Alors que l’avenir de Red Bull semble certain, une inconnue reste sans réponse officielle à l'heure où nous écrivons ces lignes, à savoir le moteur de la saison prochaine. Renault ou pas Renault, telle est la question. De nombreuses choses ont émergé au fur et à mesure des semaines, des solutions proposées à l’équipe de Milton Keynes pour pouvoir courir la saison prochaine.
Red Bull, dans sa quête de moteur, a fait émerger de nombreuses solutions disparues depuis presque une décennie. Moteur Renault rebadgé Infiniti, nom du sponsor principal de l’équipe depuis 3 saisons ; moteur Renault non-badgé ; un moteur Ferrari renommé Alfa-Roméo et on en passe. Mais pourquoi proposer de telles solutions ? Quelles sont les avantages et les inconvénients ?
Le rebadgeage des moteurs fut une pratique courante il y a quelques années. Du BMW transformé en Megatron, le moteur Ferrari rebaptisé Petronas pour Sauber ou Acer pour Prost, le moteur Renault devenu Supertec, Mecachrome ou Playlife à la fin des années 90 ou encore le Honda devenu Mugen… les exemples ne manquent pas. Depuis 2006, les moteurs portent le nom de leur constructeur, délaissant ainsi un concept pourtant intéressant.
Rebadger un moteur peut servir à des fins commerciales. C’est le cas de Playlife par exemple. L’entreprise de prêt-à-porter appartenant à la famille Benetton a apposé son nom sur les blocs Renault devenu Mecachrome ou Supertec. La marque nouvellement créée par le groupe Benetton a reçu ainsi une publicité importante et une façon de marquer son nom dans l’histoire de la F1.
C’est le même cas pour le moteur BMW devenu Megatron. John J. Schmidt, responsable de Megatron, une filiale de la société américaine d’assurances USF&G, a convaincu lors du retrait de BMW sa maison mère de financer et exploiter le moteur pour l’équipe Arrows qu’elle sponsorise.
Rebadger un moteur peut servir à cacher un partenariat. Souvenez-vous de l’épisode Sauber-Ferrari-Petronas. L’équipe Suisse, ne disposant plus du moteur Ford, se tourne vers Ferrari. Ce dernier accepte de fournir le moteur utilisé la saison passée à deux conditions : que l’équipe prenne Nicola Larini, alors essayeur de la Scuderia dans son équipe et que le moteur ne porte pas le nom de Ferrari. C’est alors que l’idée de donner le nom du sponsor principal au bloc émerge. Jusqu’au rachat de l’équipe, Sauber utilisa un moteur italien badgé malais.
Rebadger un moteur permet aussi de mettre en avant un partenaire. On peut parler de Mugen, société qui n’est pas une filiale du groupe Honda, bien que créée par le fils du fondateur du motoriste, a utilisé dans un premier temps les moteur Honda pour en faire une évolution avant de concevoir ses propres moteurs avec l’aide du motoriste japonais. Il y a aussi le cas Mecachrome, sous-traitant de Renault et fabriquant des moteurs F1 de la marque au losange depuis 1977, qui a existé une saison avec Williams avant de passer sous le nom de Supertec, société créée par Flavio Briatore afin de commercialiser les blocs Mecachrome lors des saisons 1999 et 2000.
On l’aura compris, donner un autre nom à un moteur est fait pour différentes fins, le plus souvent commerciales. La proposition de Ferrari à Red Bull de prendre un moteur Alfa-Roméo va dans la continuité de la stratégie de l’entreprise voulant relancer la marque. Idem pour le moteur Renault rebadgé Infiniti, devant servir pour continuer un travail de publicité commencé depuis quelques saisons avec Red Bull, bien que Carlos Ghosn ait dénoncé ceci il y a quelques mois. Maintenant, dans l’optique d’un moteur sans nom, cette équation connaît de multiples inconnues, un tel scénario semblant improbable même si Renault, dans une optique de rachat de Lotus, ne semble plus vouloir associer son nom à l’équipe de Milton Keynes.