Cette saison 2015 comporte vingt rendez-vous dominicaux, le premier se déroulant sur le continent Océanique, grand bal d'ouverture des saisons de F1 : l'Australie.
Après de nombreuses agitations en coulisses, tant sur le plan politique (financier) que sportif, l'écurie Caterham n'est plus, après avoir essayé un tour de prestidigitation, le financement participatif : CrowdFunding.
L'autre petit poucet de la F1, Marussia, épaulée dans le département CFD par McLaren ces dernières années et Ferrari dans la fourniture du bloc propulseur, le bastion russe a jeté l'éponge en fin de saison passée. Torpillée sous contrôle administratif et judiciaire, les acquis de l'usine saisies, et les locaux rachetés par la future structure américaine, Haas Racing, on ne donné que peu d'espoir à leur survie.
Pourtant, les voilà inscrits, et présents à Melbourne, sans le moindre roulage hivernal, rebaptisée Manor F1 Team, ils ne prendront part à aucune séance libre, ni celle qualificative, leur présence a eu le mérite de valider les efforts déployés. Ils sont forfaits pour la course.
Donc, il n'y aura que 18 protagonistes sur la grille de départ, cependant le tour de formation ira écrémer encore ce bien maigre postulat ! La Red Bull-Renault de Kvyat cessera toute transmission, le pilote russe abandonnera sa monoplace dans l'avant dernier virage, la boite de vitesse en ayant fait tout autant.
La loterie n'est pas terminée, Magnussen à bord de la McLaren-Honda (celle dont s'est déchargé Alonso, le pilote titulaire…), ne peut ramener sa monture sur la grille de départ, le Power Unit japonais en a décidé autrement.
Quant au pilote finlandais de chez Williams, Bottas, souffrant du dos (…) et ayant passé la nuit à l'hôpital, il ne prendra pas part à la course, il s'était qualifié en sixième position la veille.
Ce qui nous ramène notre plateau à 15 monoplaces lors du départ. Il est 16h00, heure locale, le temps est clément, peu venteux, la température ambiante flirte avec les 20°C.
A l'extinction des feux, les Mercedes devant ne commettent aucun impair, et s'élance royalement. On ne peut pas en dire autant de Vettel, en quatrième place sur la grille, qui savonne sur le côté sale de la piste, à droite, donc mal placé sur la trajectoire de course pour le prochain virage à droite.
Son coéquipier, Räikkönen, chez Ferrari n'en demandait pas tant, idéalement placé, il prend le meilleur envol des Rouges… Mais les vieux démons de Vettel refont surface, l'Allemand entreprend une nouvelle mission de perfidie malhonnête sur son propre coéquipier. C'est avec tout l'aplomb et l'autorité d'un Panzer (prénommé "Eva" pour le mémorial allemand) qu'il ira freiner trop tard, à l'intérieur du vibreur à droite, et donc n'empruntant pas la bonne trajectoire, il réussit son complot en obligeant le Finlandais à sortir à son tour de la ligne de course.
La Ferrari floquée du N°7 se retrouve à l'écart et percutée à l'arrière par les moustaches de la Toro Rosso de Sainz Jr., Räikkönen poursuit sa progression sur le vibreur, mais ne peut éviter la Sauber de Nasr en revenant sur le tarmac. Les deux monoplaces se frottent l'essieu avant, la Sauber louvoie et percute à son tour la Lotus de Maldonado qui prenait un meilleur envol. Le Vénézuélien est la victime collatérale de la bêtise de Vettel, il perd l'adhérence, la monoplace d'Enstone finit sa course meurtrie deux roues arrachées en percutant le mur.
La voiture de sécurité a fait son entrée en piste dès le premier tour de course, les velléités des premiers hectomètres de la saison sont toujours empreints de raisonnement foireux… et rarement sanctionnés. La mansuétude des officiels fait passer le laxisme pour de la courtoisie. Les pilotes interprètent toujours cela pour de la tolérance.
