Pour accéder à la F1, il existe différentes solutions. Généralement, la solution choisie par les pilotes est le baquet payant. Certains sont aidés par des commanditaires, d’autres par des tierces-personnes. Un pilote, via son manager, a financé son volant d’une manière plutôt inédite.
En 2003, un géant britannique débarque en F1, au sein de la modeste équipe Minardi. Justin Wilson, champion de F3000 en 2001 avec l’équipe Nordic, signe un contrat de trois saisons avec une clause de performance à chaque fin de saison avec l’équipe de Faenza.
Pour payer son volant, le pilote n’a pas dû compter sur un sponsor personnel, bien que l’antenne européenne de Coca-Cola l’ait soutenu durant ses deux saisons de F3000. Jonathan Palmer, son manager, réfléchit à une autre solution, totalement inédite : faire de son pilote un placement dit « boursier », en se plaçant sur le London Stock Exchange.
Le projet semble bien ficelé. Pour un investissement minimum de 730 euros, l’investisseur est rémunéré par une part des revenus générés par le pilote, part de laquelle sont soustraient les 20% dévolus à son manager. L’action connue sous le nom « InvestInWilson.com » a permis de récolter en un peu moins de trois mois environ 1,8 millions d’euros, nécessaire pour effectuer sa première saison. On compte plus de 900 investisseurs répartis de la manière suivante :
- 70% ont acheté la part minimum de 730 euros ;
- 20% ont acheté des actions à 1470 euros ;
- le reste a pris des actions bien plus chères, allant jusqu’à 150 000 euros (l’un de ses plus grands investisseurs n’est autre que le British Racing Drivers' Club (BRDC)).
Un projet en deux étapes
Le projet prévoit alors un rendement en deux étapes. La première étape dépend des revenus générés par le pilote, avec un revenu limité pour Justin Wilson (environ 70 000 euros en 2003, environ 110 000 euros en 2004 et environ 150 000 euros en 2005), voire plus une fois que les investisseurs ont récupéré deux fois le montant de leur mise.
La deuxième étape prévoit d’octroyer 10% des revenus du Britannique à ses investisseurs jusqu’en 2012.
Un placement intéressant quand on sait que le salaire de Justin Wilson devait être de 615 000 euros en 2004 et de 1,2 millions en 2005, mais risqué car rien ne garantit au pilote de poursuivre en F1. Et c’est le destin qui l’attendra en passant chez Jaguar en cours de saison, avant de s’envoler pour les Etats-Unis l’année suivante.
En 2008, Justin Wilson avouait dans une interview ne pas avoir encore remboursé la mise de ses investisseurs. La dette était de 630 000 euros. En 2013, un des investisseurs déclarait dans une lettre ouverte avoir récupéré à peine la moitié de son investissement. La société Justin Wilson Ltd, anciennement Justin Wilson PLC, a fait une demande de dissolution en 2014.
Une idée qui inspire d'autres pilotes
En 2007, un autre pilote a réfléchi à mettre en bourse une participation de lui-même. Ce pilote n’est autre que Lewis Hamilton. Selon The Independant, le Britannique, souhaitant maximiser son potentiel financier, envisageait de vendre 10% de lui-même via une société Plc (Public limited company), dont il serait le principal actionnaire, pour une valeur d’environ 70 millions d’euros, ce qui le valorisait à presque 700 millions d’euros ! En échange, les investisseurs recevraient 10% des revenus générés par le pilote sous forme de dividende. Cela ne restera qu’au stade d’idée.
Pour être un placement rentable pour des investisseurs, le palmarès mais aussi le côté « bankable » sont importants, offrant ainsi une certaine sûreté. Mais un jeune pilote qui commence ne réuni que rarement voire quasiment jamais ces deux conditions . Depuis, plus personne n’a suivi cette voie en F1. Dans les catégories inférieures, Dan Wells, pilote en Asian Formula Renault Series, a eu recours à ce genre de procédé en 2013 afin de réunir entre 3,6 et 4,5 millions d’euros.
Pas certain qu’on revoit ce mode d’investissement à l’avenir…