Le bilan des audiences pour la F1 est là. Après une saison 2017 qui a connu de nombreux changements, ainsi que l’arrivée de Liberty Media comme actionnaire principal, quels sont les résultats pour la discipline sur le plan des audiences et de la visibilité sur les réseaux sociaux ?
La F1 est le sport automobile de référence. Rares sont les personnes, qu’elles soient peu attirées ou non par les sports mécaniques, qui ne visualisent pas un minimum ce sport. Depuis les années 1970, son image a été dopé par la retransmission en direct. L’avènement de l’an 2000 et d’internet ont contribué au partage de l’information, et permis la construction d’une solide communauté fanatique. Qu’on se le dise maintenant : la F1 semble à première vue largement privilégiée en terme de parts d’audiences. Seuls des événements sportifs exceptionnels, comme les Jeux Olympiques, la Coupe du Monde de Football ou le SuperBowl, peuvent se targuer d’attirer plus de téléspectateurs. En tout cas, la F1 fait partie du petit nombre de ligues sportives qui attirent les audiences sur la durée. Le Championnat s’étend sur près de 8 mois, est constitué de 20 courses, et propose un large panel d’offres de programmes, live ou non.
Il ne faut cependant pas se méprendre, et penser que tous les voyants sont au vert pour le sport. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et à l’heure où l’enjeu principal reste la visibilité sur les réseaux sociaux, la F1 peine à attirer le téléspectateur. Retour sur le bilan des audiences de la saison 2017, aussi bien à la télévision, que sur internet.
La F1 maintient les audiences, mais peine à retenir les téléspectateurs
1,4 Milliards d’audiences cumulées dans les vingt premiers marchés de diffusion du monde. C’est le chiffre que la FOM, le groupe de sociétés chargées de la promotion et de l’exploitation des droits commerciaux de la F1, a divulgué la semaine dernière. Cela représente une augmentation de 6,2% des audiences cumulées par rapport à 2016. Ce terme, comme l’explique le site internet racer.com, englobe l’ensemble des programmes relatifs à la F1. Concernant le Grand Prix en lui-même, les audiences télévisées cumulées s’élèvent à environ 603 millions, encore une fois pour le live et la rediffusion. Le live n’a gagné qu’un 1% de progression par rapport à 2016.
Certains pays participent plus que d’autres à cette effervescence. En Europe (l’Italie gagne 19,1% d’audiences en plus, le Royaume-Uni 3,9 % et l’Allemagne 0,9%), en Amérique du Sud (le Brésil réalise un très beau score, avec environ 13% d’audiences de plus que 2016), mais surtout, en Asie. La Chine, pays le plus peuplé au monde, est le marché le plus prolifique pour les audiences télévisées de ce sport. Une augmentation des audiences de 42,2% par rapport à l’année dernière.
Pourtant, si l’on regarde de plus près, la F1 peine toujours à retenir les téléspectateurs. Le nombre de vues brut est en augmentation, mais ce n’est pas le cas des vues uniques. Le site internet du magazine américain forbes.com tient à le rappeler : en 2017, la F1 n’a attiré 352,3 millions de téléspectateurs uniques. Une baisse de près de 40 millions de téléspectateurs par rapport à 2016, et une baisse d’environ 42% des téléspectateurs depuis 9 ans. Pour rappel a F1 attirait pas moins de 600 millions de téléspectateurs uniques en 2008. Et cette fois, le résultat est sans appel : c’est ce que l’on obtient en étudiant les chiffres de soixante-trois marchés de diffusion à travers le monde.
Les réseaux sociaux, sauveurs des audiences télévisées
Depuis l’arrivée de Liberty Media à la tête de la F1, la place des réseaux sociaux a largement augmenté. Présente sur les plus grandes plateformes de partages de contenus, la F1 a fait un bon énorme en termes de visibilité sur internet. Cela se traduit à la fois par une augmentation importante de contenu visualisé en ligne (le nombre de minutes passées à regarder du contenu vidéo à augmenté de 165% sur Twitter, et de 1600% sur Facebook), mais aussi par une forme de fidélisation des internautes. Le nombre des abonnés aux comptes officiels de la F1 a augmenté de 54,9% par rapport à 2016. Sur quatre des plus grandes plateformes de diffusion de contenu internet (Facebook, Instagram, Twitter, et Youtube), on compte environ 11,9 millions de personnes.