A la fin du premier tour, la Sauber de Ericsson emprunte la voie des stands, pour troquer les pneus Medium (à flanc blanc) par les gommes Soft de la gamme Pirelli (à flanc jaune). Il est suivi par Grosjean sur la Lotus, qui n'a plus de jus, le Power Unit Mercedes a rendu son dernier souffle…
Le classement sous régime de neutralisation : Hamilton, Rosberg, Massa, Vettel, Sainz Jr., Nasr, Ricciardo, Räikkönen, Verstappen et Hülkenberg pour le top 10.
Lorsque la nouvelle Mercedes AMG GT-S à gyrophares officiant pour ses premiers tours de roues lâche la meute, Hamilton parfait un écart suffisant pour être à l'abri du retour de Rosberg, Massa et Vettel en embuscade mais non menaçant, en revanche Nasr sur la Sauber profite de son bloc italien pour se défaire de Verstappen sur la Toro Rosso-Renault.
En l'état, les stratégies sont entendues. Les Mercedes roulent devant, et ne seront pas inquiétées, tant elles performent, mais aussi par le fait que les pilotes derrière eux son esseulés dans leur écurie. Ni Massa, ni Vettel ne peuvent compter sur leurs coéquipiers pour entraver la marche en avant des étoiles filantes.
Dans le clan Ferrari, Vettel a réussi à décapiter toute forme d'assaut, en faisant perdre des places à Räikkönen et annihilant ses possibilités de doubler la Williams. En effet, la seconde Ferrari se retrouve engluée derrière la Red Bull de Ricciardo, elle-même stoïque et incapable de prendre l'ascendant sur la Sauber de Nasr.
A l'arrière de peloton, dans une contrée lointaine, la McLaren-Honda rescapée de Button se débat avec la Force India de Pérez. Le pilote mexicain est mieux motorisé, mais comme à l'accoutumée dans l'écurie indienne, orpheline de tous ingénieurs digne de la catégorie reine des disciplines, cette monoplace marque le pas en conception ! Elle sera bientôt à court de développement… pour une raison commune à toute écurie : le budget. Tâchant d'étinceler en début de saison, elles ne finiront que plus rapidement dans les limbes du classement.
Et comme il faut bien justifier ses jalons, Pérez s'octroie le droit d'oublier la pédale de gauche, celle attribuée aux disques Carbone. Son exaction sur Button, ne lui permet pas de gagner une place, mais au contraire de prouver toutes ses carences d'intelligence de course. La Force India percute en perdition la McLaren, sans mal mécanique…
Le premier à plonger dans les stands à la fin du seizième tour est Räikkönen, las de perdre du temps, on envoie les Soft au fond du garage pour chausser les montes Medium. Quelques boucles plus tard, au tiers de la distance de course, Williams rappelle Massa aux stands… en oubliant que les stratégies se calent soit sur ses adversaires directs, soit sur le trafic qui se présentera à la sortie des stands.
Et les quelques vingt-secondes que coutent un passage par les garages, renvoient un Massa derrière Ricciardo, déjà l'agonie d'avoir tenté de suivre le rythme de la Sauber. Un tour suffira pour libérer la voie à la Williams, l'Australien rentre lui aussi observer son arrêt !
Chez Ferrari, on ne prend pas de risques avec Vettel, à la fin du tour 24, l'Allemand effectue son arrêt et reprend la piste… devant Massa. Williams nous habitue à leurs maladresses (absences) de stratégies, mais un tel amateurisme, c'est un cinglant échec.
Alors que les Mercedes paradent et creusent l'écart à raison d'une seconde et demie par tour, voici le classement après les premiers arrêts : Hamilton, Rosberg, Vettel, Massa, Räikkönen, Verstappen, Nasr, Ricciardo, Hülkenberg et Ericsson pour le top 10.
La fiabilité étant une composante clairement à surveiller cette saison, le règlement a imposé l'utilisation de seulement quatre unités de puissance pour la saison qui comporte vingt étapes, soit un moteur de moins que l'an passé.
