Quand on parle de la Grèce de nos jours, on ne s'imagine plus les Dieux de l'Olympe, le Marathon d'Athènes ou encore "l'Odyssée" d'Homère. On pense plus à la crise qui touche le pays, à sa récession pluriannuelle, à sa situation politique particulière. Si le pays fait la Une des journaux, ce n'est pas pour leur intérêt pour la F1, la Grèce n'ayant jamais eu un pilote national dans le pinacle du sport automobile.
Pourtant, il fut un temps où le pays songeait à construire une piste, une idée qui reste encore d'actualité à l'heure actuelle.
L'histoire entre la Grèce et le sport automobile n'est pas née d'hier : "Je suis personnellement impliqué dans ce débat depuis 1968", déclarait Vassilis Despotopoulos, président de l'Automobile Club grec (ELPA) en 2007. Ce dernier expliquait même à l'époque que l'organisation d'un éventuel Grand Prix de Grèce nécessite deux ans de préparation et une base de 60-80 millions d'euros.
L'ELPA a longtemps travaillé sur un projet de construction d'un circuit près d'Orchomenos, une ville de 5000 habitants située à environ 120 kilomètres au nord-ouest d'Athènes, sur un terrain cédé par l'Etat en 1992, qui n'a jamais abouti.
En 2004, les Jeux Olympiques d'Athènes organisés ayant plombé les finances du pays (l'événement mondial aurait coûté 9 milliards d'euros soit 5% de la richesse produite annuellement par le pays pour à peine 1,5 milliards de recettes), mais souhaite surfer sur la vague sportive qui l'a animé pendant quelques semaines.
Dans un premier temps, l'idée est de transformer l'ancien aéroport d'Athènes en piste automobile. Outre ce lieu, on parle aussi d'un projet dans la région de Viota, située à cent kilomètres de la capitale grecque. Mais les deux projets sont oubliés. En 2007, Karlos Papoulias, président de la Grèce à ce moment-là, signe un décret spécifiant les exigences minimales pour construire un circuit. Selon le journal grec Eleftherotypia, la piste doit faire entre 3,5 et 8 kilomètres de long et être à moins de 80 kilomètres d'un complexe hôtelier contenant minimum 2000 lits. Aussi, ce décret permet aux investisseurs de prétendre à une aide financière de la part du ministère du développement.
Si à ce moment précis, la F1 n'est pas un projet en soi, une autre série s'est intéressé à la Terre des Dieux. Si la ville d'Athènes n'a pu signer un accord de trois ans pour accueillir le ChampCar sur son ancien aéroport, une autre ville a été dans la lumière : Thessalonique, seconde ville du pays. Le circuit de type urbain (empruntant le célèbre port de la ville), utilisé provisoirement avant la construction d'un circuit routier et d'un ovale, semble avoir les faveurs. Mais là, encore une fois, le projet n'aboutit pas, que ce soit la course de ChampCar dans les rues de Thessalonique ou encore le projet de circuit.
En 2011, les autorités veulent accueillir la F1 sur leurs terres. Cette idée est très mal vue par l'ensemble des politiques de la zone Euro. En effet, le pays est sur le point de recevoir un deuxième plan de soutien 109 milliards d'euros de la part du FMI, du fonds européen de stabilité financière et de différentes privatisations. Mais le dossier continue à se constituer et une ville est sélectionnée. Il s'agit de Keratsini-Drapetsona, ville située en Pirée et accueillant une partie du port le plus fréquenté en Europe. Le dossier est présenté à Bernie Ecclestone et à Jean Todt, qui offre son soutien à l'initiative du maire de la ville, Loukas Tzanis. Mais ce projet, estimé à presque 700 millions d'euros pour la construction d'un circuit et couvrir les frais d'hébergement sur une durée de dix ans, ne voit pas le jour et une autre ville va entrer dans la lumière.
La même année, Xalandritsa, située à 20 kilomètres de Patras, troisième ville du pays, est sélectionnée pour accueillir le futur circuit de F1. le coût du projet est estimé à 94,6 millions d'euros. Le pays, toujours en récession, n'hésite pas à débloquer en octobre 2012 une enveloppe de 28,9 millions d'euros pour construire ce qui doit accueillir prochainement le Grand Prix de Grèce ou de Méditerranée. Ce projet est supervisé par Racetrack Patras SA. Mais depuis bientôt trois ans, c'est le calme plat...
Récemment, Athanassios Papatheodorou, architecte et directeur général de Dielpis Formula 1, s'est confié à nos confrères de F1Web.it. Il explique dans son interview avoir rencontré pour la première fois Bernie Ecclestone à l'occasion du Grand Prix de Monaco 2012, qui déclarait soutenir le projet, ce qu'il fait encore. Mais l'instabilité politique a mis le projet en "stand-by". Aujourd'hui, Papatheodorou dit attendre les prochaines législatives (qui ont eu lieu le 20 septembre dernier). Si le parti d'Aléxis Tsípras reste en place, "les procédures législatives nécessaires pour un premier accord formel avec Bernie Ecclestone" seront activées en octobre.
Au sujet du projet et de la situation économique en Grèce, il se veut clair : l'investissement est viable selon la cabinet d'audit Deloitte et le capital peut être récupéré rapidement. Ce projet ne compte pas qu'un circuit mais aussi un hôtel, un casino, un port de plaisance, un musée et un centre commercial. Des fonds privés seront sollicités après la transition électorale.