C’est la neuvième édition du Grand Prix de Singapour, un tracé atypique puisqu’il fut le premier à s’y courir intégralement de nuit (depuis rejoint par le tracé de Bahreïn) et imité par l’arrivée sous crépuscule / nuit de la finale à Abou Dabi. L'an passé la course fut remportée par Sebastian Vettel à bord de la Ferrari pour la 3ème et dernière victoire de la saison 2015, il s'agit également de la dernière victoire Ferrari à ce jour.

Ce tracé est non permanent et arpente les rues sinueuses de la ville-état de Singapour, il est donc bosselé et très technique, bordé de rails de sécurité comme à Monaco. Les zones de dégagements sont donc quasi inexistantes, ce qui favorise l’intervention d’une voiture de sécurité en cas d’incident. Par son challenge technique et physique de presque deux heures de course, s’y imposer ici requiert des capacités mentales, de concentration et de stratégies de course sans faille. Depuis son introduction en 2008, seuls des Champions du Monde s'y sont illustrés !

Singapour, et la nuit vînt

La séance de qualifications du samedi a éliminé le précédant lauréat de la course de Singapour, Sebastian Vettel, victime d'une casse mécanique qui n'a pu défendre ses chances. Le pilote allemand est éliminé dès la session Q3, il s'élancera depuis le fond de la grille. Ferrari en a profité pour changer son bloc moteur ainsi que la boite de vitesses. Les Williams ne sont pas à la fête non plus, elles luttent au championnat avec les Force India qui sont mieux qualifiées dans le top 10. Dans la soirée du samedi, nous apprenons que Sergio Pérez a écopé d'une pénalité de 8 places, le reléguant en fond de grille.
Les Red Bull ont frappé un grand coup dans la seconde session Q2, puisqu'ils ont osé les SuperSoft contre les plus tendres UltraSoft pour tous leurs concurrents. De ce fait, les Red Bull vont s'élancer demain avec des gommes plus dures, plus endurantes que leurs adversaires, ils s'arrêteront donc plus tard dans la course. Reste qu'à Singapour, rien n'est décidé à l'avance, toute la stratégie peut vaciller par l'intervention d'une voiture de sécurité.
La Mercedes de Rosberg décroche la pole position, devant la Red Bull de Daniel Ricciardo, la seconde Mercedes de Lewis Hamilton est troisième, devant l'autre Red Bull de Max Verstappen. Le départ s'annonce plus qu'épique, chacun espère échapper au chaos possible du premier virage, un véritable entonnoir !

© FIA.com - grille départ Singapour

© FIA.com - grille départ Singapour

La course

A l'extinction des feux rouges, c'est un bon envol pour le poleman Rosberg, Ricciardo et Hamilton. Verstappen qui a raté son départ, se fait doubler rapidement par Carlos Sainz sur la Toro Rosso, ce dernier l'évite mais, il est harponné par Nico Hülkenberg sur la Force India qui le frappe sur le côté droit. Ce dernier partira en tête en queue dans le muret des stands. La voiture de sécurité fait déjà son entrée en course, dès le premier tour.

Le classement tour 2 : Rosberg, Ricciardo, Hamilton, Räikkönen, Alonso, Kvyat, Sainz, Verstappen, Massa et Magnussen pour le top 10.

La voiture de sécurité s'est effacée à la fin du tour 2, les pilotes ont repris le déroulement de la course sans encombre, Hamilton a tenté d'être menaçant sur Ricciardo mais sans succès. Il faut rappeler que les Red Bull sont équipées de pneus SuperSoft, à bande rouge, plus durs et plus endurants, contre les pneus les plus tendres, les UltraSoft pour les Mercedes.
Alors que Ricciardo et Hamilton s'échangent les meilleurs tours en course lors des six premières boucles, la direction a avertit Carlos Sainz d'un drapeau noir et orange pour un élément endommagé sur sa monoplace (la dérive latérale) qui menace de se détacher. Il devra passer par la voie des stands.

A la fin du tour 6, Sainz est rentré à son stand pour arracher la pièce latérale, ils ont opté pour des gommes SuperSoft. Cet arrêt ne lui aura presque pas coûté de temps, hormis un décalage dans leur stratégie initiale !
Une alerte à la surchauffe des freins est envoyée aux deux pilotes Mercedes, c'est déjà tôt dans la course, mais l'annonce est sérieuse. C'est une des contrainte de Singapour, les freins sont sollicités en permanence, sans qu'ils n'aient le temps de refroidir, c'est de la gestion de course.

