Encore une nouvelle proposition des, désormais, très puissants motoristes de la Formule 1, une idée proposée au Groupe Stratégique F1, de seulement fournir que trois unités de puissances par voiture et par saison avant pénalité. Idée retoquée évidemment par Ferrari, mais appréciée par les trois autres comparses producteurs de pistons surwattés.

Décidément la FIA et la FOM cherchent à mettre au pilori les quatre motoristes présent en Formule 1 produisant les groupes motopropulseurs selon le nouveau règlement apparu en 2014, soit des V6 mono- turbo hybridisés. Accusés de tous les maux de la F1 très contemporaine, après avoir depuis 2011 proposé aux instances dirigeantes et commerciales un virage plus écologique du sport automobile élitiste en fournissant, désormais, des motorisations hybrides où le mouvement d’électrons assurera 33% des performances de la monoplace tout en économisant la même part de carburant. Une idée géniale en accord avec son temps.

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Acculés de reproches de la part des fans, promoteurs et instances commerciales de la F1, ces même motoristes sont chargés de trouver des solutions afin de réduire leur impact économique qu'ils imposent aux écuries clientes : soit réduire le montant de leurs prestations de services (location d'unités de puissance incluse). Non seulement de ne pas être assez bruyant les propulseurs sont accusés de ne pas être en adéquation avec les finances des écuries clientes. Un ultimatum a été fixé aux quatre compères (Renault - Mercedes -Ferrari et Honda) qui doivent produire des solutions viables économiquement pour cesser, à court terme, d’altérer les finances de leurs clients.

Un moment j'ai cru que nous avions quitté la F1 en analysant ce sujet, économie, ultimatum et surtout coûts moindres et performances plus élevées, on nous vends du rêve, n'est-ce pas ?

140123webnews1pic03.jpg__666x374_q85_crop-smart_mask-0 3px 0 3px_upscale"...donnez 500 millions à chaque écurie, elles finiront par tout dépenser !"

Pour commencer, ma réflexion s'est portée sur le réel impact de ces nouveaux Power-Unit employés depuis le début de saison 2014 et surtout, pour savoir à quel moment son impact s'est fait ressentir et si économiquement on peut tirer profit de celui-ci. Commençons par réfléchir comptablement sur le sujet : Avant, l'ancien bloc V8 (que je qualifierais de "préhistorique"), imposait une charge financière d'environ 10 à 12% aux écuries, mais dès l'arrivée de l'unité de puissance hybride l'impact fut de 20% au minimum sur les ressources financières des écuries. Vu ainsi, oui, si on prend une échelle de 100 millions nous constatons une forte hausse de ce poste de dépenses par les écuries.
Mais, il y a toujours un "mais", à fortiori en F1, à mes yeux si ces fonds n'avaient pas été dédiés à l’unité de puissance, ils auraient été dépensés ailleurs, même Bernie Ecclestone (très critique envers l'emploi des canassons électrisés) s'est exprimé courant 2013 en arguant : "...donnez 500 millions à chaque écurie, elle finiront par tout dépenser !".
L'impact de la nouvelle réglementation moteur en 2014 a été très forte mais elle ne fut pas le plus gros poste de dépenses de la part des écuries. C'est la réglementation technique revisitée en profondeur qui a été la plus grande génératrice de mouvements de fonds financiers et de turn-over de personnel (les écuries étant prêtes à payer les meilleurs cerveaux pour affronter cette refonte technique). En effet, la FIA ayant imposé de nouveaux designs de museaux, un contrôle encore plus approfondi lors des crashs-tests et surtout fixer les limites aérodynamiques avec lesquelles il a fallu composer pour mieux exploiter les gommes Pirelli  endurcies !
Chaque changement de réglementation technique apporte sa part de dépenses inconsidérées en F1 imposant une course à l'étude et au développement afin d’appréhender au mieux les nouvelles limites dynamiques tentant d'êtres fixées.

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La seule réponse des motoristes (également la plus simple rapidement considérée pour réduire leurs coûts) est de réduire le nombre d'unités de puissance exploitables par saison et par voiture. Réduire de cinq à trois unités de puissance et organes dits "nobles" du Power-Unit. Un coup d'annonce ou une réelle volonté de plier face à la FOM et FIA, voulant imposer une alternative moteur peu chère, face aux unités de puissance sur le même championnat.
Pour ma part il ne s'agit que d'un coup d'annonce de Mercedes et peut-être même Honda, en lisant ces propositions rapidement, nous pouvons saluer la tentative d'effort réalisée mais ce n'est en fait que poudre aux yeux.
Car, oui, chaque réformes ou tentatives de faire durer des items en F1, se sont traduites par de longs mois de recherche et développement très coûteux et par l'emploi de matériaux de plus en plus onéreux. Pour faire plus de kilométrage avec une unité de puissance, c'est en théorie possible sur le papier et ça se tient, mais il va falloir revoir les limites imposées par la réglementation technique sur les alliages et composants rares et nobles employés dans les systèmes fabriqués. Il faudra bien sûr traiter les pièces en mouvement par de nouveaux procédés et traitements issues de recherches très dispendieuses. Mais cela ne s'arrête pas là, il va falloir tendre encore à la baisse l'exploitation du propulseur lui permettant ainsi "d'avaler ce surcroît de kilomètres" et qui dit "moteurs tournant moins vite" dit moins de bruit bien évidemment.

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Pourrait-on croire par ces démonstrations logiques qu'il ne s'agit en fait que d'une réponse du berger à la bergère, prouvant ou, ou du moins, démontrant que tout va bien ainsi. Ne nous leurrons pas, l'argent non dépensée dans les unités de puissance serait employé à la course au développement, aux trains roulants et aux châssis pour chercher à contourner une nouvelles fois ce qu'impose le règlement technique.
La F1, mais surtout, ses belligérants ne changeront jamais. Les écuries les plus modestes ont toujours apparues et disparues dans le Circus de la F1, c'est ce qui le fait vivre et proposer des nouveautés chaque saison, ce n'est pas un moteur discount et d'aucun points marqués au championnat qui leur permettra de voir l'avenir d'une manière pérenne.
Et encore, je me refuse de développer le sujet de la demande croissante d'organisation de GP chaque saison par différents pays. La F1 serait en chute libre ? Des moteurs qui n'ont jamais fait aussi peu de bruit ? Des écuries qui disparaissent ? Non, définitivement, la F1 ne s'est jamais aussi bien portée économiquement, jamais dans son histoire tant d'investissements financiers lui ont été dédiée...

Et maintenant le coup de gueule : Serait-il possible messieurs de la FIA de laisser enfin ces motoristes travailler en paix en fixant un Gap thermique et électrique maximum, pour enfin laisser devenir cette technologie mâture afin de passer dans un stade d'exploitation sportive ? Car, tant que les règlements changeront chaque saison, les coûts seront exorbitants et jamais l'unité de puissance passera au stade de son exploitation maximale. S'il n'y a sans cesse des bouleversements dans le développement, nous ne pouvons en apprécier ni le spectacle, ni la capacité d'augmentation en décibels, du son émit par l'orfèvrerie des motoristes.
Vos choix politiques deviennent à terme la nuisance de la F1 et non celle des unités de puissance. Un vœu pieu irréalisable de votre part, certes !!!

Bill Suserg pour FranceF1.fr