Rosberg - Mercedes - GP Espagne

Rosberg - Mercedes - GP Espagne

C'est à l'issue d'une course maîtrisée et sans embûche pour Rosberg, que le pilote allemand s'est offert sa première victoire de la saison. Elle était très attendue, son coéquipier ayant déjà réussi a en glaner trois, il en est de même pour Vettel à bord d'une Ferrari opportuniste, qui s'est également imposé une fois cette saison.

Il est à peine plus de 15h00, heure locale ce samedi 9 Mai, lorsque le tableau d'affichage annonce officiellement que Rosberg s'est emparé de la pole position, pour la première fois de l'année. Un soulagement pour le pilote Mercedes, qui était dans une situation complexe en proie de doutes, ce qui n'est jamais confortable lorsque cela perdure.
Il a, non seulement, réussi la pole position, mais Rosberg est parvenu à envoyer ses ondes négatives à son coéquipier, qui jusqu'à alors démontrait sa suffisance et sa facilité à collectionner les victoires.
La grille se façonnait de la sorte : La première ligne pour les Mercedes, devant Vettel et son bolide rouge, Bottas en téméraire, les Toro Rosso humiliaient encore une fois les Red Bull en les devançant.
Pour ce dimanche de course, les enjeux étaient assez faciles à deviner : Une première victoire nécessaire pour Rosberg, un handicap d'une séance de qualifications ratée a effacer pour Hamilton (avec le côté sale de la piste), et un Vettel prêt à semer la discorde chez les Gris.
Le départ fût donné pour les vingt protagonistes présents sur le tarmac. Rosberg se débarrasse de ses lacunes latentes lors des phases d'envol de la grille, à savoir un pastiche Mercedes copié des années Webber chez Red Bull, et des places perdues inutilement. Cette fois-ci tout se déroule sans heurt.
En revanche, Hamilton mal aidé par un asphalte poussiéreux et moins dévolu au grip mécanique, ne peut rien faire pour contenir Vettel, qui se place en dauphin de Rosberg au premier virage. Pour une fois, Hamilton a l'intelligence ne pas insister sur cette phase de départ critique, où Vettel fait trop souvent le jeu de quille, il ira le chercher en piste à la performance ou à la stratégie de course, à suivre !
Les premiers hectomètres déroulés plus ou moins sans accroc, au second tour le classement est ainsi pour le TOP 10 : Rosberg, Vettel, Hamilton, Bottas, Räikkönen, Verstappen, Sainz, Massa, Grosjean et Maldonado.
Le trio de tête qui roule en formation, ne sont séparés de quelques cinq secondes, alors que leurs poursuivants constitués des Toro Rosso, des Red Bull et des Lotus vont s'efforcer de nous démontrer à quel point ils peuvent perdre du terrain.
La lutte des classes étant connue pour cette saison, les Mercedes devant les Ferrari, les Williams arbitrant à l'avant du reste du peloton, lorsque cela leur est possible, nous observons plus loin les sœurs jumelles équipées du bloc français Renault, qui agonissent lentement mais surement, course après course.
Leur calvaire au bout d'une dizaine de tours, seulement, se chiffre à une trentaine de secondes sur le leader. Un gouffre de performance, qui ne justifie pas seulement par les carences du V6 tricolore, mais également l'intégration de celui-ci au châssis, lui aussi en déclin par rapport à ses aïeux ainés irréprochables en la matière.
A l'avant de la course, Hamilton connaît l'endurance des Ferrari avec les montes Pirelli, et ne veut plus voir le scénario de Bahreïn se rejouer, lorsque Rosberg fut obliger de céder en fin de course, par la stratégie décalée de Räikkönen. Cela fait treize tours qu'il est dans le sillage de la Ferrari de Vettel, capable de rapprocher dans la zone de DRS, mais refoulé dans ses tentatives de dépassements par un tracé qui ne les facilité pas. Il décide de plonger dans la voie des stands à la fin de la treizième boucle pour jauger son adversaire direct.
La Scuderia Ferrari connaît son rythme de course, et ne peux se permettre de courir derrière une Mercedes, ils rappellent Vettel un tour après Hamilton pour lui permettre de conserver son avantage.
Le leader Rosberg en fera tout autant une boucle après ses poursuivants, lui assurant également son avance, mais en voyant désormais une Ferrari devant lui, celle de Räikkönen qui reste plus longtemps en piste.
Le Finlandais ira jusqu'à la fin du dix-septième tour pour troquer ses pneus Medium contre les composés Hard, c'est une stratégie audacieuse, voire périlleuse pour son adhérence avec laquelle il se débat d'accoutumé, il rejoint la piste en cinquième position derrière la Williams de Bottas.
Le classement est le suivant pour le TOP 10 au tour 18 : Rosberg, Vettel, Hamilton, Bottas, Räikkönen, Massa, Alonso, Pérez, Ricciardo, Ericsson.
Hamilton joue parfaitement la stratégie de l'écurie en collant le train arrière de la Ferrari. Si sur les précédentes courses nous avions pu voir la dégradation excessive des Pirelli pour les pilotes se trouvant dans le sillage direct des voitures qu'ils poursuivaient, le phénomène est légèrement atténué ici, car certaines monoplaces sont à nouveau pourvues du Monkey Seat.
C'est cet élément aérodynamique qui se trouve entre la sortie d'échappement et le pilier central de l'aileron arrière, il permet d'asseoir un peu plus le train arrière et gagner en appui.
Il permet également de mieux diriger et séparer l'air frais glissant le long de la carrosserie par rapport à l'air chaud issu des échappements, la trainée opère différemment, ce qui perturbe moins la monoplace logée à l'aspiration. Ainsi, ce qui fut impossible en Chine pour Rosberg, alors second, de se rapprocher de Hamilton par le fait que leurs monoplaces étaient dépourvues de ce Monkey Seat, fut tout à fait jouable pour Hamilton (troisième) de rester proche de la Ferrari de Vettel, et de l'obliger à forcer le rythme et d'user de ses gommes.

