De Monaco à Montréal, il n'y a que très peu de ressemblances, si ce n'est une épingle appelée Casino, et la promiscuité envahissante des rails de sécurité bordant la piste…et la délimitant, à certains endroits, cela va de soi !
C'est un tracé non permanent dédié à la vitesse, il est profilé comme un circuit d'accélération-freinage, donnant l'avantage aux blocs propulseurs qui ont du souffle, mais également aux châssis rendant la meilleure motricité.
Ici, les monoplaces n'ont pas les ailerons les plus proéminent de la saison, les hauteurs de caisses sont nécessaires pour absorber les vibreurs, ainsi que les suspensions souples. Autant dire que le train arrière sera sollicité…ainsi que le jeu de gommes.
Deux stratégies sont possibles ici, soit celle agressive à deux arrêts qui n'a d'intérêt que si les pilotes progressent à l'avant de la course. En revanche, en évitant les velléités des premiers tours, une stratégie à un seul arrêt est possible, si le pilote ménage ses pneus arrière, c'est la condition sine qua non.
Le déroulé des courses est ici perturbé souvent par les voitures de sécurité (Safety-Car), car le tracé n'offre que peu de zones de dégagements. Le tarmac évolue de façon étriquée entre les rails, des longues lignes droites aux pif-paf (changements de cap rapides, droites/gauches) pour en arriver aux chicanes, la moindre sortie de piste se traduit pas un amoncèlement de débris sur la trajectoire.
Les qualifications nous ont offert quelques surprises en éliminant des candidats au podium, comme Vettel sur la Ferrari qui a été trahi par sa mécanique, il n'a participé qu'à la première session, il a inscrit le seizième temps.
Massa à bord de la Williams, a connu des ennuis identiques, il s'est classé derrière le bolide rouge du quadruple Champion du Monde. Button, lui, a été abandonné par le bloc Honda dès les Essais Libres, il n'a pas pu parcourir le moindre tour le samedi après-midi.
Les Mercedes se sont hissées à nouveau sur la première ligne, Hamilton en délicatesse tout au long du meeting avec les freins, réussit néanmoins à décrocher la position de pointe sur la grille de départ. Rosberg l'accompagne devançant Räikkönen esseulé dans le clan Ferrari, en ayant l'autre Finlandais à ses trousses : Bottas sur la Williams.
Les Lotus complètent la troisième ligne, Grosjean devant Maldonado, gageons qu'elles soient aussi rapides à vide qu'en conditions de course, mais le tracé Gilles Villeneuve exige une vitesse de pointe, de la motricité et une fiabilité sans faille, tellement le Grand Prix est éprouvant. Ont-ils les ressources nécessaires pour additionner toutes ces compétences ?
La météo semble d'un naturel canadien…grisailles au menu de ce dimanche de course. L'air ambiant est à 20°C, la piste affiche 39°C.
Malgré les différentes pénalités et autres organes remplacés sur les monoplaces, elles vont pourtant toutes s'élancer depuis la grille de départ.
Peu de fantaisies dans les stratégies, Massa sur la Williams mal qualifiée décide de s'élancer avec les pneus les plus "durs", les Soft à bande jaune, les deux Manor en font tout autant, ainsi que Button et Verstappen.
A l'extinction des feux rouges, nos protagonistes quittent leurs emplacements pour se mouvoir vers le premier virage, que l'ensemble du peloton passe sans encombre, bien ordonné. Maldonado est enfermé derrière Grosjean à l'entame de l'enchaînement des virages 3 et 4, et c'est Hülkenberg qui en profite pour s'immiscer entre les Lotus.
A l'abord du second tour, le classement n'a guère évolué : Hamilton, Rosberg, Räikkönen, Bottas, Grosjean, Hülkenberg, Maldonado, Kvyat, Ricciardo et Pérez pour le Top 10.
Peu ou prou d'actions engageantes dans ces dix premiers tours. La Ferrari de Vettel n'a d'autre choix que remonter le classement pour amoindrir sa fiabilité récalcitrante du samedi après-midi ! Fort heureusement pour lui, la Rossa dompte parfaitement ce tracé dont les caractéristiques d'accélération et de freinage répétés, conviennent parfaitement au châssis de Maranello, ainsi qu'à son système de redistribution de l'énergie récupérée brillamment exploitée par l'unité de puissance.
Le pilote allemand, sera ainsi le premier à stopper à la fin du septième tour pour son premier arrêt aux stands. Un autre pilote sera lui aussi contraint de refaire son retard, c'est Massa à bord de la Williams, qui retrouve une meilleure vélocité comparée aux rues de Monaco.
Les écarts au quinzième tour sont de trois secondes entre les pilotes Mercedes, Bottas en quatrième position est à dix secondes, déjà, quant à Grosjean sur Lotus, il pointe à presque vingt unités de retard. Autant dire que rêver du pilote français sur le podium, relève du doux fantasme !
Les forces en présence étant définies, les Mercedes ont compris déjà qu'elles verrouilleront les premières places du podium, Hamilton devant lever les soupçons qui pèsent sur sa dernière fébrilité, notamment ses "choix" de stratégies en Principauté.
