son volant en 3'35"564.
Mazda, la victoire japonaise aux 24 Heures du Mans
Qui aurait pu penser que ce 23 juin 1991 une Mazda allait franchir la ligne d'arrivée en tête de la course ? Il y avait 3 prototypes Mazda 787 au départ de cette 59ème édition des 24 Heures du Mans.
Le constructeur japonais s'est vu octroyer un sursis pour exploiter ses 787 à moteur rotatif. Jean-Marie Balestre, le Président de la FISA, avait pourtant annoncé la fin de ces moteurs à pistons rotatifs dès 1990. Une année supplémentaire de sursis vit les Mazda 787B être alignées sur la classique Mancelle.
Néanmoins, contrairement aux IMSA-GTP ou aux Groupe C, leur poids handicapait les prototypes japonais. Avec 1 tonne sur la balance, les Mazda accusaient le coup face aux 830 kg des Groupe C. Takayoshi Ohashi, le directeur de la compétition chez Mazdaspeed, réussit à faire pencher la balance en sa faveur. Elles prirent le départ avec les 830 kg d'origine du prototype.
Ainsi, elles furent en concurrence directe avec les Peugeot 905, Mercedes C11, Porsche 962C et Jaguar XJR 12. Rien ne les prédestinait à être les lauréates, tant elles n'étaient pas les plus rapides. Mais les Mazda cachaient un autre secret : la fiabilité.
Aux 24 Heures du Mans, la course à la fiabilité
Elles n'ont mené que 44 tours sur les 362 comptabilisés à l'issue de l'épreuve. Mais c'est bien dans la 21ème heure de course que la japonaise allait virer en tête pour se défaire de ses adversaires. La Sauber-Mercedes #1, alors en tête et ayant mené 255 tours, rentrera à son stand après 319 boucles, elle ne ravitaillera pas, mais rendra les armes.
Jean-Louis Schlesser, Jochen Mass et Alain Ferté étaient à présent des spectateurs. C'est ainsi que dans le clan Mazda, le moteur à pistons rotatifs Wenkel R26B Quadri-rotor allait jouer une partition bien connue : pour finir premier, il faut premièrement finir !
Au-delà de ses spécifications, un bloc doté d’un système d’injection à ports périphériques et de trois bougies par rotor, elle développait 522 kW/710 ch à 9 000 tr/min, la 787B a surpris par sa fiabilité et la vivacité dont elle a fait preuve dans les courbes. A l'issue de l'épreuve et après les vérifications techniques, les ingénieurs de chez Mazda se permettront d'affirmer que la 787B pouvait couvrir le double de la distance de la course.
L'impact de la victoire aux 24 Heures du Mans
L'impact d'une victoire aux 24 Heures du Mans vaut presque tous les sacres de Champions du Monde. Cela est valable pour les constructeurs engagés, comme pour les pilotes. Ça marque un palmarès, c'est une statistique qui vous suit, vous entrez dans la Légende des 24 Heures du Mans.
Pour Mazda, c'était la consécration dont le moteur rotatif Wenkel faisait partie de ses modèles de série, inauguré par le coupé Cosmo 110S. L'impact médiatique de la victoire de Mazda au Mans, allait remplir les carnets de commande d'un autre roadster devenu mythique, le MX-5.
Quant aux 3 pilotes, ils étaient en Formule 1 avant de prendre le départ des 24 Heurs du Mans 1991. Le pilote allemand Volker Weidler ne connut pas le succès en F1 en 1989 chez RIAL, mais se tournera vers l'Endurance.
Johnny Herbert est un survivant du sport automobile après son terrible accident de F3000 en 1988 à Brands Hatch. Il manqua de se faire amputer au niveau des chevilles. Mais force de pugnacité et de talent, il eut une belle carrière en Endurance et en Formule 1. Johnny Herbert a franchi la ligne d'arrivée en vainqueur au volant de sa Mazda devant 250 000 spectateurs.
Enfin, Bertrand Gachot, le pilote franco-belge était à l'apogée de son talent en 1991. Il décrocha cette victoire aux 24 Heures du Mans, et éclaboussait la F1 de son talent... Mais durant l'été, il allait connaître la prison. Son éviction de la F1 permit à un pilote d'y accéder, un certain Michael Schumacher.
Image à la Une : Mazda 787B en 2011 pour les 20 ans de leur victoire