Alors que les champions du monde en titre s'évertuent à reprendre leur bien et monopoliser les premières marches du podium, dans le peloton c'est la foire d'empoigne chez les opportunistes.

Les pilotes Lotus se sont déjà illustrés dans une lutte interne pour savoir qui a la monoplace la plus solide. Grosjean ayant déjà explosé un capot moteur lors des essais libres, il ira cette fois tutoyer l'aileron arrière de Maldonado, lequel cèdera par un pan entier, laissant la Lotus meurtrie et scellant encore un amateurisme ambiant dans la gestion de cette écurie agonisante, sombrant peu à peu vers son sort définitif.
Dans le clan Toro Rosso où Sainz fait office de futur espoir auprès du public attentif à son talent naissant, il n'en est pas de même pour Verstappen, qui cache son jeu depuis le début de la saison. Tôt ou tard il dévoilera son inconstance dans le peloton et ses prétentions kamikazes. Les prémices de ses louvoiements en piste lors d'un dépassement n'en sont que plus révélatrices.
Chez Red Bull, le calvaire continue, Ricciardo fer de lance des monoplaces propulsées par Renault se trouvent déjà à plus de cinquante secondes du leader, de quoi raviver les tensions, ou de crédibiliser la thèse du divorce Red Bull / Renault.
Quant à Massa, esseulé en sixième place, qui se traîne et ne parvient pas à refaire son retard face à Räikkönen (pourtant chaussé de pneus moins véloces), se voit quand même affublé du fardeau des tacticiens Made in Williams, inaptes à faire plier l'adversaire.
Le Brésilien, fort de ses 215 départs en Grand Prix, occupe un baquet qui siérait parfaitement à un jeune pilote dont la carrière ne demande qu'à éclore dans ce rôle de pilote n°2, trop longtemps spolié par Massa.
Chez Mercedes, on se décide à basculer la stratégie sur trois arrêts pour Hamilton, la seule voie possible de récupérer la seconde place. L'Anglais entamera son troisième relais dès le trente troisième tour avec les pneus les durs cette fois-ci.
Cela déclenche également la valse des seconds arrêts pour les hommes de tête, Vettel le fera au tour quarante, regagnant la piste derrière Hamilton, et Rosberg cinq boucles plus tard, laissant les commandes de la course à son coéquipier.
Dans les garages nous aurons vu Alonso en perdition, sans freins, devant abandonner la course.
Grosjean, lui, avec plus de mordant sous la pédale de gauche, mais autant d'allant, ira percuter l'homme dédié à lever la monoplace à l'avant. Plus de peur que de mal, mais toujours autant perfectible cette formation d'Enstone… Maldonado, lui, jette l'éponge, sans doute effrayé par sa monoplace allégée de quelques éléments aérodynamiques qui ne remplisse pas le quota de masse à la pesée réglementaire.
Le classement du top 10 au tour 50 : Hamilton, Rosberg, Vettel, Bottas, Räikkönen, Massa, Ricciardo, Grosjean, Kvyat et Pérez.
Au tour suivant, Hamilton effectue un troisième arrêt, repart avec les gommes Medium, et profite du temps perdu par Vettel dans le trafic pour ressortir des stands devant la Ferrari. La stratégie de Mercedes a parfaitement fonctionnée. La Scuderia, bien qu'économe avec ses enveloppes, ne peut se vanter d'être performante, c'est encore loin des prétentions de la victoire, mais ils sont conscients qu'elle n'est pas leur objectif premier.
Si les positions semblent figées, le seul suspense reste la quatrième place de Bottas qui voit dans ses rétroviseurs le rouge de Räikkönen se rapprocher, sans que celui-ci soit en mesure de le passer.
