Alors que le premier modèle de la Giulia est sorti de l’usine le 19 avril dernier, la renaissance d’Alfa Roméo est encore en chantier. Poussée par le président de Fiat, Sergio Marchionne, sa renaissance n’est pas à son apogée pour le moment. Avec seulement 67 491 modèles vendus en 2014, le retour de la marque italienne devra passer par des investissements importants, notamment en terme de publicité, et pourquoi pas un retour à la compétition…

Présente lors du premier championnat du monde de F1, qu’elle remporte avec Giuseppe Farina, Alfa Roméo fera plusieurs autres apparitions en F1, soit en tant qu’équipe, soit en tant que motoriste.
Réalisant le grand chelem lors de la première saison officielle de la F1 en signant toutes les poles et en remportant toutes les courses du championnat, la saison suivante sera la dernière de la marque dans les années 50. Elle se retire sur le titre de Fangio suite à un refus du gouvernement italien, alors actionnaire de la marque au travers de l’IRI (Institut de reconstruction industrielle), de financer la conception d’une nouvelle voiture.
Le motoriste refait trois apparitions dans les années 60 à l’occasion des Grands Prix d’Afrique du Sud 1962, 1963 et 1965, sans succès. Pareil au début des années 70 avec quelques Grands Prix avec McLaren et March qui se solderont sans le moindre point.
Il faudra attendre 1976 et l’association avec Brabham pour revoir Alfa Roméo dans les points. Si la première saison de cette nouvelle association s'achève avec 9 points au compteur, la seconde sera plus concluante avec une pole réalisée à Monaco et quatre podiums. 1978 va marquer le retour sur la plus haute marche du podium pour le motoriste avec son pilote Niki Lauda.
La saison 1979 est une catastrophe pour le motoriste qui voit son association avec Brabham se finir prématurément, Bernie Ecclestone souhaitant un retour au moteur Cosworth. Alfa Roméo lance alors son équipe. La première course de la 177 se fait en Belgique, avec Bruno Giacomelli à son volant. Les premières courses ne sont pas un succès, pas plus que les suivantes même si au cours des sept saisons, l’équipe va glaner une pole et quelques podiums ici et là.
La fin d’Alfa Roméo en F1 se fait avec Osella dans l’anonymat le plus total.

Après l’aventure F1, Alfa Roméo a été présente dans d’autres séries comme l’IndyCar de 1989 à 1991 ainsi que dans différentes séries de tourisme jusqu’à son retrait en 2007.

Mais alors pourquoi subitement vouloir faire revenir Alfa Roméo à la compétition, elle qui se doit d’être une marque Premium ? Pour des raisons purement marketing dans un premier temps. Sergio Marchionne est clair : il veut plus que quadrupler les ventes de la marque d’ici trois ans. Un pari fou quand on sait que les ventes de la marque italienne s’érodent d’année en année (les ventes de 2014 s’élèvent à un peu plus de 67 000 véhicules contre un peu moins de 100 000 en 2012). D’autant que le principal des ventes se fait en Europe et à domicile. Il faut alors pour la marque conquérir de nouveaux marchés, et quoi de mieux que le sport automobile pour ça.
Le retour en F1 semble une bonne solution pour la marque, avec un calendrier allant de l’Océanie au Moyen-Orient en passant par les Amériques. Sœur de Ferrari, fille du groupe Fiat-Chrysler, elle dispose déjà d’un avantage.
Seulement, la création d’une équipe serait trop complexe et coûteuse pour le groupe Fiat. Pour la marque, il faudrait un budget avoisinant les 150 millions d’euros pour être dans un niveau respectable, en prenant le même chemin que Haas, à savoir se faire fournir le plus de pièces par la Scuderia. Un choix qui s’avère risqué.
L’autre solution serait le rachat d’une équipe. Depuis quelques semaines, la rumeur du rachat de l’équipe Sauber s’intensifie avant de devenir qu’une simple idée de repli pour le président de FDA qui déclarait peu après le Grand Prix de Chine « vouloir regarder les solutions internes avant de regarder l’extérieur ». Un pied de nez pour l’un des partenaires historiques de la marque – qui n’a pas hésité à vendre sa structure à BMW il y a une décennie, accordons-le. Pourtant, en rachetant l’équipe suisse, Marchionne dispose d’une usine, d’une soufflerie et d’un savoir-faire. Seul hic, il reprend avec l’équipe ses nombreuses dettes.
Il existe d’autres solutions comme le rebadgeage d’un bloc Ferrari à un client mais la volonté de Marchionne est tout autre comme il le déclarait en début d’année : « Alfa Romeo est capable de faire un châssis, et de faire des moteurs ».

On l’aura compris, le retour de la marque en compétition n’est qu’un but marketing, afin de servir de vitrine pour augmenter les ventes comme le font de nombreuses marques, Ferrari et Haas en première ligne. Car n’oublions pas que la volonté de Gene Haas avec son arrivée en F1 est de doubler son chiffre d’affaires sur les trois prochaines années et de conquérir de nouveaux marchés, soit la même volonté que Marchionne avec Alfa Roméo. Reste à savoir sous quelle condition reviendra la marque italienne et si elle osera faire comme le font les marques du groupe VAG en WEC.