Voilà que le premier relais de course en termine avec les gommes du départ, Räikkönen sera le premier homme de tête. Ressorti avec les gommes Soft, plus dures, le Finlandais va nous gratifier de sa spéciale à l'épingle du Casino, un 360° rondement mené dans un panache de fumée.
C'est l'excédant de couple produit par le MGU-K qui est à l'origine de cette perte de contrôle à la remise en vitesse en sortie de virage. Mauvaise passe pour Räikkönen qui a besoin de rassurer ses pairs sur son engagement et motivation à long terme….En revanche, c'est tout bénéfique pour l'autre Finlandais, Bottas, qui à la régulière ne pouvait prétendre au podium.
Le classement au tour 32 : Hamilton, Rosberg, Bottas, Räikkönen, Massa, Grosjean, Vettel, Maldonado, Hülkenberg et Verstappen.
L'audacieuse ronde lancinante de cette course, nous offre la présence inopinée d'une marmotte en piste. Et ce n'est pas la première fois qu'elle fait son apparition au Canada, certainement qu'elle distrait un peu le réalisateur TV, détournant le téléspectateur de la non-attaque de Rosberg sur son leader d'écurie.
Et comme ce sujet sur la faune envahissante du tracé Gilles Villeneuve nous intéresse au plus haut point, toujours plus que le marasme des stratégies déployées, nous avons décidé de la baptiser. Elle se prénommera Miak. Avouons-le, cet acronyme nous est inspiré par le sobriquet d'un de nos collaborateur, mais il pourrait prendre la définition de : Marmotte Inconsciente Arrogante et Kamikaze.
Cet intermède justifié par l'absence d'intérêt notable sur ce désormais tourniquet bordé de rails, vérifions si Massa et Vettel poursuivent leur ascension dans le classement. A la fin du tour 37, le Brésilien effectue son seul arrêt pour troquer les pneus Soft pour les SuperSoft, Vettel se débat avec une Force India miraculeusement encore aux avant-postes, mais la Ferrari ira tasser Hülkenberg à la chicane, qui partira en tête-à-queue sans heurter le Mur du Québec, alias le "Mur des Champions".
Nous oublions presque les McLaren, l'erreur sera réparée lorsque les stands rappellent Alonso au garage pour abandonner, une énième fois cette saison. Button en fera tout autant quelques boucles plus tard, ce championnat pour eux n'est plus une séance d'essais, mais un véritable étalage d'excuses et de pirouettes communicantes comme Boullier en a le secret.
Et concernant la communication déprimante et malveillante, le Maître Boullier est dépassé par son élève, Grosjean. Le pilote Lotus n'ayant pas retenu les leçons de ses bévues passées, soyons tempérés pour une fois, mais il a un mal chronique d'abstraction de ses rétroviseurs, combiné à un problème de spatialisation.
Au tour 50, le pilote français, qui avait jusqu'ici conservé son rang de départ, une prouesse à saluer (à mi-course), le voilà qu'il s'apprête à dépasser une Manor-Marussia dans la longue ligne droite sous DRS ramenant vers la chicane. Mais Grosjean se rabat sur la moustache avant droite du pilote Stevens, ce qui contraint les deux pilotes à ne pas emprunter la chicane, mais la voie des stands.
Comment se couvrir de ridicule à son 71ème départ en Grand Prix ? Démonstration en seule réplique lorsque celui-ci vocifère dans sa radio que c'est le pilote retardataire qui l'a heurté… Rions…
Rien ne bouge en tête de la course, les Mercedes vont compléter un nouveau meeting sans heurt, ni inquiétudes de la part de leurs rivaux. La Williams de Bottas retrouve un podium inespéré, les Ferrari terminent en embuscade, Räikkönen devant Vettel. L'entreprise de Massa le récompensera d'un sixième place finale. Maldonado inscrit ses premiers points et se satisfait de sa prestation modeste mais régulière, Hülkenberg positionne sa Force India au huitième rang devant Kyvat et Grosjean.
Le classement de la course :
- Hamilton (Mercedes) Vainqueur des 70 tours en 1h31'53"145 (moyenne : 199,34 km/h)
- Rosberg (Mercedes) 2"2285
- Bottas (Williams-Mercedes) +40"666
- Räikkönen (Ferrari) +45"625
- Vettel (Ferrari) +49"903
- Massa (Williams-Mercedes) +56"381
- Maldonado (Lotus-Mercedes) +66"664
- Hülkenberg (Force India-Mercedes) +1 tour
- Kvyat (Red Bull-Renault) +1 tour
- Grosjean (Lotus-Mercedes) +1 tour
- Pérez (Force India-Mercedes) +1 tour
- Sainz (Toro Rosso-Renault) +1 tour
- Ricciardo (Red Bull-Renault) +1 tour
- Ericsson (Sauber-Ferrari) +1 tour
- Verstappen (Toro Rosso-Renault) +1 tour
- Nasr (Sauber-Ferrari) +2 tours
- Stevens (Manor-Ferrari) +4 tours
- Mehri (Manor-Ferrari) abandon
- Button (McLaren-Honda) abandon
- Alonso (McLaren-Honda) abandon