Le Grand Prix d'Australie 2002 restera un événement particulier pour les australiens qui ont pu, ce jour-là, célébrer leur héros local qui faisait ses débuts en Formule 1 : Mark Webber.

Mark Webber a 26 ans quand il arrive en F1 en 2002 et titularisé chez la "petite" Scuderia Minardi. Après avoir fait ses classes en formules de promotion pendant deux saisons en F3000 (Eurobet Arrows et Super Nova Racing), mais à cette époque-là, l'australien fut aussi célèbre pour avoir été impliqué par la spectaculaire envolée dans les airs de la Mercedes-CLR aux 24 Heures du Mans 1999.

L'Australie vibre pour Webber

Un australien qui arrive dans le Grand Circus de la F1 cela signifie avoir le poids des noms comme Brabham, 'Black Jack' et plus confidentiellement son fils, David, ainsi que le dernier Champion du Monde en titre, Alan Jones.

Alors pilote d'essai pour le compte de Arrows pour la saison 2000, l'australien quitte le giron de Paul Stoddart pour être managé par Flavio Briatore qui le place chez Benetton-Renault comme pilote-essayeur pour 2001 tout en réalisant sa seconde saison en F3000.
Il sera battu dans l'optique du titre pour cette seconde saison par le regretté britannique Justin Wilson. C'est Fernando Alonso qui le remplacera à son poste chez Benetton-Renault, mais l'australien sera placé en F1 dans une écurie d'une ancienne connaissance, la Scuderia Minardi dirigée par Paul Stoddart.

Paul Stoddart - Mark Webber - Melbourne 2002

Cette saison 2002 chez Minardi ne va pas permettre à Mark Webber de viser haut dans la hiérarchie, néanmoins, l'australien a besoin de roulage, d'apprentissage et un objectif de terminer le plus de courses possibles.
Ce Grand Prix d'Australie 2002 allait offrir encore un spectacle qui mettra en joie les fans de la discipline. Une grille de départ avec des Ferrari qui dominent, certes, mais un Rubens Barrichello qui damne le pion à son chef de fil pour 0"005. L'ancienne Ferrari F2001 avait encore de beaux restes, la première Williams est à 0"4, la McLaren à 0"6 et la Renault... à 1"8 sur la grille de départ.

Melbourne 2002, "l'Albert Mark"

Ce Grand Prix va débuter par un harponnage dès le départ, au premier virage, Rubens Barrichello qui s'élançait en tête louvoie dans la zone de freinage et se fait percuter par Ralf Schumacher avec sa Williams. Cette dernière décolle dans les airs, derrière c'est la panique dans le peloton, au total on comptera déjà 8 abandons : Rubens Barrichello (Ferrari), Ralf Schumacher (Williams), Giancarlo Fisichella (Jordan), Felipe Massa (Sauber), Nick Heidfled (Sauber), Jenson Button (Renault), Olivier Panis (BAR) et Allan McNish (Toyota).

Scuderia Ferrari 2002 Start

Cela a donc bien profité à la remontée vers le sommet de la hiérarchie pour notre Mark Webber local qui n'en demandait pas tant. Il était ensuite à la sixième place lorsque les pilotes Arrows Heinz-Harald Frentzen et Enrique Bernoldi ont reçu des drapeaux noirs. Avec Michael Schumacher qui contrôlait la course, toute l'attention s'est pourtant concentrée sur Webber, qui dépassa David Coulthard pour la cinquième place, mais a ensuite dû résister à un Mika Salo insistant sur sa Toyota dans les dernières tours du Grand Prix.

"La bataille avec Mika Salo a été assez intense car il y avait beaucoup de liquide de refroidissement dans le premier secteur, l'adhérence était assez délicate jusqu'au virage 3" se souvient Mark Webber. "Je me suis dit que j'allais protéger l'intérieur au virage 3, parce que ça allait être plus difficile pour lui."

Mark Webber (AUS) KL Minardi Asiatech PS02 - © DIGITAL IMAGE

Et en effet, une confusion dans la communication de Toyota va mettre Mika Salo en porte-à-faux. Le finlandais pensait qu'il s'agissait du dernier tour, alors qu'il en restait deux. Ce dernier saisit sa chance mais partit à la faute, ce qui laissa le champ libre à Mark Webber.

"Mon écurie m'avait dit qu'il s'agissait du dernier tour" déclarait Mika Salo. "Donc, j'ai essayé de le passer mais il restait deux tours en fait. Je ne sais pas pourquoi cette confusion, mais j'ai dû essayer de doubler par l'extérieur et je suis parti en tête-à-queue."

Alors que la Toyota occupait les rétroviseurs d'une Minardi presque impuissante, ce tête-à-queue fut un grand soulagement pour Mark Webber. "Il est partit à la faute, une fois que j'ai vu sa voiture en difficulté, j'ai pu me concentrer à terminer correctement ces deux derniers tours" se rappelle Mark Webber.

"Pour mon premier Grand Prix, la voiture n'aurait pas dû arriver jusqu'au bout, mais elle l'a fait ! Nous sommes allés chercher des points avec l'ancien barème de points, deux points et une cinquième place, c'est clairement un moment fantastique pour un début de carrière. La foule est devenue hystérique, évidemment ils étaient là pour me soutenir, mais en décrochant cette place dans les points, c'était inespéré."

PHOTO: ERIC VARGIOLU / DPPI - MARK WEBBER (AUS) / MINARDI - ACTION FINISH LINE

Le PDG actuel de l'Australian Grand Prix Corporation, Andrew Westacott, a déclaré que le moment est gravé dans la mémoire du Grand Prix à tout jamais. A l'issue de la course, les officiels ont voulu que Mark Webber accède au podium.

"Ils sont venus vers moi et m'on dit : 'Bien, nous aimerions vous emmener sur le podium'. Je leur ai répondu que je ne pouvais pas monter sur le podium car je n'avais pas fini la course dans les trois premiers. Mais Ron Walker, le PDG de l'Australian Grand Prix Corporation à l'époque a insisté pour que j'y accède, ils étaient impatients de me voir sur le podium."

Ainsi, Mark Webber accéda à son premier podium pour son premier Grand Prix pour la photo souvenir. Il y sera rejoint par son ami Paul Stoddart, le drapeau australien et une peluche kangourou ! Ce jour-là à Melbourne, c'était le tracé de "l'Albert Mark".