Le 22 février dernier, la McLaren-Honda de Fernando Alonso s’échoue contre le mur du circuit de Barcelone juste après le virage 3. Un accident semblant assez bénin puisqu’aucun dégât important n’est à déplorer sur la voiture n°14. L’Espagnol est transporté à l’hôpital pour des examens de contrôle, avant que le corps médical ne décide de le garder en observation quelques jours. Dès ce moment, les chaises musicales des rumeurs et déclarations commencent.

Le jour même, Éric Boullier décide de prendre la parole pour expliquer clairement les choses avec les premiers éléments dont il dispose. "L'accident de Fernando (Alonso) est juste l'une de ces choses qui peuvent survenir lors des essais. Heureusement, il va bien, mais il a été commotionné pendant l'accident, ce qui impose de passer une nuit en observation à l'hôpital. C'est un processus normal après une commotion."

Pourtant les premières rumeurs vont très vite circuler. Le manager de l’Espagnol, Luis Garcia Abad, souligne que le vent pourrait être une cause de l’accident de son pilote, se référant également à l’accident d’un autre Espagnol (Carlos Sainz) plus tard dans la journée. Parmi les autres spéculations, on parle d’un malaise d'Alonso, d’une perte de contrôle de la voiture, voire même d’un choc électrique.

McLaren communique alors rapidement sur l’accident, afin de dissiper toutes rumeurs. "Sa voiture est partie trop large à l'entrée du virage 3, qui est un virage rapide en montée, et il est allé sur la partie délimitant la piste. Une perte de motricité conséquente a causé une instabilité, l'a envoyé vers l'intérieur du circuit, où il a retrouvé de la traction et heurté le mur. Nos conclusions indiquent que l'accident a été causé par le vent soufflant en rafale sur cette partie du circuit à ce moment-là, affectant d'autres pilotes de la même manière [comme Carlos Sainz qui a connu un accident quasi similaire]." Donc, à ce moment précis, la thèse du vent semble la cause principale de l’accident de l’Espagnol.

Mais la suite de la déclaration s’avère très intéressante. "Nous pouvons affirmer catégoriquement qu'il n'y a aucune preuve qui indique que la voiture de Fernando Alonso ait souffert d'un bris mécanique ou quoi que ce soit. Nous pouvons aussi confirmer qu'il n'y a pas eu de perte aérodynamique enregistrée, indiquant que la voiture n'a pas perdu de pièce aérodynamique, en dépit du fait qu'elle était sujette à une force G importante. Enfin, nous pouvons révéler qu'il n'y a pas eu de décharge électrique ou d'irrégularité au niveau du système ERS, que ce soit avant, pendant ou après l'accident." Voilà qui contredit de nombreuses personnes. Pas de choc électrique, pas de casse mécanique, McLaren esquive les accusations. L’équipe ajoute même que Fernando Alonso a rétrogradé et freiné après le premier impact.

Le vent en cause, voilà une affaire réglée sur le papier… mais pas en coulisses, ni même sur la place publique. Flavio Briatore, proche de l'intéressé, déclare que l’Espagnol ne se souvient pas de l’accident. Le journal local "El Paìs" révèle que Fernando Alonso se croyait en 1995, d’autres disent qu’il parlait italien et pensait toujours être chez Ferrari. Nous l’aurons compris, tout a été entendu et son contraire durant de longs jours.

McLaren soulève alors une nouvelle explication sur la déclaration de son pilote : la direction de la monoplace. Celle-ci, se serait alourdie peu avant l’accident. Cette révélation a obligé l’équipe à installer des capteurs en plus. Mais on reste sur des "hypothèses".

Où est la vérité ? Qu'en est-il de la version du pilote ibérique ? Il faudra attendre le Grand Prix de Malaisie, synonyme du retour pour le double Champion du Monde qui a été remplacé par Kevin Magnussen en Australie.
Il est clair sur les faits : le problème vient de la voiture, peut-être un blocage de la direction, avec un freinage au dernier moment. Surtout, il souligne un manque de "certaines données".
Aussi, il réfute les rumeurs. Il explique aussi avoir été conscient au moment de l’accident et que ce n’est que dans l’ambulance qu’il a perdu connaissance. Il contredit également une cause qui a été la première énoncée : le vent ! "Même un ouragan ne ferait pas bouger la voiture à cette vitesse."

Histoire clause enfin, Fernando Alonso a parlé, on a sa vérité ! Enfin reste un… élément sans réponse (même s’il est insignifiant pour le public) : qui va payer la course manquée par Fernando Alonso ?
Son assurance ou l'équipe McLaren ? Même s’il "n’y a que" 1,8 millions d’euros en jeu, une histoire de responsabilité est en jeu. En effet, en Italie selon la Gazzetta, il s’avère que l’accident ait été produit par une défaillance technique, McLaren sera donc contrainte de rembourser l’assurance et sera alors reconnue responsable de l’accident. Alors que les déclarations de l’équipe de Woking affirment le contraire, Fernando Alonso soutient pourtant cette théorie, mettant son équipe au pied du mur.

Autre élément et pas des moindres, cette direction a-t-elle défaillie ? La direction d’une F1 dispose de nombreux capteurs qui informent en temps réelle de la moindre anomalie. Selon les médias allemands "AutoBild" et "F1-Insider", la direction n’a connu aucune défaillance. Des éléments en leur possession pour une telle affirmation, impossible à vérifier.

Cet épisode a mis en lumière de nombreuses choses :
La communication ; on le sait c'est une composante importante en F1. Du peu d'éléments en notre possession, toutes les éventualités ont fuité, sans fondement. A commencer par les lignes de défenses des protagonistes, comme Ron Dennis.
Les récits de chacun ; là également, on a l’exemple même de deux versions totalement différentes. Fait exprès ou décision délibérée du pilote, nul ne le saura.
Le traitement de l'information par les médias ; c'est un amas d'absurdités, la chasse aux clics (et leurs revenus publicitaires) étant parfois préférés aux décryptages de la vérité. Justement, en parlant de cette dernière, où est-elle ? Les semaines à venir nous seront favorables...

Image : McLaren