Verstappen en fera les frais après avoir observé son arrêt au tour 32, il stoppera deux boucles plus tard, dans le troisième secteur, juste avant l'entrée des stands, sa Toro Rosso ayant laissé échapper une fumée blanche dès la fin du premier secteur.
Dans le clan Red Bull, ils ne sont pas mieux vernis, après les quelques places perdues au départ par Ricciardo, il a dû composer avec la Sauber de Nasr, impossible à doubler, et dégradant son train avant. Il a perdu des secondes par poignée et toute espérance de figurer dans le quatuor de tête.
Au tour 40, Räikkönen stoppe une dernière fois, avant de reprendre la piste pour quelques hectomètres, un serrage de roue arrière aura raison de son calvaire dominical. La copie est à revoir chez Ferrari, et le podium que vise Vettel n'est qu'un pansement diplomatique !
Chez Mercedes, on ressent le malaise en piste avec les quelques trente seconde d'avance sur Vettel en troisième position, donc la permission est donnée aux pilotes d'amuser la badaud en s'échangeant les meilleurs tours, faisant fi de toute évidence, les positions sont figées…
Dans les ultimes boucles, Ericsson sur la Sauber fera la jonction et disposera de la Toro Rosso de Sainz Jr. (qui aura perdu du temps aux stands), les rookies se sont bien comportés dans l'ensemble, hormis un changement de cap un peu trop virulent de la part de l'espagnol au départ de la course. La jeunesse de leur expérience les excuse en partie, c'est moins risible que les incartades de certains pilotes auréolés de plusieurs titres mondiaux…
Ce premier rendez-vous dominical est entendu, il aura sabré la patience de nombreux spectateurs, tellement le vide occupait la synergie de course. Une course de GP2 n'aurait pas été moins intéressante.
Hamilton s'impose devant Rosberg, qui a marqué le pas dès sa première tentative de tour rapide lors des qualifications en Q3. Vettel monte sur le podium pour le compte de Ferrari, et échappera certainement à des remontrances qu'il mérité amplement de la part de son employeur.
Massa remercie la personne en charge de la stratégie chez Williams, qui aurait pu le rappeler un tour plus tard dans les stands pour sauver éventuellement un podium. Le second Brésilien, et débutant, Nasr fait bonne impression, et profite d'un désert d'affluence des grosses formations pour se placer en cinquième place. Opportuniste et affirmé, les occasions seront plus éparses à l'avenir.
Ricciardo sauve les apparences chez Red Bull, mais doit assumer ses torts et son envol récalcitrant, Hülkenberg fut plus discret, sa septième place est aussi à mettre au crédit du miracle ! Ericsson inscrit ses  points en F1, à bord de la seconde Sauber, devant Sainz Jr. l'autre débutant à inscrire des points dès sa première course. Pérez ferme le top 10.
Le classement de la course :
01. Hamilton (Mercedes) Vainqueur en 1h31'54"067 (moyenne : 200.80 km/h)
02. Rosberg (Mercedes) +1"360
03. Vettel (Ferrari) +34"523
04. Massa (Williams) +38"196
05. Nasr (Sauber) +95"149
06. Ricciardo (Red Bull) + 1 Tour
07. Hülkenberg (Force India) + 1 Tour
08. Ericsson (Sauber) + 1 Tour
09. Sainz (Toro Rosso) + 1 Tour
10. Perez (Force India) + 1 Tour
11. Button (McLaren) + 2 Tours
12. Räikkönen (Ferrari) Abandon (Mécanique)
13. Verstappen (Toro Rosso) Abandon (Moteur)
14. Grosjean (Lotus) Abandon (Moteur)
15. Maldonado (Lotus) Abandon (Contact)
16. Kvyat (Red Bull) Abandon (Moteur)
17. Magnussen (McLaren) Abandon (Moteur)
18. Bottas (Williams) Forfait pour la course
Hamilton - Mercedes - Melbourne