Le Finlandais de la Scuderia ayant opté pour un second relais en pneus durs, les a usé plus rapidement, son ultime relais en pneus Medium a duré vingt-cinq tours, soit deux tours de plus que les gommes Hard de Bottas, qui prouve là encore toute sa pugnacité et sa gestion de la pression.
Si le jeune pilote Williams voulait se montrer des instances de chez Ferrari, il ne pouvait espérer meilleure publicité, et cela est répété à chaque course, à Bahreïn il résistait déjà à Vettel.
En toute fin de course, Sainz bien campé dans la maîtrise de son talent, s'amusera de l'impatience de son coéquipier Verstappen pour le gain de la dixième place (et synonyme de l'ultime point à attribuer).
Il ira même pousser le vice jusqu'à déloger Kvyat, à bord de la Red Bull, non sans devoir réfléchir pour deux, le Russe ayant décidé de sur-jouer le rôle du pilote agacé par sa machine en deçà des promesses de compétitivité, osera une touchette pour sortir Sainz de la trajectoire. Le pilote espagnol se verra dans l'obligation de couper le premier virage mais restera devant le pilote russe.
Voilà de quoi redessiner la hiérarchie des pilotes dans le clan Red Bull, dans un jeu de chaises musicales, ce sera une information précieuse.
Au terme des soixante six tours de course, Rosberg décroche la première victoire de l'année, la neuvième en carrière, un soulagement avant le déplacement chez lui, dans les rues de Monaco.
Hamilton mécontent des consignes de Mercedes qui l'ont cantonné dans un rôle de second pilote, alors qu'il souhaitait attaquer dans son ultime relais pour le gain de la victoire. C'eut été une mission impossible, mais le simple fait de quémander sa requête permet d'affirmer son caractère de conquérant et de prouver à ses patrons qu'il ne se contente pas d'un second rôle. C'est aussi important psychologiquement de maintenir la pression sur son adversaire : son coéquipier, le vainqueur du jour.
Vettel monte sur la dernière marche du podium, sa Ferrari ne pouvait espérer mieux aujourd'hui, sa stratégie à deux arrêts la relégué à quarante-cinq seconde de la victoire. Une grosse étape est à franchir encore pour espérer combler les souhaits de Arrivabene, au moins deux victoires dans la saison.
Bottas a su résister à Räikkönen, Massa complète le peloton des pilotes dans le même tour que Rosberg. Ricciardo est donc septième à un tour, suivi de Grosjean, Sainz et Kvyat.
Le classement de la course :
01. N. Rosberg (Mercedes) Vainqueur des 307,104 Kms (66 tours) en 1h41'12"555 (moyenne : 182,06 km/h)
02. L. Hamilton (Mercedes) + 17"551
03. S. Vettel (Ferrari) + 45"342
04. V. Bottas (Williams-Mercedes) + 59"217
05. K. Räikkönen (Ferrari) + 60"002
06. F. Massa (Williams-Mercedes) + 81"314
07. D. Ricciardo (Red Bull-Renault) + 1 tour
08. R. Grosjean (Lotus-Mercedes) + 1 tour
09. C. Sainz (Toro Rosso-Renault) + 1 tour
10. D. Kvyat (Red Bull-Renault) + 1 tour
11. M. Verstappen (Toro Rosso-Renault) + 1 tour
12. F. Nasr (Sauber-Ferrari) + 1 tour
13. S. Pérez (Force India-Mercedes) + 1 tour
14. M. Ericsson (Sauber-Ferrari) + 1 tour
15. N. Hülkenberg (Force India-Mercedes) + 1 tour
16. J. Button (McLaren-Honda) + 1 tour
17. W. Stevens (Manor-Ferrari) + 3 tours
18. R. Mehri (Manor-Ferrari) + 4 tours
19. P. Maldonado (Lotus-Mercedes) abandon
20. F. Alonso (McLaren-Honda) abandon