L'endurance de Singapour

L'heure des arrêts aux stands est arrivée, c'est Verstappen le premier à la fin du tour 13 qui rentre pour troquer ses SuperSoft contre la même monte de pneus. Fernando Alonso en fait tout autant le tour suivant pour protéger sa position face au Néerlandais. Ricciardo et Hamilton stoppent ensemble au tour 15, le pilote Mercedes ressort en pneus Soft (jaune) tandis que le pilote Red Bull conserve son choix des SuperSoft (rouge).

Le classement au tour 15 : Rosberg, Ricciardo, Hamilton, Räikkönen, Kvyat, Massa, Magnussen, Gutiérrez, Pérez et Vettel pour le top 10.

Rosberg effectue son arrêt au tour 16, et opte la même stratégie des pneus Soft, laissant les commandes de la course à Räikkönen en tête de la course. Ce dernier effectuera son arrêt dans le tour 17, et chaussera les SuperSoft pour reprendre la course à la quatrième place.
Après cette valse de changements de gommes, les écarts sont dans un statut-quo. Au tour 24, Vettel stoppe enfin à son stand pour quitter les Soft (jaune) et opter pour les UltraSoft (pourpre). Dans la lutte du podium, c'est Räikkönen équipé de SuperSoft qui harcèle Hamilton chaussé lui en Soft. Les deux pilotes sont séparés de moins d'une seconde, la Ferrari peut activer son DRS.

Mi-course, pleine nuit

Max Verstappen a stoppé au tour 27 pour une nouvelle fois choisir les SuperSoft, le pilote néerlandais a du mal dans la gestion de ses gommes ! Celui qui a la réputation de les conserver, c'est Sergio Pérez avec les Soft (les plus durs) et présent dans le top 10 actuellement.
Au tour 32, Ricciardo stoppe et ressort en quatrième position en Soft. Hamilton en difficulté avec ses freins, a raté un virage et s'est fait débordé par Räikkönen qui rentre aux stands à la fin du tour, Rosberg en avait fait autant devant lui !
La Mercedes du leader de la course ressort en Soft, comme la Ferrari du Finlandais. Hamilton est en tête de la course pour une boucle seulement, il imitera ses adversaires à la fin du tour 34. Il reprendra la piste en quatrième place derrière la Ferrari de Räikkönen.

Le classement au tour 36 : Rosberg, Ricciardo, Räikkönen, Hamilton, Vettel, Kvyat, Magnussen, Verstappen, Alonso et Pérez poru le top 10.

C'est l'abandon pour Bottas à bord de la Williams, le premier de la saison. A la radio Mercedes, on annonce à Hamilton le "plan B" demandé, ils ne perdent pas espoir pour le podium et limiter la casse au championnat face à Rosberg.

Sebastian Vettel s'est arrêté au tour 42, pour chausser à nouveau les UltraSoft, il devra rallier l'arrivée avec ces gommes. Il est en sixième position à peine 3 secondes derrière Verstappen qui devra stopper encore une fois. En revanche le fossé s'est creusé avec les quatre premiers de la course, avec une avance de 40 secondes !

Le Rush final

C'est au tour 45 que Hamilton rentre à nouveau aux stands pour la troisième fois et chausser les SuperSoft, Ferrari alors sur le podium rappelle Räikkönen un tour plus tard pour couvrir la stratégie. Mais c'est trop tard, à la sortie des stands la Ferrari ne peut regagner la piste qu'en quatrième position, le podium est perdu. Le Finlandais va tenter de lutter et revenir avec ses gommes plus tendres, les UltraSoft.

C'est l'alerte chez Red Bull également, qui veut protéger sa position, Ricciardo rentre au tour 47 et opte pour les SuperSoft. On s'attend à ce que Mercedes en fasse autant pour Rosberg, mais la décision tarde. Le pilote Red Bull gagne du terrain, il est déjà trop tard pour l'Allemand, il reste en piste.
Les tours s'égrainent, tout comme l'avance du leader de la course. A 5 tours du drapeau à damiers, le pilote australien compte 5 secondes de retard et un temps au tour chronométré qui se stabilise désormais avec la Mercedes. Cela va être compliqué pour la victoire Red Bull. En revanche, Räikkönen a bord de la Ferrari est proche de la Mercedes de Hamilton. Le pilote finlandais vise toujours le podium.

