La onzième manche du championnat de F1 2015 fait escale de l'autre côté des Ardennes, pour le célèbre Grand Prix de Belgique à Spa-Francorchamps. Le toboggan des Ardennes belges est le théâtre de la seconde moitié du championnat après la trêve estivale des trois semaines du mois d'Août.
Les équipes ayant pu revoir leur copie pendant la pause, les protagonistes se sont présentés avec quelques nouveautés. La plus visible d'entre toutes étant le nouvel aileron arrière de la Mercedes désormais concave plutôt que droit ainsi qu'une évolution moteur. Chez Ferrari on a soigné l'aérodynamique, un nouvel aileron avant ainsi que les dérives devant les pontons sont modifiées. Dans le clan Honda c'est la promesse d'un gain d'une puissance qui est évoqué.
Ce samedi de qualifications n'a pas laissé planer le doute quant aux lauréats de la première ligne, Hamilton s'offrant sa dixième pole position devant Rosberg, qui ne l'aura devancé qu'une seule fois dans cet exercice en 2015, tout l'inverse de la saison passée.
Chez Ferrari, c'est le réglage de la course qui a été privilégié, ainsi Vettel ne pouvait signer que la neuvième performance, Räikkönen fut trahi par sa mécanique dès la seconde session Q2. Avec les pénalités de Grosjean (+5 places pour un changement de boite et qualifié quatrième), la première des Ferrari s'élancera de la huitième place, la seconde de la seizième. La stratégie de coéquipiers étant caduque, c'est un long baroud qui attends les pilotes, mais avec un succès à la clef.
Ce dimanche de course, la météo semble clémente avec des températures dans les normales, 27°C dans l'air et 40°C sur le bitume. Un bitume trop granuleux qui demanderait un nouvel enrobé (qui dépendra des finances de l'organisateur), il pourrait être à l'origine d'une dégradation excessive des gommes, une composante à surveiller sur ce tracé atypique et aux infrastructures vieillissantes.
Après le tour de chauffe, une inquiétude chez Mercedes dont la batterie KERS n'était pas complètement chargée sur la monoplace de Hamilton, une similitude chez Force India avec Hülkenberg. Ce dernier avortant la procédure de départ, c'est l'abandon pour l'Allemand dont le moteur a calé. Un second tour de formation est lancé, un tour de course sera retiré du Grand Prix.
A l'extinction des feux rouges, le poleman s'élance correctement avec une gestion manuelle du calibrage du point de friction de l'embrayage (nouveauté introduite, ici, en Belgique). Une gymnastique supplémentaire à contrôler pour les pilotes, dont Rosberg se vantait de maîtriser mieux que son adversaire. Il n'en sera rien, le pilote allemand, perd des places avant le virage de la Source.
Dans ce peloton étriqué, Pérez hisse sa Force India en seconde position, Vettel efface déjà son handicap du samedi et se trouve à présent en cinquième position. Ricciardo est en rempart en quatrième position face à la Mercedes de Rosberg.
Au tour 3, voici le classement : Hamilton, Pérez, Ricciardo, Rosberg, Vettel, Bottas, Grosjean, Massa, Ericsson, Kvyat, pour le top 10.
Les velléités des premiers tours appartenant au passé, il est bon pour chacun de jauger son rythme de course et l'endurance des pneus Pirelli, notamment les pneus Soft sur ces premiers tours. Le cas Red Bull étant déjà entendu, Ricciardo stoppera à la fin du septième tour, pour troquer sa monte pneumatique Soft contre les Medium, les plus durs.
Les Williams ne sont pas à l'aise sur ce tracé, elles ne sont véloces nulle part. Assez lentes sur leurs appuis en virages lents et rapides, leur vitesse de pointe (DRS ouvert) ne saurait les sauver. Il y a un manque de sérieux sur les réglages (et un retour technique biaisé pour les ingénieurs imputable aux pilotes), doublé d'une cartographie moteur trop conservatrice (trop axé sur la fiabilité).
Elles jouent les chicanes mobiles ici à Spa.
Au quart de la course, le peloton des poursuivants hors d'atteinte d'un podium, observe les premiers arrêts aux stands. Les stratégies sont différentes parmi les écuries, Force India opte pour un double relais en pneus Soft sur la monoplace rescapée de Pérez. Il est en lutte à distance avec la Lotus de Grosjean, qui lui a observé son arrêt à la fin du neuvième tour pour repartir en pneus Medium.
En piste, Verstappen anime la galerie en se fendant d'un dépassement au forceps à Blanchimont sur Nasr, en empiétant largement sur le vibreur, mais la manœuvre se termine sans encombre.
En revanche, l'attrait clownesque de cette course nous sera offert par Williams, une fois n'est pas coutume, avec à la clef un panachage de choix de gommes Pirelli. La monoplace de Bottas a quitté les stands avec un pneu arrière droit en Medium à flanc blanc, et tous les autres en pneus Soft à flanc jaune.
La sanction sera inévitable pour Williams, un drive-through (passage par les stands, sans s'y arrêter), ainsi qu'un second arrêt aux stands pour équilibrer le choix pneumatique.
Parmi les hommes de tête, Rosberg s'immobilisera à son stand à la fin du tour 12, imité par son leader d'équipier au tour suivant, laissant les commandes de la course à Vettel. Ce dernier stoppera après les Mercedes.
Grosjean à bord de la Lotus est plus rapide d'une seconde au tour que la Red Bull de Ricciardo, qui le doublera dans la longue ligne droite après l'Eau Rouge, il en fera autant sur la Force India de Pérez, deux boucles plus tard. Ce dernier, rentrera aux stands à la fin du tour, la Force India étant consommatrice des gommes sino-italiennes.