F1 says it had the biggest social media growth of any major sport or sports brand in 2017. pic.twitter.com/K6XUlOjHD2
— Nate Saunders (@natesaundersF1) January 5, 2018
Ce qui fait que la F1 est, en 2017, la marque de sport la plus prolifique et la plus grandissante en terme de visibilité sur les réseaux sociaux. Elle dépasse notamment la Formule E, la Ligue des Champions, et la ligue de NBA. Une augmentation très encourageante, et qui compense la faible progression de la F1 à la télévision. Le directeur des opérations commerciales, Sean Bratches, le directeur des opérations commerciales de la F1, se dit très satisfait de ce bond sur les réseaux sociaux : « L’essentiel de nos efforts de cette saison concernait l’amélioration de l’expériences des fans. Cela passait surtout par les plateformes web, et c’est aujourd’hui très encourageant de voir l’interaction qu’ont les fans du monde entier avec la F1 ».
Canal+ apporte un très bon score pour les audiences en France
Les chiffres apportés par la FOM ne s’attardent pas sur la France. Aussi, il nous as été nécessaire de consulter Canal+ pour rapporter des chiffres. D'après la chaîne cryptée, le bilan de la F1 est très positif. En ce qui concerne les audiences globales de l’année 2017, Canal+ présente une augmentation de 9% des audiences, avec en moyenne 720 000 téléspectateurs par Grand Prix. Cette saison, c’est le Grand Prix d’Italie qui a rassemblé le plus grand nombre de téléspectateurs (1,2 millions de personnes, soit le record d’audience pour un Grand Prix de F1 diffusé sur Canal+). Canal+ a donc renforcé ses audiences en 2017, et affirme sa légitimité sur le plan de la retransmission de la F1 en France.
Quelles conclusion à tirer pour les audiences et la visibilité de la F1 ?
Le constat est flagrant : si la F1 cartonne sur les réseaux sociaux, elle peine à faire son trou à la télévision, et perd de plus en plus de terrain. Cette inversion des tendances existe depuis déjà une dizaine d’années, et plusieurs causes peuvent l’expliquer. Déjà parce que les réseaux sociaux réalisent globalement de meilleurs résultats dans tous les domaines d’actualités. Aujourd’hui, on entend souvent l’expression de « consommation de l’information » : multiplication de l’offre de programmes, de diffuseurs d’infos, contenu disponible partout et à tout moment etc… Ce sont des atouts que seuls les réseaux sociaux peuvent proposer, là où la télévision est, et a toujours été organisée sur la base de programmes réguliers, planifiés, et beaucoup moins flexibles en terme de rediffusion.
Si on regarde la F1, on constate qu’en 2017, il y que une explosion de l’offre de contenu digitalisé : vidéos récapitulatives, reportages exclusifs… à tel point qu’un utilisateur ne regardant pas la course en entier peut en savoir plus que n’importe quel téléspectateur assidu. Combiné au fait que l’ensemble des acteurs du monde du monde de la F1, à commencer par les pilotes, axent leur communication de plus en plus autour des réseaux sociaux, il est normal de voir un bond dans la visibilité et les audiences de la F1 sur le internet.
Autre cause, moins explicite, de cette difficulté de la F1 à attirer les téléspectateurs, c’est la privatisation des droits télévisés. Aujourd'hui, de grandes chaînes de télévision se partagent les droits de diffusion de la F1 : Sky Sports au Royaume-Uni, NBC aux États-Unis, Canal+ en France, ces chaînes monopolisent souvent les droits de diffusion. Cela s’accompagne inévitablement d’une perte d’audiences, chaque téléspectateur ne désirant pas forcément s’abonner à une offre de télévision juste pour un programme. La diffusion en clair a l’avantage d’être ouverte à tous, alors que la privatisation des droits entraîne inévitablement des pertes d’audiences sur le court-terme. Cela s’est vérifié en France avec le Grand Prix de Monaco. Cette année, il était diffusé comme à son habitude sur Canal+, mais aussi en exceptionnellement en public sur la chaîne C8. Résultat : 700 00 téléspectateurs sur Canal +, 1,1 million sur C8. Une situation qui devrait se reproduire en 2018, le Grand Prix de France aussi sera co-diffusé en clair.
Si de nombreux progrès sont à faire pour la télévision, la F1 semble avoir pris un très bon virage sur les réseaux sociaux. Il y a un an, elle avait pris un retard considérable, tant l’offre sur les réseaux sociaux était très limitée. Aujourd'hui, elle est en constante progression, et affiche des résultats encourageants pour la suite. Sean Bratches l’explique lui-même : « Notre travail n’est pas terminé. Les fans de ce sport vont assister à de nombreux changements de taille en 2018, avec la sauvegarde de nombreuses offres, et la créations de nouvelles expériences. C’est la bonne période pour être fan de F1 ».