Le classement au tour 50 : Rosberg, Ricciardo, Hamilton, Räikkönen, Vettel, Alonso, Verstappen, Pérez, Kvyat et Magnussen.

Alors que Verstappen se débarrasse de Alonso pour le gain de la 6ème place, Pérez est huitième avec une stratégie audacieuse d'économie des gommes que seul lui maîtrise. Il aura parcouru près de 36 tours (les derniers) avec les gommes Soft. Ce faisant, il va rallier l'arrivée avec 4 points supplémentaires à son compteur, mais plus important encore, ces points permettent à Force India de repasser devant Williams. Quand on se souvient que Hülkenberg termine prématurément sa course après quelques mètres, et que les deux Williams s'élançaient devant la Force India de Pérez, alors pénalisé sur la grille, on s'interroge encore de la performances de Williams.

Résultat de la course

Rosberg s'impose pour la 22ème fois en carrière, et il en profite pour virer en tête du classement des pilotes pour 8 unités devant son coéquipier Hamilton. Il égale Damon Hill au nombre de victoires, à une unité de Jim Clark et à deux victoires d'être dans le top 10 des pilotes les plus victorieux.
Daniel Ricciardo a fait une remontée fantastique eu jeu des stratégies décalées, un cas d'école, tactique et pilotage sous pression. La victoire ne récompense pas les efforts, mais la valeur des hommes se mesurent aussi au courage et dans la finition d'un beau dernier relais comme l'Australien l'a parfaitement exécuté.
Lewis Hamilton a la tête des mauvais jours, son week-end ne l'a jamais mis en évidence, ni même dans les forces en présence pour la victoire finale. Il récupère un podium in-extremis après l'avoir perdu sur une faute de pilotage.
Kimi Räikkönen échoue au pied de ce podium, par la faute d'une écurie Ferrari qui a tardé à rappeler son pilote pour l'ultime arrêt aux stands. Sebastian Vettel a prouvé sa valeur et son talent en gommant l'affront de la fiabilité dont il a été victime la veille, il réalise une course parfaite, il a été désigné "pilote du jour". Max Verstappen est encore un peu trop vert pour ce challenge qu'offre ce circuit, même si les Red Bull étaient performantes, il n'a pas brillé, ni même eu l'occasion de créer des polémiques ! Fernando Alonso est encore présent dans les points, une bonne course de la part de McLaren qui se rassure, tant ce tracé offrait les caractéristiques idéales pour qu'ils excellent comme nulle part ailleurs. Sergio Pérez est l'assurance vie d'une écurie, il s'est élançait depuis la 17ème place de la grille il a brillé par une stratégie à 2 arrêts et a prouvé qu'une place dans un top team s'imposait au plus vite ! Daniil Kvyat insrit 2 points qui vont lui faire du bien au moral, tant ses jours semblent comptés dans le paddock, à moins qu'une course solide comme celle du jour éveille encore la curiosité d'une écurie (Renault par exemple). Kevin Magnussen inscrit le dernier point disponible sur un tracé ne privilégiant pas la puissance mais au contraire le châssis et le grip mécanique, quand on connait les carences de la monoplace jaune... c'est une performance de choix !

Classement de la course :

01. N. Rosberg (Mercedes) Vainqueur en 1h55"48'950 des 61 tours (308,828 Km) (moyenne : 159,99 km/h)
02. D. Ricciardo (Red Bull) +0"488
03. L. Hamilton (Mercedes) +8"038
04. K. Räikkönen (Ferrari) +10"219
05. S. Vettel (Ferrari) +27"694
06. M. Verstappen (Red Bull) +71"191
07. F. Alonso (McLaren) +89"198
08. S. Pérez (Force India) +111"062
09. D. Kvyat (Toro Rosso) +111"557
10. K. Magnussen (Renault) +119"952
11. E. Gutiérrez (Haas) + 1 tour
12. F. Massa (Williams) + 1 tour
13. F. Nasr (Sauber) + 1 tour
14. C. Sainz (Toro Rosso) + 1 tour
15. J. Palmer (Renault) + 1 tour
16. P. Wehrlein (Manor) + 1 tour
17. M. Ericsson (Sauber) + 1 tour
18. E. Ocon (Manor) + 2 tours
J. Button (McLaren) abandon
V. Bottas (Williams) Abandon
N. Hülkenberg (Force India) Abandon
R. Grosjean (Haas) Abandon

Meilleur tour : D. Ricciardo (Red Bull) : 1'47"187