Une occasion qui ne pourra plus se présenter pour Ricciardo, la monoplace autrichienne l'ayant abandonné après la chicane, le système d'anti-calage moteur de Renault mettant à mal, encore une fois, la fiabilité de son écurie d'usine !
Le système de la voiture de sécurité virtuelle est activé, ce qui signifie que tous les pilotes en piste doivent activer leur limiteur utilisé pour la voie des stands, la vitesse étant réduite à 80 km/h. Cette mesure permettant de figer les écarts entre les concurrents, permet aux officiels de dégager la voiture de l'Australien. Cette période de sécurité ne durera qu'un seul tour, pendant lequel, bon nombre de pilotes ont pris soin d'effectuer un nouvel arrêt aux stands anticipé.
C'est le cas pour Grosjean, Massa, Räikkönen, Verstappen, Bottas, le système étant désactivé lorsque les mécaniciens relâchent la Ferrari du Finlandais, tout comme la Williams de Massa.
Chez Mercedes, la radio fonctionne en mode porte-voix, Hamilton se plaignant d'un rapprochement de Rosberg pendant la période de neutralisation, ce qui n'aurait pas dû arriver. Les instances Mercedes ayant entendu le message, mais également le directeur de course Charlie Whiting, qui observera la manœuvre d'éloignement de Rosberg vis-à-vis d'Hamilton, pour éviter une pénalité.
Le classement au tour 23 : Hamilton, Rosberg, Vettel, Grosjean, Kvyat, Pérez, Massa, Räikkönen, Verstappen, Ericsson pour le top 10.
Le second relais arrivant à son terme au trentième tour de course, les leaders de chez Mercedes réalisant un ultime arrêt dans le même ordre établi. L'écart de plus de trente-cinq secondes sur leur poursuivant Vettel (alors provisoirement sur le podium) se réduisant à une poignée d'une quinzaine seulement.
Le podium pourrait se jouer entre Vettel et Grosjean. Le premier tentant de faire durer ses Pirelli Medium le plus longtemps possible, le second les ayant changés au vingtième tour, ils sont plus véloces de six tours en comparaison à la Ferrari.
Dans le trente-cinquième tour de course, Sainz Jr. abandonne sa Toro Rosso aux stands, c'est un nouvel écueil pour la petite Scuderia. Une dizaine de renoncements en presque autant de Grand Prix, c'est beaucoup trop pour espérer figurer dans le top 5 des constructeurs, comme le souhait Franz Tost lors d'une dernière intervention.
Le pilote russe Kvyat exerce quelques manœuvres d'évitements en piste, pour se débarrasser d'abord de la Ferrari de Räikkönen, ensuite La Red Bull ayant des Pirelli neufs depuis la fin du tour 27, il n'aura aucun mal à esquiver l'obstacle ambulant qu'est la monoplace Williams de Massa.
Alors que Vettel ayant fait le choix délibéré, contre l'avis de son écurie, de rester en piste jusqu'au drapeau à damiers, ses gommes durent depuis la fin du tour 14, soit près de 27 boucles au moment où, après la montée du Raidillon, puis de l'Eau Rouge, celui de l'arrière droit délamine, la bande de roulement quitte le logement de la jante, Vettel perd tout espoir de finir sur le podium, ainsi que dans les points.
Il ramènera sa Ferrari meurtrie aux stands pour y abandonner. Véritable chanceux de l'histoire, Grosjean récupère non seulement un podium inespéré, mais également loin des prétentions des performances de l'écurie.
Hamilton remporte le Grand Prix de Belgique, c'est son trente-neuvième succès en carrière, il devance Rosberg et Grosjean. Kvyat est quatrième à bord de la Red Bull, Pérez franchit la ligne en cinquième place devant la Williams de Massa.
La Ferrari de Räikkönen est septième, après un départ depuis la seizième place, le Finlandais fut assez transparent et peu performant. Verstappen termine sa course à la huitième place, il engrange encore expérience et des points au classement pilotes.
Le surestimé surdoué du plateau, Bottas, victime de la bêtise d'un mécanicien Williams, a vécu une course difficile, son écurie usera de cette bourde comme simple alibi à leur contre-performance, masquant leur incompétence dans la mise au point des réglages pour la course. Le dernier point revenant à Ericsson sur la Sauber.
Le classement de la course :
01. L. Hamilton (Mercedes) Vainqueur des 43 tours en 1h23'40"387 (moyenne : 215,87 km/h)
02. N. Rosberg (Mercedes) +2'058
03. R. Grosjean (Lotus) +37'988
04. D. Kvyat (Red Bull) +45'692
05. S. Pérez (Force India) +53'997
06. F. Massa (Williams) +55'283
07. K. Räikkönen (Ferrari) +55'703
08. M. Verstappen (Toro Rosso) +56'076
09. V. Bottas (Williams) +61'040
10. M. Ericsson (Sauber) +91'234
11. F. Nasr (Sauber) +102'311
12. S. Vettel (Ferrari) Abandon
13. F. Alonso (McLaren) +1 tour
14. J. Button (McLaren) +1 tour
15. R. Mehri (Manor) +1 tour
16. W. Stevens (Manor) +1 tour
17. D. Ricciardo (Red Bull) Abandon
18. C. Sainz Jr. (Toro Rosso) Abandon
19. P. Maldonado (Lotus) Abandon
20. N. Hülkenberg (Force India) Abandon
Meilleur Tour : N. Rosberg (Mercedes) 1'52"416 Tour 34 (moyenne : 224,30 km/h)
Gaël Angleviel.